Publié par Manuel Gomez le 22 juin 2017

De Gaulle joue sur plusieurs tableaux et n’hésite pas à opposer, jusqu’en 1943, la résistance de droite, Henri Frenay et Pierre Brossolette, aux communistes et à la gauche, Jean Moulin et Raymond Aubrac.

Henri Frenay et son adjoint Bénouville font de Jean Moulin un agent du communisme international qui réserve la distribution de l’argent aux réseaux de gauche. Ce qui est totalement inexacte car les fonds n’arrivent plus de Londres.

De Gaulle n’arrose plus la résistance parce qu’elle ne lui est plus nécessaire pour assoir sa légitimité puisque, dès la conférence de Casablanca, en 1943, il est reconnu par les Alliés comme le chef de la France Libre.

Le réseau Combat a un besoin urgent de financement.

Henri Frenay prend alors contact avec le responsable des services secrets américains en Suisse et accepte, contre une somme de dix millions, de fournir tous les doubles des renseignements qu’il adresse à De Gaulle.

Dès que Jean Moulin l’apprend la fracture est totale entre lui et Henri Frenay.

Ce dernier (qui je le rappelle avait fondé le réseau « Combat ») n’hésitera pas à écrire : « J’accuse le général de Gaulle de n’avoir pas entendu, et sûrement pas compris, l’appel passionné de tout un peuple et d’avoir éteint la flamme de la résistance. »

De Gaulle estime que Jean Moulin va beaucoup trop loin et s’oppose directement à sa volonté, lorsqu’il décide de constituer le Comité Français de Libération Nationale dont il confie la co-présidence au général Giraud (qui est, comme on le sait, le principal opposant aux ambitions gaullistes).

René Hardy doit rencontrer le général Delestraint, chef de l’armée secrète, le 9 juin 1943 devant l’entrée du métro «Muette».

Alors qu’il se rend à ce rendez-vous, Hardy, déjà sous surveillance (à cause de sa récente maîtresse l’irrésistible Lydie Bastien, rencontrée en janvier 43 et qui est une collaboratrice de Klaus Barbie) est intercepté à la gare de Laroche-Migennes, dans le train qui le conduit à Paris (il s’évadera quelques jours plus tard, suite à un arrangement avec la gestapo).

Le général Delestraint est lui arrêté par la gestapo ce jour-là et, comme le général Frère, il mourra en déportation.

On ne peut que constater que plusieurs chefs de réseaux de droite furent dénoncés et remplacés souvent par des communistes.

C’était le premier coup fatal porté à la résistance intérieure et il entraînera irrémédiablement le suivant, l’arrestation de Jean Moulin douze jours plus tard, le 21 juin.

Tous ces faits véridiques nous sont rapportés dans le remarquable livre que nous devons à Daniel Cordier, ex-camelot du roi, rallié à Londres dès 1940, appartenant au BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action) et placé par De Gaulle auprès de Jean Moulin, comme secrétaire particulier afin qu’il le tienne sous surveillance.

Cordier déposera d’ailleurs, lors du procès, en son âme et conscience en faveur de la culpabilité de René Hardy pour la trahison de Caluire et l’arrestation de Jean Moulin.

Après la disparition de Jean Moulin et la mise à l’écart d’Henri Frenay, qui est devenu un ennemi pour De Gaulle, c’est Georges Bidault, l’un des chefs du réseau « Combat » et homme de droite qui est placé à la tête du Conseil Nationale de la Résistance.

Celui-ci permettra à De Gaulle de pénétrer dans Paris et de descendre les Champs-Élysées en libérateur de la nation. (Son personnage disparaîtra de la photo officielle quelques années plus tard).

Georges Bidault sera nommé président du gouvernement provisoire de la république française de juin à décembre 1946 et participera activement à la fondation de la IVe République.

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La disparition du général Delestraint, chef de l’armée secrète, marquera la fin du financement et des livraisons d’armes par Londres aux Forces Françaises de l’Intérieur.

De Gaulle, soutenu dorénavant par le CNR, se rapprochera des FTP communistes afin de s’assurer leur soutien bien avant la libération car il s’agit de la force armée la plus solide et la mieux implantée pour lui garantir la prise du pouvoir (grâce à l’aide financière et à l’armement fournis par l’URSS).

À vous de conclure ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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