Le blog drzz accueille un nouveau chroniqueur, Titus Pulo. Bienvenue!
La révolution manquée, par Titus Pulo
(les photos sont d’authentiques publicités pour des chaînes de magasins et des grandes marques)
Petit manuel à l’usage du dragueur moderne : finis les slows, les regards langoureux et les lettres enflammées. Aujourd’hui, une soirée de drague se résume à des assauts répétitifs sur toutes les femmes qui excitent le chasseur. Terminé, les frôlement d’épaules. Non, le chasseur arrive par derrière, s’approche de sa proie, colle son arrière-train contre ses fesses et attend la réaction. La femme se retourne, dévisage le chasseur et décide si elle accepte la danse. La danse ? Non. Une simulation sexuelle. Une levrette virtuelle.
Oyez bonnes gens, voilà où l’on en est arrivé ! La révolution sexuelle dont on nous chante les bienfaits à torts et à travers a finalement détrôné les sentiments au profit des pulsions. On voulait briser un tabou et rendre à la sexualité une place d’honneur ? On l’a traînée au dernier rang, juste après le brossage des dents. On voulait l’égalité des sexes ? Le prédateur est plus prédateur que jamais, et la proie plus proie que jamais.
Claudia Schiffer peut quitter la scène, Clara Morgane et le Journal du Hard l’ont renvoyée à ses études. Sur les encarts publicitaires, on ne rougit pas aujourd’hui de vanter les vertus d’un parfum entre deux cuisses ou d’un petit beurre entre deux seins. Le sexe n’est-il pas qu’une petite gâterie à s’offrir entre la bière et la pizza ? Les médias répondent plutôt deux fois oui, et avec tous les partenaires. Ils n’en finissent pas de célébrer le maquillage blafard et les jupettes courtes pour des gamines de dix à treize ans. Le scandale n’existe plus, les mœurs ont explosé en plein vol. Une salle de concert débordant de trentenaires bavant devant Alizée, 16 ans ? Normal. Dans son clip, la jeune chanteuse dansait lascivement contre des hommes de deux fois son âge, se demandant pourquoi «tout le monde veut sauter sur moi». Circulez, il n’y a rien à voir, nous disent les ayatollahs de la «nouvelle vague». Ne soyez pas réactionnaires, voyons !
Les féministes peuvent se vanter d’avoir dynamité l’image de la femme. Dorénavant, elles sont surtout des objets sexuels, des fesses et des seins qu’il faut mettre en valeur. Les tendances ? Paris Hilton, ou les New Yorkaises de «Sex and the city» qui énumèrent en riant le nombre d’avortements subis depuis leurs 15 ans. Les modes ? En Allemagne, et peu à peu dans le reste du monde, une lycéenne roule facilement une pelle à sa copine. Motif invoqué par la fille elle-même : le garçon saura qu’elle est facile, qu’elle ne fera pas d’histoire. Une grande leçon de féminisme.
Les soirées mémorables ? Les concours d’orgasme à Barcelone, un carton chez les jeunes anglaises. Ou les orgies dans les campus américains ou dans les bordels mexicains. Un sondage dans les universités américaines montre que pour entrer dans certaines fêtes, les filles n’hésitent pas à recourir au sexe oral. C’est pour la bonne cause !
Les rappeurs le répètent bien fort : ce sont des salopes, il faut forcer un peu. Les garçons sortent donc les vestes en cuir, courent les salles de fitness et regardent du catch. Les filles se maquillent de plus en plus et sont de moins en moins frileuses, quitte à se promener avec un merveilleux «Bitch» en jaune clair sur la poitrine. Une vraie course hippique : les garçons doivent «bouffer de la fille», et la société parie sur ses étalons. Finies les romances compliquées : on tâte d’abord, on parle ensuite. Excuse-moi, chérie, avant de quitter la chambre, quel est ton prénom ?
Le pire, c’est que les ayatollahs bien-pensants s’étonnent devant le nombre de crimes sexuels qui s’abattent sur notre époque. Bien que Clara Morgane trouve sa place entre la rubrique nécrologique et les recettes de cuisine, on se demande bien pourquoi des milliers d’ogres frustrés envahissent nos régions. Si tu es marié, la société te propose une plue jeune, une plus ferme, une plus docile (un vrai tamagochi). Ou une aventure à plusieurs, quelle bonne idée ! Si tu as une compagne, il t’en faudrait une autre, ou des autres, ou un autre couple, allez, c’est sûrement une aventure humaine intense qui dévoilera ton karma…
La dictature du sexe, qui l’a rangé au rang de prostitution légale, est un vrai danger. Alors que d’autres ayatollahs, des vrais ceux-ci, se pressent à nos portes avec leur esclavage des femmes, qu’a-t-on à leur opposer ?
Il faut impérativement redresser notre code moral, notre vision humaniste où les pulsions doivent être contrôlées. La société doit vanter les mérites du respect entre les sexes. L’égalité et le désir face à la pulsion, la domination, la copulation animale, qui doivent rester, au mieux, des fantasmes.
Les valeurs de l’attirance saine entre homme et femmes doivent être appliquées au plus vite. Rien ne serait pire que de continuer à tolérer les dommages d’une révolution manquée.