Publié par Guy Millière le 14 mai 2017

J’ai perdu des amis pendant la campagne présidentielle française qui vient de s’achever.

Je ne veux pas m’en attrister. J’entends néanmoins m’en inquiéter : non pas pour moi, mais pour ce que devient la France.

Nombre de ces amis sont juifs et cela me consterne particulièrement. J’ai plusieurs fois risqué ma vie pour défendre des Juifs persécutés. J’ai été exclu d’émissions de radio et de télévision auxquelles je contribuais parce que je refusais tout compromis avec des “antisionistes” qui me semblaient bien plus qu’”antisionistes”. J’ai été menacé de mot, agressé dans la rue en raison de mes positions et de mes propos contre divers antisémites et divers ennemis d’Israël. Je pensais n’avoir plus rien à prouver en la matière. Je pensais avoir payé assez cher pour pouvoir penser cela. J’ai dû m’apercevoir que pour certaines personnes ce que j’avais fait, ce que j’avais vécu, ce que j’avais écrit ne signifiait rien.

J’ai dû voir qu’avoir rédigé et publié des livres tels que Hudna, Survivre à Auschwitz, Comment le peuple Palestinien fût inventé, Face à l’islam radical, L’état à l’étoile jaune, Israël raconté à ma fille, Comme si se préparait une seconde Shoah, pour ces personnes, était même suspect. Il m’a été dit que j’étais trop hostile à l’antisémitisme pour être honnête et que ma défense d’Israël était étrangement “excessive”.

L’un de mes éditeurs, qui a renoncé à publier mes livres pour cette raison et quelques autres du même acabit, m’a dit que dans toutes les salles de rédaction de Paris, j’étais le “diable”. Je ne disais pas, non, que le “peuple palestinien” souffrait à cause d’Israël et devait avoir un Etat à côté de l’Etat d’Israël. Je disais sans détour que Mahmoud Abbas était un vil criminel.

La diabolisation dont j’étais l’objet à l’époque, j’entends être équitable, concernait tout particulièrement mes positions face à l’antisémitisme et concernant Israël, mais elle concernait aussi mes positions sur d’autres sujets, les États-Unis entre autres : George Walker Bush était encore Président, et j’avais l’impudence de le défendre face à ceux qui le traitaient de nazi en trépignant dans les rues contre “l’impérialisme américain”. J’avais traduit, annoté et publie les Ecrits personnels de Ronald Reagan un peu plus tôt, ce qui n’arrangeait rien.

Quand Barack Obama a été élu et est devenu Président, j’ai aggravé mon cas, en disant, dès novembre 2008, que c’était un islamo-gauchiste, en ne participant pas à l’idolâtrie ambiante, et en publiant trois livres sur le personnage et en y décrivant exactement ce qu’il allait faire, et qu’il a, hélas, fait : Résistible ascension de Barack Obama, Le désastre Obama, et Après Obama, Trump ?. (J’aggrave encore mon cas vraisemblablement avec le livre que j’ai consacré à Donald Trump, en cours d’impression, et qui va être envoyé sous peu à ceux qui lui ont permis d’exister, La révolution Trump ne fait que commencer).

Ces derniers temps, j’ai, c’est un fait, énoncé des réserves sur François Fillon, et j’ai fini par dire que parmi les candidats en lice, il était non pas le meilleur, mais le moins pire. J’ai dit que le programme économique de Marine Le Pen était inepte et gauchiste, que je ne voterais jamais pour elle, mais j’ai ajouté qu’elle avait dénoncé l’antisémitisme musulman et dit des choses pertinentes sur l’islam radical. J’ai dit aussi qu’Emmanuel Macron était à mes yeux le fils spirituel de François Hollande, allait devenir Président au terme d’une élection aux allures d’imposture, et avait dans son entourage trop de gens anti-israéliens et aveugles face au danger islamiste pour que je puisse voter pour lui. C’est ce qui m’a valu attaques et insultes.

Je tiens à le souligner : je devrais redire aujourd’hui ce que j’ai dit sur ces divers sujets, je le redirais, et je le redirais de la même façon. C’est à mes yeux en cohérence avec ce que j’écris depuis des décennies, et en pleine cohérence avec mes positions sur l’antisémitisme, Israël ou les Etats-Unis, ainsi que sur une multitude d’autres sujets.

J’ai décidé d’exercer ce que l’un de ceux qui m’ont beaucoup appris appelait le métier de penseur il y a plus de quatre décennies.

Je l’ai fait dans le respect de la connaissance, en toute indépendance d’esprit, guidé par ce que j’appelle l’éthique intellectuelle.

Je ne transige pas avec ce qui me paraît être la vérité. Je respecte trop ce qui me paraît être la vérité pour mentir ou édulcorer. Je respecte aussi ce faisant ceux qui me lisent.

J’ai été porteur du même respect partout dans le monde où j’ai donné des conférences, dans les universités où j’ai enseigné, là où des micros m’ont été ouverts, dans les quarante livres et les milliers d’articles que j’ai publiés.

J’ai été confronté aux pressions totalitaires il y a longtemps.

Nul n’a pu me faire dire depuis que la “cause palestinienne” n’est pas une abjection

J’ai découvert l’horreur qu’est l’OLP dans la banlieue de Beyrouth il y a quarante-six ans, et j’ai dès cette époque beaucoup perdu en disant qui étaient les terroristes antisémites et qu’ils étaient dans un camp appelé Borj El Barajné. Nul n’a pu me faire dire depuis que la “cause palestinienne” n’est pas une abjection.

J’ai vu le communisme en face au moment de la tragédie des boat people, que j’ai vécu de très près.

J’ai fréquenté d’assez près les milieux politiques pour savoir ce qui se passe et se trame dans les cuisines.

Ne me guident que le respect des êtres humains, de la liberté de parler, de penser, de choisir, d’entreprendre, d’être souverain sur sa propre vie.

Il fut un temps où la France était un pays au sein duquel, comme l’écrivait Jean François Revel qui fut mon ami, la connaissance n’était pas inutile. Ce temps n’est plus, et je le constate avec consternation.

Il fut un temps où les idées libérales que défendent avec talent nombre de mes amis, Jacques Garello, Pascal Salin, Henri Lepage, Florin Aftalion, nombre d’autres, n’étaient pas poussées vers les marges par de piètres pitres. Ce temps n’est plus, lui non plus. S’il ne restait ce qu’écrivent Gilles-William Goldnadel et Ivan Rioufol, Le Figaro ne vaudrait guère mieux que Libération.

Une pensée unique monolithique mais pourvue de multiples facettes pour que les gogos imaginent qu’il reste du pluralisme règne, hégémonique (j’ai traité de cela dans Voici revenu le temps des imposteurs).

Le Général de Gaulle, que j’apprécie très peu en raison de la façon dont il a fait oublier le pétainisme et la collaboration à tant de Français, en raison de son comportement vis-à-vis des Français d’Algérie et des harkis, et en raison de la “politique arabe” qui lui a fait parler d’un “peuple dominateur” ( je pourrais évoquer aussi son antiaméricanisme), a dit autrefois que les Français étaient des veaux. J’ai trouvé cette formule excessive. Je l’ai néanmoins reprise à mon compte récemment.

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Je dirai aujourd’hui que ceux qui en étalant leur ignorance, en se laissant abrutir par des médias aux ordres et par une campagne infâme qui a conduit à l’installation de l’Élu d’avance à l’Élysée, nombre de Français se sont conduits comme des veaux dociles qu’on conduit vers l’abattoir.

J’ai perdu des amis pendant la campagne présidentielle française qui vient de s’achever. Je ne veux pas m’en attrister, non. C’est pour la France que je m’inquiète.

“je suis antisémite, tendance Netanyahu”

Je suis parti à dix mille kilomètres, dans l’Ouest américain. La gauche qui est en train de tout détruire en France ravage aussi les États-Unis, mais il y reste, en dépit du prurit gauchiste qui s’est emparé des démocrates, des fragments d’espoir qui me laissent penser que tout n’est pas perdu.

Les Français auront Macron. Les Israéliens, peuple que j’aime profondément, ont Binyamin Netanyahu, et on m’excusera de dire que je préfère Binyamin Netanyahu à Emmanuel Macron.

C’est ce que je réponds en général à ceux qui m’accusent d’être un antisémite caché : “je suis antisémite, tendance Netanyahu”. C’est aussi ce que je réponds à ceux qui m’accusent d’être d’extrême droite: “ je suis d’extrême droite, tendance Netanyahu”. Cela confirme l’opinion des abrutis qui pensent que Binyamin Netanyahu est d’extrême droite, je sais, et nombre de veaux français sont aussi des abrutis.

J’ai cessé de répondre à ceux qui me disent que critiquer Macron est “faire le jeu de Marine Le Pen”.

On leur dirait de crier “meuh” sans quoi Hitler serait ressuscité, ils crieraient “meuh” à en perdre haleine.

Un livre de psychologie que j’ai lu à l’université quand j’étais étudiant conseillait de ne jamais tenter d’avoir une conversation rationnelle avec des gens qui ont perdu la raison. Le conseil vaut aussi pour ceux qui, à force de prendre leurs informations en France souffrent de dysfonctionnement cérébral.

  • Je suis libéral, conservateur au sens américain du terme.
  • Je suis agnostique, ce qui veut dire que je sais que je ne sais pas : mais je sais néanmoins que toutes mes valeurs éthiques viennent du judaïsme, envers lequel j’ai une gratitude absolue.
  • Je suis résolument du côté d’Israël, parce que c’est le pays du peuple juif, parce que je sais aussi ce que l’humanité entière doit aux Juifs, parce que c’est une démocratie confrontée à la barbarie totalitaire.
  • Je suis du côté de l’Amérique des Pères fondateurs, d’Abraham Lincoln, de Ronald Reagan, et, aujourd’hui de Donald Trump.

J’ai été le premier à traduire en France les écrits de Nathan Sharansky a l’époque ou il était prisonnier en Union Soviétique, et j’ai appris de lui et de Vladimir Boukovski ce que c’est qu’être dissident.

Face à la France d’aujourd’hui, je suis dissident, et je l’assume. Je refuse la pensée monolithique.

Je resterai un dissident. Ceux à qui cela déplaît peuvent passer leur chemin, et je prendrai leurs invectives pour des signes me montrant que je ne dois pas fléchir.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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