Publié par Jean-Patrick Grumberg le 20 mai 2017

Des drapeaux américains dans les rues de Riyad, le portrait du président avec celui du roi Salman, l’hymne américain– fait rare– joué dans une théâtralité réglée pour les caméras du monde entier : un contraste saisissant marque l’exceptionnelle cérémonie avec tapis rouge déployé en grande pompe pour le Président Trump et le froid accueil de Barack Obama.

Le président américain est arrivé ce matin en Arabie saoudite pour une tournée de 9 jours qui va l’emmener en Israël– premier vol direct de Riyad à Tel Aviv, première fois qu’un président américain choisit l’Arabie saoudite pour sa première visite officielle à l’étranger– puis au Vatican, puis à une réunion de l’OTAN à Bruxelles, où il va de nouveau rappeler aux Etats membres que ce n’est pas à l’Amérique de payer, si eux ne sont pas capables de respecter leurs engagements pour assurer la sécurité de leurs propres populations, et enfin une réunion du G7 en Sicile.

 

Le roi saoudien Salman bin Abdulaziz a déroulé le tapis rouge devant Air Force One, et il est allé au-devant du président Trump et de sa femme Melania qui n’avait pas la tête couverte– et à qui il a, c’est important de le signaler en ce contexte, serré la main– et chaque détail protocolaire, dans cet Etat qui vit selon des rites tribaux figés dans le temps, a la plus haute importance non pas tellement pour les Occidentaux– ça leur passe largement au-dessus de la tête– mais pour l’ensemble du monde musulman. Puis, autre détail protocolaire important, il est monté avec les époux Trump à bord de la limousine du Président américain.

Notons encore que durant cette visite où il ne présentera pas ses excuses au monde pour ce que sont les Etats-Unis, le président Trump n’a pas fait de courbette au roi saoudien comme avant lui le docile Obama.

Les raisons de la chaleur de l’accueil contrastent avec celui réservé à son prédécesseur Barack Obama, qui était considéré dans le royaume arabe comme un homme faible vis-à-vis de l’Iran et hésitant avec la Syrie.

Demain, Trump rencontrera 50 dirigeants musulmans, venus des quatre coins du monde pour sceller une union contre le terrorisme et l’Iran nucléaire.

Trump et le roi Salman ont semblés très à l’aise ensemble, plaisantant et discutant par l’intermédiaire d’un interprète. Au palace royal al-Yamama, le roi a remis à Trump la médaille du Roi Abdulaziz, la récompense civile la plus honorifique du pays, qui avait précédemment été remise au Président Vladimir Putin, à la Première ministre Theresa May et au prédécesseur de Trump, Barack Obama.

Des propos informels échangés et entendus par les personnes autour d’eux, on apprend que le roi s’est lamenté de la guerre en Syrie, et s’est félicité que Trump ait donné l’ordre des frappes aériennes contre la base aérienne syrienne en avril, en réponse à l’attaque chimique déclenchée par les forces d’Assad contre des civils.

«La Syrie aussi était un des pays les plus avancés, rapporte une source qui a entendu la conversation entre les deux hommes. Nous avions l’habitude que nos professeurs viennent de Syrie. Ils servaient notre royaume. Malheureusement, eux-aussi ont attiré la destruction sur leur propre pays. Vous pouvez détruire un pays en quelques secondes, mais le reconstruire, cela demande d’importants efforts,» a expliqué le roi.

Hélas, la réponse de Trump n’était pas audible.

Plus tard dans la journée, le roi saoudien a déclaré à Trump, concernant Israël : «je suis convaincu que vous pouvez obtenir des progrès par rapport aux accords de paix entre les Palestiniens et Israël».

Lors d’une conférence de presse commune entre le ministre des Affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir avec son homologue américain Rex Tillerson, Jubeir a déclaré être prêt à aider aux efforts de paix entre les deux parties, et a rappelé que ce fut l’un des sujets centraux qui ont été abordés lors de la réunion entre le roi Salman bin Abdulaziz al-Saud et Trump.

Le ton des propos lui aussi est très important. L’Arabie saoudite ayant donné l’impression d’accepter un rôle secondaire et de s’effacer derrière le président Trump sans faire pression sur lui ou les parties.

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Il est évidemment impossible de séparer l’accueil unique qui a été réservé au président Trump de ses critiques violentes contre les accords sur le nucléaire iranien, ressentis par les Etats sunnites du Golfe comme un danger existentiel.

Des contrats et des contrats et des contrats

Après un banquet royal, Trump et le roi ont eu une réunion privée, et ont signé des accords commerciaux, dont le contrat phénoménal de 110 milliards de dollars de fourniture d’armements, avec une option de 350 milliards sur 10 ans.

En prenant connaissance d’une partie des autres accords commerciaux qui ont été signés aujourd’hui samedi 20 mai, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux journalistes français qui affirment que Donald Trump est un imbécile et un sous-développé..

Alors que les très intelligents dirigeants français font des courbettes à l’islam wahhabite, leur offrent les bijoux de famille et les trésors de la France, et en échange vendent péniblement pour 3 milliards de dollars par an à l’Arabie saoudite, l’abruti Trump a obtenu pour l’Amérique, en plus du contrat de 110 milliards d’armements :

  • Un contrat de 15 milliards de dollars signé avec General Electric pour satisfaire le désir du royaume de diversifier son économie au-delà du pétrole.
  • Un accord d’assemblage de 150 hélicoptères Lockheed Martin Blackhawk en Arabie saoudite, pour un montant de 6 milliards de dollars, et la création de 450 emplois dans le royaume.
  • le géant pétrolier Aramco a signé un contrat de 50 milliards de dollars avec des sociétés américaines destiné à diversifier l’économie saoudienne au-delà de la production pétrolière.

Pas de doute, Trump est un Yankee attardé mental, et les journalistes français peuvent lui donner des leçons– j’ai honte pour eux !

Demain, Trump doit faire un discours important à Riyad afin de rallier le monde musulman pour lutter contre les terroristes islamiques. Il doit également participer au sommet réunissant les 6 membres du Conseil de la coopération du Golfe.

Pour terminer sur une note d’humour– qui n’est peut-être pas si humoristique– il se dit que le royaume saoudien a demandé à Hillary Clinton que la fondation Clinton rembourse ses généreuses donations.

«C’était une journée formidable. Fabuleux investissements aux Etats-Unis,» a déclaré Trump après sa réunion avec le prince saoudien, lors de sa seule déclaration à la presse de la journée. «Des centaines de milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis et des emplois, des emplois, des emplois».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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