Publié par Dreuz Info le 17 septembre 2007
Guerre d’Iran :
le suspens continue
  
Michel Garroté, journaliste
http://monde-info.blogspot.com
  
hamas.jpgAbd Al-Bari Atwan, directeur du quotidien arabe Al-Qouds Al-Arabi, énumère des indices tendant à démontrer qu’une guerre contre l’Iran va avoir lieu au cours des six prochains mois. C’est sans doute une bonne occasion de revenir sur le sujet.
  
En résumé, Abd Al-Bari Atwan affirme que George Bush utilise les termes d’holocauste nucléaire, avertissant ainsi l’Iran de ne pas aller plus avant dans son programme d’enrichissement d’uranium ; que Bush veut ainsi accentuer la menace et préparer l’opinion publique à l’éventualité d’un usage d’armes américaines contre l’Iran. Que le président Sarkozy a abandonné la ligne chiraquienne. Qu’à son retour de vacances, Sarkozy a déclaré que l’acquisition de l’arme nucléaire était la ligne rouge à ne pas franchir et que l’Iran s’exposerait à des bombardements s’il ne renonçait pas à ses ambitions.
  
Que le journaliste américain Seymour Hersh a affirmé devant des confrères français rencontrés il y a peu à Paris que la décision de frappes contre l’Iran avait déjà été prise. Qu’un des Vice-secrétaires d’Etat américains, Nicholas Burns, a expliqué à Roger Cohen, du New York Times, que la plupart des pays sunnites de la région considèrent l’Iran comme un trublion soutenant le terrorisme et comme une menace pour la stabilité régionale. Que Burns a ajouté que ces pays, et notamment les pétromonarchies du Golfe, ont compris que l’Iran représentait une menace plus sérieuse qu’Israël.
  
Que les Etats-Unis ont fait inscrire les gardiens de la révolution iraniens sur la liste internationale des organisations terroristes. Que les Américains ont également durci le ton en accusant à nouveau Téhéran de soutenir la résistance irakienne avec des livraisons darmes sophistiquées. Que lArabie Saoudite a semble-t-il signé un contrat de 5 milliards de dollars avec une société américaine pour entraîner et équiper quelque 35000 hommes chargés de protéger ses installations pétrolières. Que lIran aurait les moyens d’attaquer les installations pétrolières saoudiennes avec un avion suicide ou avec ses missiles Shihab. Que pour cette raison les Américains maintiennent leurs batteries de missiles et anti-missiles Patriot dans la région.
  
Que Washington prépare une conférence internationale de paix, prévue cet automne et que Washington presse Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert de se rencontrer pour annoncer un accord de principe. Qu’un succès dans ce domaine faciliterait un recours à loption militaire contre lIran, dans la mesure où cela satisferait les sunnites de la région. Qu’il y a revirement de George Bush au sujet du Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. Qu’après avoir laissé entendre quil souhaitait sa démission, Bush lui a ensuite délivré un satisfecit. Que lexplication la plus plausible de ce changement est que les plans concernant lIran ont été accélérés et que ladministration américaine n’a plus assez de temps pour provoquer un changement gouvernemental en Irak.
  
Que le retrait des troupes britanniques de Bassorah signifie que la Grande-Bretagne souhaite soustraire ses troupes au risque de représailles iraniennes en cas de frappes aériennes américaines. Les soldats britanniques stationnés à Bassorah, à quelques encablures de la frontière iranienne, seraient en effet une cible idéale pour les Iraniens. Voilà, de façon très synthétique, les investigations de Abd Al-Bari Atwan. A vrai dire, Abd Al-Bari Atwan n’apporte que peu d’éléments nouveaux au dossier nucléaire iranien. Cela dit, plusieurs événements de ces trois dernières semaines et plusieurs articles de ces trois derniers jours ont de quoi soulever des questions.
  
L’énigme la plus marquante reste, bien entendu, la mystérieuse opération aérienne récemment menée par Israël en Syrie, opération qui concerne, nous dit-on, aussi, l’Iran et, même, la Corée du Nord. Autrement dit, tout serait lié et chaque élément nous aiderait à dessiner l’ensemble. Fort bien. Voyons cela. Dans le sillage de sa toute récente tournée chez les Israéliens et les Palestiniens, le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner, a déclaré, dimanche 16 septembre, sur LCI et RTL, que le monde doit se préparer au pire, y compris la possibilité de la guerre, à la lumière de la crise nucléaire iranienne.
  
Mais c’est surtout concernant le fameux raid israélien en Syrie que le week-end des 15 et 16 septembre fut riche en spéculations médiatiques. Yossi Melman, du journal israélien Haaretz, édition du 16 septembre, ainsi que Glenn Kessler, du Washington Post, édition du 15 septembre, nous apprennent qu’un navire suspect battant pavillon nord-coréen est arrivé en Syrie trois jours avant le raid israélien. Toujours en ce dimanche 16 septembre, les mêmes informations sont mentionnées par Peter Beaumont dans le journal britannique The Observer. Deux jours auparavant, soit le vendredi 14 septembre, dans un entretien avec Jeffrey Bartholet de l’hebdomadaire américain Newsweek, un diplomate syrien, Imad Moustapha, avait essayé, non sans difficultés, de minimiser l’affaire du navire nord-coréen.
  
Pour tout arranger, Ronen Bergman, du journal israélien Yediot Aharonot, écrit que,war.jpg incapable daffronter larmée israélienne dans une guerre classique, la Syrie sest lancée il y a une dizaine dannées dans la constitution dune force de frappe fondée sur des missiles à charges chimiques. Et dans le Sunday Times du 16 septembre, le journaliste britannique Michael Sheridan et ses correspondants aux USA et au Moyen-Orient mentionnent (à propos du navire nord-coréen et du raid israélien) une cache d’armes nucléaires d’origine nord-coréenne en Syrie. Ce sont là, en gros, les derniers rebondissements, de ces trois derniers jours. Si la guerre tout court n’a pas commencé, la guerre des mots, elle, bat son plein.

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