Publié par Jean-Patrick Grumberg le 27 mars 2017

Les Juifs se sont déchirés autour de l’affaire des tombes dégradées au cimetière de Pantin. Un malaise profond est remonté à la surface.

Deux camps se sont opposés :
D’un côté, les institutions juives qui ont très vite parlé d’un accident de la circulation, abondant aux thèses des autorités avant les résultats de l’enquête de police, et ceux qui les soutiennent, souvent des personnes de sensibilité de gauche.
 
De l’autre, les sans-dents. Les simples juifs, dont une centaine s’est déplacée pour voir si on ne les baladait pas avec cette histoire.
 
Depuis l’autre bout du monde, j’ai observé ces affrontements verbaux sur Facebook, souvent violents, insultants, et je me suis demandé ce qui pouvait bien provoquer cette explosion de haine pour un drame qui sommes toutes trouverait bientôt son issue et ne méritait pas à mes yeux ces flots de paroles blessantes.
 
Et puis j’ai compris…
 
L’incident du cimetière a servi de déclencheur.
Il a servi d’exutoire à une communauté juive qui se sent de plus en plus éloignée, abandonnée, incomprise, méprisée même souvent par ses institutions dont certaines poussent l’insulte jusqu’à se prétendre représentatives.
 
Une communauté juive qui voit le fossé se creuser entre eux et ceux qu’ils perçoivent comme des juifs de cour qui font des courbettes au pouvoir pour rester dans ses petits papiers. Des juifs de cour qui ne montent jamais au créneau pour dénoncer l’antisionisme scandaleux du Service public, pour dénoncer l’abominable parti pris anti-israélien du Quai d’Orsay, et qui protestent du bout des lèvres lorsque la France vote à l’UNESCO que les juifs n’ont aucun lien avec Jérusalem, le Mont du temple, le Mur des Lamentations et les tombeaux des Patriarches.
 
Les juifs de tous les jours ne tolèrent plus ces dirigeants communautaires souvent de gauche aussi dont la doctrine consiste à ne pas laisser la vérité et les faits se mettre en travers de leur idéologie d’apaisement.
 
Et dans l’affaire des tombes dégradées au cimetière de Pantin, c’est ce doute, cette perte de confiance d’une partie de la communauté juive dans les dirigeants communautaires, ce soupçon qu’ils ont une fois de plus courbé la tête devant les demandes d’apaisement des autorités pour conserver le bénéfice de leurs dîners en ville avec les politiques influents, qui a provoqué cette levée de boucliers et ces protestations. 

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  • Je ne sais pas si un camion fou a fracassé les tombes car je ne suis pas sur place.
  • J’ai vu des vidéos, elles ne plaident pas en faveur d’un accident.
  • Je ne crois même pas qu’il s’agisse d’un camion.
  • Pourtant j’ai vu la photo et le nom d’une femme dont la voiture a été accidentée par ce camion.
  • Pour moi, de loin, du bout du monde, seul un engin de travaux publics est capable de faire ces dégâts sur des pierres tombales en marbre qui pèsent sans doute des tonnes.
  • Et donc il s’agit d’un acte antisémite.

Mais je n’en suis pas certain, je ne tire aucune conclusion, j’émets une hypothèse, provisoire, et cela ne me posera aucun problème de revenir dessus si c’est un accident.

 
Attendre l’issue de l’enquête sans faire l’enquête moi-même me semble la voix de la sagesse.
En tous cas, je ne trouve pas matière à me friser le chignon avec d’autres qui ne pensent pas comme moi. Oh la la non !
 
Mais comme je la comprends, cette montée d’adrénaline, cette rancœur gardée, ce ressentiment des juifs français qui constatent que ceux qui les représentent ou prétendent le faire, ne représentent qu’eux-mêmes, qu’ils sont totalement déconnectés de la vie réelle, quotidienne, et des difficultés que eux, juifs de tous les jours, rencontrent sans vraiment trouver auprès des institutions juives le soutien, et en tous cas l’écoute qu’ils pensent devoir recevoir.
 
Vous avez l’impression d’observer en écho la même situation que les Français juifs ?
Vous ressentez la même rancœur, le même ressentiment envers les élites qui vous méprisent et font les paons sur les plateaux de télévision pour expliquer que ce que vous voyez n’existe pas, pour vous moquer de vous, et vous dire que vous feriez bien de changer d’attitude et de voir ce qu’on vous dit de voir ?
 
Vous avez parfaitement raison.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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