Publié par Ftouh Souhail le 23 avril 2017

Un mouvement d’opposition local se dénommant «Mouvement du 21 avril» a appelé cette semaine les Saoudiens à sortir dans les rues dénoncer la manière dont sont actuellement gérées les ressources de l’Arabie Saoudite.

Même si la mobilisation n’a pas vraiment été au rendez-vous en raison de la chape de plomb qui s’abat sur les militants saoudiens des droits de l’homme, cet appel, qui constitue une première, montre que le royaume wahhabite est assis sur une bombe sociale prête à exploser à n’importe quel moment.

Les opposants saoudiens qui accusent la monarchie de dilapider les richesses du pays ont invité la population à «rejeter les restrictions économiques» décidées récemment par le gouvernement et à «dénoncer énergiquement l’absence de libertés» dans le royaume, l’emprisonnement d’activistes pro-démocratie et les violations massives des droits de l’homme.

A l’occasion, les leaders du mouvement ont exprimé leur opposition la plus ferme à la vente d’une part des actions de la compagnie nationale pétrolière Saudi Arabian Oil Company qui, disent-ils, est le bien de tous les Saoudiens.

Cette compagnie nationale saoudienne possède la quasi-intégralité des ressources en hydrocarbures du royaume et, du point de vue de ses réserves comme de celui de sa production, est de loin la première compagnie pétrolière mondiale. La valorisation du capital de Saudi Aramco pourrait atteindre 3 400 milliards de dollars.

Le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane, fils du roi et homme fort du régime (ayant à peine 30 ans), a confirmé sa décision de céder 49 % du capital du groupe pétrolier, en dix ans, dans le cadre d’un appel public à l’épargne. La vente de ces actifs permettra d’alimenter le fonds souverain à hauteur de 2000 milliards de dollars, ce qui en ferait le plus important du monde.

Se disant convaincus que le pouvoir actuel ne peut s’amender et n’a pas les capacités de répondre aux attentes de la population, les leaders du Mouvement du 21 avril 2017 ont, par ailleurs, exigé l’instauration d’une monarchie constitutionnelle dans laquelle le pouvoir de décision reviendrait à un parlement démocratiquement élu. Lancé par des centaines de blogueurs, le Mouvement du 21 avril, qui rappelle que son action est pacifique, promet en outre de forcer le prince Mohammed Ben Salmane à rembourser l’argent qu’il a puisé dans les caisses de l’Etat pour acquérir, l’an dernier, un yacht de luxe.

Ainsi qu’il fallait s’y attendre, les autorités saoudiennes ont lancé une vaste enquête policière pour arrêter les animateurs de ce Mouvement qui commence à faire trembler le royaume. Comme d’habitude, Riyad accuse au premier chef l’Iran d’être derrière ce Mouvement et a menacé de jeter en prison tous ceux qui suivront ses appels.

Si le Mouvement du 21 avril n’a pas beaucoup mobilisé, c’est parce que la population saoudienne n’a pas l’habitude des luttes politiques et que le pouvoir saoudien s’est juré de réprimer dans le sang toute velléité de contestation.

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Elle se montre cependant persuadée que la contestation qui couve en Arabie Saoudite finira par s’exprimer au grand jour, et obliger la monarchie à lâcher du lest. Dans le cas contraire, soutiennent-ils, le roi Ben Abdel Aziz ben Salmane et sa cour risqueraient de se voir emportés par la colère de la rue comme ce fut le cas d’Hosni Moubarak en Egypte en 2011.

Rappelons ici que le grand mufti d’Arabie Saoudite, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, avait condamné le 5 février 2011 les soulèvements dans les pays arabes, les qualifiant “d’actes chaotiques” menés par des “ennemis de l’islam”, visant à “diviser” le monde musulman.

L’Arabie Saoudite avait connue sa première “journée de la colère”, le 11 mars 2011, à l’image de la révolution des les autres pays.

Le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, avait appelé en mai 2012 la population saoudienne à suivre les exemples des printemps arabes en Égypte ou en Libye et à se soulever contre le régime saoudien.

Le roi Salmane a pris les rênes de l’Arabie Saoudite après la mort de son demi-frère, le roi Abdallah d’Arabie saoudite, mort en janvier 2015.

 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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