Publié par Dreuz Info le 24 janvier 2008


 

                                                                                                                                     
Menace to
the Times


                                                           undefined    

                                   par Mark Steyn

Récemment allé dans un aéroport? Peut-être vu une petite troupe de héros de l’Amérique à son retour d’Irak ? Et vous avez probablement pensé: «Ah, c’est beau cette image! Rappelez-moi de remonter le vieil aimant du frigo « Soutenons nos troupes », qui semble avoir glissé en bas, au-dessous du pense-bête « reprendre RV avec acupuncteur ».
Peut-être que je devrais aller vers eux les remercier pour ce qu’ils ont fait. »

Non, non, non, en aucun cas ne tenir compte de leur démarche.
A la place, évitez si possible tout contact visuel et reculez doucement vers le panneau « places de parking »:
vous êtes en présence de tueurs violents et mentalement dérangés qui pourraient craquer à tout moment.

Vous n’en aviez pas entendu parler? Eh bien, c’est dans le New York Times:«une suite d’articles -c’est bien ça, toute une série-«sur des vétérans des guerres en Irak et en Afghanistan inculpés d’assassinat ou en ayant commis, après retour au foyer.» C’est une épidémie, braves gens. Donc le Times:«Ville par ville, à travers le pays, les titres racontent désormais des histoires similaires. Lakewood, Washington:«Une femme est tuée par son mari. La famille de ce dernier accuse l’Irak.» Pierre, Dakota du Sud: «Un soldat accusé de meurtre témoigne sur le stress post-traumatique.» Colorado Springs: «des vétérans de la guerre en Irak suspectés dans deux affaires de meurtres par bande criminelle.

De toute évidence, en tant que «journal d’articles de l’Amérique», le Times n’apprécierait pas une quelconque remarque suggérant qu’il est anti-militaire. […]. Comme d’habitude, les récits du Times sont écrits sur le ton d’une vierge plus triste qu’en colère. Le moment venu, c’est du tout cuit pour le Pulitzer:«Prises une par une, ce sont des histoires de criminalité locale, post-scriptums déchirants de la guerre pour les militaires, les victimes et leurs communautés. Mises bout à bout, elles dessinent le patchwork d’un phénomène silencieux, traçant un parcours de mort et de chagrin à travers tout le territoire ».

«Patchwork », «phénomène silencieux»…Oui, oui, mais phénomène silencieux à quel point exactement?
Dans quelle mesure l’image est incomplète? Le New York Times a constaté 121 cas dans lesquels des vétérans d’Irak et d’Afghanistan, soit «ont commis un meurtre dans ce pays, soit sont sous le coup d’un inculpation.» La formule «commis un meurtre» inclut les accidents de voiture.

Ainsi, avec la baisse des décès sur le théâtre des opérations, le topo des médias évolue.
Vieille rengaine: «les soldats américains subissent des pertes qui sont le fait d’insurgés violents et irrationnels dont les motifs restent insaisissables.» Nouvelle rengaine: «Les Américains subissent des pertes de la part de soldats violents et irrationnels dont les motifs restent insaisissables.» Dans le bourbier qui sert de tête à ces vétérans, chaque sous-district feuillu du Connecticut c’est Falloujah, et chaque employé de Dunkin’ Donuts un Abou Moussab al-Zarqawi avec une manière joyeuse qui vous met mal à l’aise.

Ce fut l’oeuvre de… minutes pour Powerline le site de John Hinderaker pour découvrir que le «phénomène silencieux» est un non-phénomène intégral:le NYTimes ne semble pas avoir vérifié si le taux d’homicide chez les vétérans récents est plus élevé que celui de l’ensemble de la population des hommes jeunes. Ce n’est pas le cas. Au contraire, le chroniqueur Ralph Peters, a calculé que la probabilité de tuer pour les vétérans d’Irak et d’Afghanistan est environ un cinquième de celle de la moyenne des Américains de 18-34 ans. Mieux encore, le blogueur Iowahawk a dressé sa propre «image patchwork» d’un autre «phénomène silencieux»: le chroniqueur du journal de Denver arrêté pour harcèlement criminel, le reporter de la télévision de Cincinnati faisant face à des charges de coups portés à enfant, la présentatrice de Philadelphie partie dans un déchaînement de violence alcoolisée. Donc l’unité (un seul homme) d’Iowahawk s’interrogeait:
«Incidents indépendants ou la preuve que l’Amérique des salles de rédac’ est devenue un terrain fertile pour les meurtriers, les alcooliques brandissant des armes à feu et les agresseurs d’enfants?»

undefined

Pourquoi le NYTimes rédige-t-il une telle suite d’articles? Mon confrère dans ces colonnes, Clifford Mai, a fait le lien avec un célèbre anniversaire: soixante-quinze ans plus tôt, en février 1933, l’Oxford Union a adopté à une majorité écrasante une résolution selon laquelle:«cette assemblée ne pourrait en aucun cas se battre pour son roi et le pays.» L’Union était le plus célèbre club de discussion d’une grande université appartenant à une puissance mondiale dominante; ses présidents n’ont jamais cessé de servir en tant que premiers ministres sur place et au-delà des mers, de Gladstone au 19ème jusqu’à Benazir Bhutto dans les années 1990.
Donc, le débat et sa conclusion ont envoyé un message aux ennemis de la Grande-Bretagne: selon Churchill , le vote était un « symptôme écoeurant » que les élites dirigeantes perdaient leurs moyens.
Clifford Mai voit là le même syndrome aujourd’hui dans le monde occidental, mais en fait c’est pire.

Le débat d’Oxford a eu lieu une décennie et demie après la pire carnage de l’histoire de l’humanité. La Première Guerre mondiale a coûté la vie à quelque 20 millions de personnes. Vous vous souvenez -retour en 2004- lorsque Ted Koppel a consacré un épisode de «Nightline» à lire les noms de tous les morts au combat en Irak? S’il avait tenté tâche similaire avec l’Empire britannique et ses morts à la guerre en 1919, la demi-heure de l’épisode «Nightline» aurait dû être étendue à dix mois – ou plus, si Ted avait pris des pauses aux toilettes, ou encore s’il avait repris son souffle. La guerre a atteint jusqu’au plus petit hameau anglais et a cueilli une génération entière de jeunes hommes. Elle a, de même, fauché dans les palais brillants: le frère de la reine Elizabeth (la mère de la reine actuelle), a été tué sur le front ouest en 1915. Statistiquement, il aurait été improbable d’avoir participé au débat de l’Oxford Union, venant d’un foyer dans lequel, à l’intérieur d’un manteau ou sur un bureau, il n’y eut pas une photographie d’un fils ou d’un oncle ou d’un fiancé jeune, pour toujours. Ce serait comme si des millions et des millions avaient été massacrés dans la première guerre du Golfe, et quinze ans plus tard, Harvard ou Yale débattaient de savoir si on doit remettre ça.

En d’autres termes, nous n’avons pas leur excuse. Notre guerre enregistre l’un des plus faibles taux de mortalité de toute les guerres, et quand ça tombe si bas que même Nancy Pelosi et Harry Reid arrêtent temporairement de bêler : «  bourbier !», le Times fait de l’intox pour suggérer que les quelques vétérans assez chanceux pour se sortir vivants d’Irak tournent en bombes à retardement prêtes à exploser dans chaque rue principale au pays.

Quelques jours avant le lancement de la série par le Times, le National Journal a publié un dernier démenti à une enquête fameuse: en 2006, la revue médicale The Lancet a déclaré que la guerre en Irak avait tué plus de 650000 civils, à plus de 90 pour cent des victimes de l’armée américaine. Ca fait 500 civils par jour. […]
Le chiffre était plus de dix fois celui des estimations, même celles des groupes de gauche anti-guerre virulents. Qui sont ces 500 victimes par jour? Pourquoi aucune émeute massive pour protester contre le bain de sang quotidien des civils irakiens?

Parce que c’est bidon. Ca n’est pas arrivé.

Malgré tout c’est indélébile. L’autre jour, j’ai pris un journal local dans le New-Hampshire, et une psychothérapeute y gazouillait au sujet de nos troupes«mentalement blessés» de retour à la maison après les meurtres de tonnes et de tonnes de civils irakiens. En 1933, les débatteurs d’Oxford furent horrifiés par le coût réel de la guerre. En 2008, les rédacteurs du New York Times, nos professeurs d’université et nos célébrités d’Hollywood sont horrifiés par une fiction. Confrontés à un coût historiquement bas pour une guerre, ils font retraite dans l’imaginaire.

Qui souffre vraiment de trauma mental? Qui a besoin de psychothérapie par ici?

 

       
    http://www.nysun.com/article/69844  
                                                                                                                                                

                                                                                                                                                        trad. adamastor

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading