Publié par Magali Marc le 26 mai 2017

Les leaders européens se protègent de la réalité.

J’ai traduit ce texte de Judith Bergman* paru le 23 mai sur le site du Gatestone Institute.2017.

Lorsque les chefs d’État du G7 arriveront à Taormina, en Sicile, pour la réunion du G7 du 26 mai, ils se retrouveront dans une version embellie, une carte postale de la réalité européenne. L’Italie, l’hôte de la réunion du G7, a annoncé qu’elle fermera tous les ports de l’île aux navires arrivant avec des migrants (principalement de Libye) pour la durée de la réunion de deux jours.

C’est afin de protéger la réunion du G7 contre d’éventuelles attaques terroristes que l’île italienne sera fermée aux migrants.

Selon des rapports italiens, «le ministère de la Sécurité publique croit que les bateaux avec des immigrants illégaux pourraient dissimuler une menace islamiste».

Les réunions du G7 font, bien sûr, toujours l’objet d’un grand nombre de mesures de sécurité de haut niveau. Cependant, les chefs d’État se protégeant des conséquences des politiques qu’ils ont eux-mêmes imposées à l’ensemble du continent européen constituent un niveau d’hypocrisie ahurissant.

Déformer la réalité afin de présenter une image d’Épinal ignorant l’afflux de migrants vers Europe, qui se produit en grande partie en Italie, est une mesure de type «Potemkine», quel que soit le risque d’une attaque terroriste. Les chefs d’États, comme la chancelière allemande Angela Merkel, que l’Italie cherche à protéger contre une éventuelle attaque terroriste, semblent ne pas particulièrement se soucier des risques encourus quotidiennement par les citoyens européens, gracieuseté des politiques d’immigration de ces mêmes chefs d’États.

En 2015, lorsqu’on lui a demandé comment l’Europe pouvait se protéger contre l’islamisation, Angela Merkel, qui ne fait jamais un pas sans son équipe personnelle de sécurité composée de 15 à 20 militaires, a négligemment déclaré: « La peur n’est pas bonne conseillère. Il vaut mieux que nous ayons le courage une fois de plus de remettre en question nos racines chrétiennes ».

En décembre 2016, elle a déclaré aux membres de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) qui demandent comment rassurer le public sur le problème de l’intégration des migrants: « Cela (l’immigration) pourrait contribuer à élargir vos horizons ».

Pourquoi les citoyens européens doivent-ils « élargir leurs horizons», alors que ceux qui sont au pouvoir, et qui les obligent à le faire, se protègent de la réalité qu’ils imposent à tous les autres? Cette attitude, loin d’être démocratique, rappelle l’atmosphère qui régnait en Europe à l’époque des monarchies absolues.

Être confrontés aux résultats de leurs politiques en voyant des migrants arriver en Sicile pourrait se révéler salutaire pour ces chefs d’États en les ramenant à la réalité européenne.

Selon le HCR (Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), 362 753 migrants méditerranéens sont arrivés en Europe en 2016 – contre plus d’un million de personnes pour l’année record 2015, lorsqu’Angela Merkel a invité les demandeurs d’asile à venir en Allemagne.

Parmi ces migrants, la majorité, 181 436, ont traversé la Méditerranée pour se rendre en Italie en 2016 et 173 500 autres se sont rendus en Grèce.

Toujours selon le HCR, 55 374 migrants sont déjà arrivés en Europe en passant par la Méditerranée, entre le 1er janvier 2017 et le 19 mai 2017. La majorité (près de 46 000) sont arrivés en Italie, mais certains sont également arrivés en Espagne (3 200) et en Grèce ( 6 100). Les pays d’origine les plus courants de ces migrants sont le Nigeria (17%), le Bangladesh (10,7%), la Guinée (9,7%), la Côte d’Ivoire (9,1%), la Gambie (6,6%), la Syrie (6,1%), le Sénégal (5,9 %), Le Maroc (5,6%) et un total de 10% des pays « non spécifiés ».

La plupart de ces arrivants, évidemment, ne sont pas des réfugiés, mais des migrants économiques.

Néanmoins, comme l’écrit Soeren Kern, l’Europe persiste dans la poursuite de ses politiques dysfonctionnelles. Le 2 mai 2017, Dimitris Avramopoulos, commissaire européen chargé des migrations, des affaires intérieures et de la citoyenneté, a exhorté l’UE:

« Prenons les dernières mesures concrètes pour un retour progressif, comme nous l’avons répété à maintes reprises, à un fonctionnement normal de l’espace Schengen. C’est notre objectif, et il reste inchangé. Un espace pleinement opérationnel, exempt de contrôles aux frontières internes ».

Ce qu’il semble dire en d’autres termes, c’est que l’UE voudrait voir un retour au chaos frontalier complet qui régnait en Europe en 2015, jusqu’à ce que plusieurs pays de l’UE aient recommencer à appliquer les contrôles frontaliers d’avant Schengen.

Avramopoulos a notamment recommandé « que l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark, la Suède et la Norvège éliminent les contrôles temporaires en place dans certaines de leurs frontières internes de Schengen dans les six mois ». Ce sont les pays qui ont connu le plus de chaos créés par l’arrivée de migrants désireux d’atteindre les frontières de ces pays riches, après qu’Angela Merkel ait invité les demandeurs d’asile.

Il semble inconcevable aux politiciens européens que la réponse à la grande vague de migrants qui cherchent un meilleur avenir économique sur le continent européen (huit à dix millions de migrants pourraient être en route), puisse être autre chose qu’une politique de bras grands ouverts et de poursuite des anciennes mesures de protection sociale.

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Bien qu’il soit vrai, comme l’a déclaré le ministre allemand du Développement, Gerd Müller, que «dans notre ère numérique avec Internet et les téléphones mobiles, tout le monde connaît notre prospérité et notre mode de vie», la réponse à ce problème n’est pas forcément de rester assis et d’attendre l’afflux des migrants.

La réponse devrait être, d’établir de nouvelles bases, de changer les politiques de protection sociale européennes dépassées et insoutenables qui originent d’une époque antérieure à la mondialisation et de cette façon, de s’efforcer de rendre moins attrayant le continent européen pour des millions de migrants.

En outre, les dirigeants européens semblent ne pas se préoccuper du fait que leurs politiques migratoires et leurs systèmes de protection sociale continuent de soutenir toute une industrie de trafiquants d’êtres humains, qui profitent de leur désir d’atteindre l’Europe.

Ces trafiquants font des milliards.

Selon le rapport [Europol], la contrebande de migrants en 2015 a fait gagner aux caïd de ce trafic jusqu’à 4,9 milliards de livres sterling (5,7 milliards d’Euros), les bénéfices ayant baissé à environ 1,7 milliard de livres (2 milliards d’Euros) l’année dernière alors que le nombre de personnes entrant illégalement a chuté à environ 510 000.

Europol a déclaré: « Le trafic illicite de migrants est devenu l’une des activités criminelles les plus rentables et répandues pour le crime organisé dans l’UE. L’entreprise de contrebande de migrants est maintenant un marché illégal important, rentable et complexe, comparable aux marchés de la drogue européens».

Les politiciens européens sont indirectement responsables de l’existence de cette industrie.
L’Italie peut penser qu’elle protège les dirigeants du G7 comme Angela Merkel contre les attaques terroristes potentielles lors de la réunion du G7 à Taormina en fermant les ports de la Sicile aux migrants. Mais en protégeant les politiciens de la réalité dont ils sont déjà solidement détachés, ils exposent les citoyens européens – que ces politiciens sont censés protéger – à des risques encore plus importants.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* Judith Bergman est écrivain, chroniqueur, avocat et analyste politique.

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