Michel Onfray a accepté de se prêter au questionnaire Jean-Patrick Grumberg pour les lecteurs de Dreuz.
C’est une fenêtre entre-ouverte sur un aspect plus intime, plus psychologique, sans empiéter sur leur vie privée, des personnalités dont j’apprécie le regard et l’analyse – ce qui ne signifie pas que j’adhère à leurs idées. Certains ont refusé, gênés par les questions, d’autres ont répondu. Voici le premier de cette série.
Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.
Quel est l’endroit du monde que vous avez déjà visité et où vous pourriez vivre le restant de votre vie ?
Si je dois vous répondre franchement, je vous dirai : nulle part… Je suis trop enraciné depuis mille ans que mon ancêtre viking est arrivé du Danemark en Normandie !
Mais si je dois jouer le jeu, alors j’opterai pour une île du Pacifique où Segalen a posé un jour le pied dans sa quête de Gauguin. Une île qui me permettrait le calme, la paix , le silence et l’isolement.
Si vous pouviez participer à une conversation de l’Histoire humaine, laquelle choisiriez-vous ?
Celle qui a lieu entre Cincinnatus et lui-même quand, après avoir accepté la dictature que lui offraient les sénateurs, il revient à sa charrue et reprend son travail comme si de rien n’était.
Si vous pouviez choisir de jouer dans un film existant, quel film serait-ce et quel rôle serait le vôtre ?
L’un des gamins qui participe à la bataille de polochons filmée au ralenti par le cinéaste anarchiste trop tôt disparu Jean Vigo dans Zéro de conduite.
Si vous pouviez être un personnage historique, lequel aimeriez-vous réincarner ?
Cincinnatus…
Quel est le défaut humain que vous détestez le plus, celui que vous excusez le plus ?
Celui que je déteste le plus : la mauvaise foi qui fait persévérer dans l’erreur. Celui que j’excuse le plus : la mauvaise foi qui cesse dès que l’erreur a été signalée.
Si un génie vous accordait un vœu politique, lequel serait-il ?
D’apporter à ceux qui souffrent le plus parce qu’ils connaissent le dénuement, la misère et la pauvreté, la dignité qui leur fait défaut.
Qui étiez-vous dans une autre vie et comment gagniez-vous votre vie ?
Il n’y a qu’une seule vie et c’est bien assez. S’il y en avait une autre je n’aimerais pas en vivre une autre que la mienne ! Je n’ai pas de goût pour la schizophrénie …
Merci Michel Onfray.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.
Merci d’oser fréquenter dreuz…
Et c’est tout? Je reste quand meme sur ma faim. “Certains ont refusé, gênés par les questions”. De quelles questions genantes s’agit-il? Et puis, la ou il y a de la gene, y pas de plaisir. Ces gens sont-ils donc coinces a ce point ou est-ce dreuz qui les rend inquiets?
…. On reste sur sa faim: Onfray a tellement de choses à nous dire ( bien sûr, on peut lire quelques uns de la centaine d’ouvrages qu’il a écrits) 👋
Michel Onfray nous laisse sur notre faim; j’aime assez la vérité du personnage sauf quand il parle de Freud; il a voulu démontrer qu’il avait tout faux; Or il ne sait pas vraiment ce que signifie une psychanalyse et là je crains qu’il ne fasse preuve de mauvaise foi, oups! juste le défaut qu’il aime le moins !
souvent, il parle juste mais ses causes ne le sont pas toujours: la misère humaine à mon sens se trouve plus dans la tête que dans les conditions économiques auxquelles on croit trop.
Je ne pense pas qu’ Onfray soit coincé , Monsieur Grumberg a des questions très ” gentilles ” allez , un effort pour les prochains ” mordez les ” !
Pourquoi ne pas lui avoir posé la question du référendum d’initiative citoyenne en toutes matières ? Il se serait dit CONTRE. Il ne souhaite pas que les électeurs puissent reprendre la main entre deux scrutins pour DECIDER de ce qui les regard!
C’est donc un ” ennemi du peuple” qui accepte notre système dit représentatif.
Bonjour,
Freud et c’est démontré a élaboré une théorie à partir de sa propre pathologie et qui n’a jamais guéri personne mais enrichi une bande de cuistres et de cagliostro au petits pieds, donc rien à dire si ce n’est que Onfray ne cite pas les opposants historiques au Freudo-marxisme
dont le Pr. Pierre Debray-Ritzen dont j’ai eu l’honneur d’être un élève
Son essai sur Freud était inutile. Il n’est ni historien, ni psy. Cet essai, à l’instar de ce que vous affirmez Psyve, me semblait la cure à sa propre pathologie… Je ne vois pas pq il faut en discuter ici. Bienvenue Mr Onfray sur Dreuz!
Merci Michel Onfray.
Autant que les questions posées par JPG, vos réponses font réfléchir et s’interroger… Maïeuticien, même quand il s’agit de s’exposer : chapeau l’artiste !
J’apprécie d’autant plus que le “Qui étiez-vous dans une autre vie ?” qui suppose que l’on ait eu une autre vie et qui venait comme dernière question, m’était plutôt allergisante. Elle m’avait fait abandonner le questionnaire, après une première lecture rapide.
Sur le problème de la dignité de chacun, je n’aime pas cette considération (vraiment fréquente malheureusement !) que la dignité manque aux pauvres, aux violentés, aux faibles, aux démunis, etc.
J’y suis même opposée, et j’y vois une blessure de plus infligée par celui qui veut bien faire/dire, mais de sa supériorité présumée et non pas de son humanité profonde.
D’abord parce que je connais, j’ai connu, l’Histoire et les arts ont montré, des pauvres plein d’une TRES grande dignité, visible, au-delà de l’invisible. Bien plus que celle, parfois plus difficile à voir, de personnes infiniment plus fortunées.
Comme le dit Kahlil Gibran, “N’oubliez pas que la pudeur sert d’armure contre l’oeil de l’impur” ; la honte liée au regard de l’autre protège la dignité de la personne.
Si quelqu’un regarde quelqu’un d’autre en considérant qu’il lui manque sa dignité, c’est celui qui regarde et qui juge qui est en grand danger et devrait se poser des questions.
Personne, pas même le plus infâme, horrible, humain, ne peut prendre la dignité d’un autre être humain.
Seul celui qui se vautre dans une vocation utilitariste (mercantile) ou perverse de son corps, de son âme ou de son esprit perd sa dignité. Mais personne ne la lui prend. Il est responsable de la perte.
Le sacré dans l’Homme est inviolable, indestructible, et la dignité de chaque homme inexpugnable (sauf à l’abandonner soi-même), même par facilité de regard, qui parfois confond manque de dignité et laisser-aller face aux trop grandes difficultés. Le manque de courage, y compris dans les tout petits détails, ne rend pas moins digne. Faible oui. Avec des milliards de très très pauvres sur cette planète, heureusement qu’ils n’y a pas autant de personnes sans dignité !
Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir se construire dans un environnement culturel, gréco-judéo chrétien, et d’avoir pu lire, Rudyard Kipling ou un autre, pour vouloir grandir. C’est la grandeur d’une civilisation et sa force si on en est conscient.
(Pour le plaisir, petit rappel en partage
SI… TU SERAS UN HOMME, MON FILS
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.)
Et bien ne choisis pas la Calédonie où je vis, certes très belle, mais pas de tout repos ! Le vivre ensemble est ici, comme ailleurs, mission impossible ! Par contre, les Marquises ou les îles sous le vent ou Tuamotu….
@ Lunaire,
Et quel homme mon fils tu seras !
Mais que sont alors ceux qui ne répondent pas à ce super profil ?
En tout cas, c’est beau, plaisant et édifiant quant à votre propre profil. Vous faites un père digne de ce nom pour les hommes mon fils.
La dignité, il faut simplement avoir été préalablement pauvre et totalement démuni pour avoir envie de se solidariser avec les pauvres et les démunis en y mettant tout son cœur.
La solidarité des grands cœurs a tout à gagner de leur réussite en termes d’importance. Il faut permettre aux fortunés d’être riches de ce qu’ils donnent et, aux pauvres, d’avoir la générosité de partager cette richesse qu’est l’amour des autres.
Avant la parution de cet article, j’ai fait un rêve debout qui en dit long sur le regard que je porte à Michel Onfray.
De retour d’un voyage d’étude en Israël, il se débattait entre l’envie de rétablir la vérité et la crainte de subir à son tour la mauvaise foi des média aux ordres. En mon for intérieur, je savais que son honnêteté prendrait le dessus.
@ Davidex
Oui Rudyard Kipling a laissé un sacré viatique avec ce poème apostrophe…
“Mais que sont alors ceux qui ne répondent pas à ce super profil ?”
des humains plus ou moins pataugeurs, plus ou moins en croissance, pas encore l’Homme tel que l’a créé Dieu avant qu’il ne sombre par le péché originel, même s’il aime tous les hommes y compris la brebis perdue…
“La dignité, il faut simplement avoir été préalablement pauvre et totalement démuni pour avoir envie de se solidariser avec les pauvres et les démunis en y mettant tout son cœur.”
Probablement… même si je suis rêtive à ce genre d’approche, car cela signifierait que l’on ne peut parler, vivre, ressentir que de ce que l’on a connu dans sa chair. Or, nous sommes des êtres de chair, certes, mais aussi d’âme et d’esprit et je pense que nous pouvons communier sans avoir partagé le contexte préalable.
Aimer n’exige pas de connaître mais de reconnaître.
“La solidarité des grands cœurs a tout à gagner de leur réussite en termes d’importance. Il faut permettre aux fortunés d’être riches de ce qu’ils donnent et, aux pauvres, d’avoir la générosité de partager cette richesse qu’est l’amour des autres.”
+1, totalement d’accord,
je préciserais juste “riches de ce qu’ils donnent”, que ce soient de l’argent, des biens ou de l’amour des autres, et pour les pauvres “d’avoir la générosité de partager cette richesse qu’est l’amour des autres” avec la considération des efforts faits par d’autres pour vouloir les soulager de ces efforts à la mesure de leurs possibilités.
Impressionnant rêve que vous avez fait et effectivement il en dit long sur le regard que vous portez sur Michel Onfray.
@ Lunaire,
Pour ce qui est de la dignité, j’aurais dû préciser : Entre autres ressentis (ou considérations)…
En effet, aimer n’exige pas de connaître mais de reconnaître.
L’humain pataugeur, brebis égarée mais pardonnée, me pose un petit problème car si l’on déplace le curseur dans le sens inverse à celui qui mène vers l’homme accompli, on finit par se retrouver dans les bas-fonds où se façonne le barbare, lequel, selon moi, n’a rien d’une brebis égarée.
Prions pour que le rêve que j’ai fait et qui en dit long sur le regard que je porte sur Michel Onfray se réalise.
@Davidex
le barbare n’est pas pardonné s’il ne le veut pas. Dieu de la Bible nous laisse libre et responsable. Dieu n’a pas sauvé les deux larrons à Golgotha.
On peut aller chercher la brebis égarée, il y a tant de situations révélant la faiblesse, les faiblesses de l’homme… tant de besoin d’aide.
Dieu ne cesse d’appeler et de tendre la main. Mais cela ne veut pas dire qu’Il pardonne. Il pardonne à l’instant où on le lui demande dans une réelle conversion du coeur. Sinon, les invités ne rentrent pas à la noce, et si quelqu’un usurpe (déguise son coeur), pauvre de lui ! Dieu sait tout et il sera exclu aussi.
Le pardon n’est pas automatique pour la brebis perdue/barbare ! Si des brebis ne veulent pas (de toutes leurs forces) convertir leur coeur et le tourner vers Dieu, le pardon de Dieu n’est pas acquis.
Ne pas risquer d’arracher le bon grain en voulant enlever l’ivraie car nos regards humains sont bien trop incomplets, laisser pousser, laisser le bon grain croître avec les forces qui lui sont données et Dieu triera, mais s’Il connaît et compte les cheveux de chacun de Ses enfants égaux en dignité à son coeur, Il demande aussi à chacun de Ses enfants de se convertir et de venir à Lui qui est Tout Amour, avec les messages qu’Il nous a laissés comme chemin de vérité et de vie.