Publié par Gaia - Dreuz le 20 juillet 2017

Successeur du général de Villiers, François Lecointre écrivait sur la logique de rentabilisation de l’armée en 2009. Aujourd’hui, sur fond de crise entre l’armée et l’Elysée après l’annonce de coupes budgétaires, son analyse prend un autre relief.

Au terme d’une semaine de crise politique entre l’armée et Emmanuel Macron, c’est finalement le général Lecointre qui a été choisi pour succéder au général de Villiers en tant que chef d’état-major des armées. Ce dernier, après avoir remis sa lettre de démission au président de la République, quitte un poste auquel il avait été nommé en 2014.

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Réputé discret, François Lecointre peut se targuer d’un parcours militaire à la fois classique et prestigieux. A 55 ans, cet officier issu de l’infanterie de marine a successivement commandé le troisième RIMa et la neuvième brigade d’infanterie de marine.

D’ores et déjà qualifié de «héros» par le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, il a notamment servi au Rwanda pendant l’opération Turquoise en 1994 et en ex-Yougoslavie pendant la guerre. Il avait été nommé en septembre 2016, alors que Manuel Valls était à Matignon, chef de cabinet militaire du Premier ministre – poste privilégié pour accéder à la direction de l’état-major, par lequel était également passé le général de Villiers.

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Si son expérience et sa réputation ont sans doute présidé au choix de sa nomination, le général Lecointre bénéficie par ailleurs d’une estampille «UE» sur son CV, à laquelle Emmanuel Macron pourrait avoir été sensible. Il a en effet été choisi en janvier 2013 pour devenir le premier commandant de la Mission européenne de conseil et de formation des forces armées maliennes (EUTM). Cette dernière, mise en place dans le cadre de l’Union européenne et rassemblant plus d’une vingtaine de pays, affiche comme objectif de «fournir des conseils en matière militaire et en formation aux forces armées maliennes contre la menace constituée par les groupes terroristes».

Rentabilisation de l’armée et déni de recours à la force

Les rares déclarations publiques qu’il a pu tenir fournissent d’autres renseignements instructifs quant au général Lecointre. Dans le numéro 11 de la revue de l’armée de terre Inflexions, qui a paru en juin 2009, celui qui assure désormais le commandement des opérations militaires des armées françaises signait un long article dans lequel il livrait sa vision de la guerre et de l’armée au XXIe siècle. «Parmi les principaux facteurs de banalisation de l’action militaire, il faut retenir l’émergence d’une logique de rentabilisation de l’outil militaire», écrivait-il alors. Il constatait la contradiction entre «les militaires qui s’inscrivent, consciemment ou non, dans le temps long de l’histoire», ce qui les conduit à se «soucier assez peu de rentabilité immédiate», et les décisionnaires politiques soucieux de «justifier le coût» d’une armée perçue comme moins nécessaire que jadis. Alors que le budget de la Défense vient d’être amputé de 850 millions d’euros, cette déclaration prend des accents ironiques quelques années plus tard. Notons toutefois que son prédécesseur, le général de Villiers, avait lui-même été nommé chef d’état-major dans un contexte de forte restriction budgétaire : François Hollande venait d’annoncer la suppression de 34 000 postes.

«Au nombre des refus pathologiques à admettre la réalité, le déni de la violence est peut-être l’un des plus pervers», écrivait-il encore. Selon lui, les Européens auraient tendance à considérer «le déni de recours à la force» comme «le summum de la civilisation». Il mettait alors en garde : d’éventuels ennemis peuvent interpréter cela «soit comme une contrainte normative particulièrement hypocrite, soit comme une forme de décadence ou tout au moins de faiblesse à exploiter». Faut-il voir dans ces propos un «durcissement» de ton dans un contexte international de plus en plus explosif, ou le signe révélateur d’un esprit «va-t-en-guerre» assumé ?

François Lecointre succède au général de Villiers qui avait, devant la commission de la Défense à l’Assemblée, émis de sérieuses réserves au sujet des économies réclamées par Bercy aux armées, et assuré qu’il ne se laisserait pas «baiser» par Bercy. Une sortie sévèrement réprimandée par le président de la République. Plusieurs personnalités politiques, de  Jean-Luc Mélenchon à  Florian Philippot  en passant par  les ténors de la droite  ainsi qu’un député socialiste, avaient alors dénoncé le traitement réservé au chef d’état-major des armées par Emmanuel Macron.

© Gaïa pour www.Dreuz.info

Source : Plus.docjeanno.fr

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