Publié par Dreuz Info le 14 avril 2008

Par KIMBERLY KAGAN

traduction M. Brzustowski

 

http://online.wsj.com/article/SB120718691572085211.html?mod=opinion_main_commentaries

 

 

 

 

 

Actuellement, c’est l’Iran qui cause la majeure partie des violences et de l’instabilité en Irak, une tendance qui commencée en juillet 2007, selon le Lieutenant-Général de l’Armée américaine Raymond T. Odierno, à partir du moment où les offensives des militaires irakiens et américains balayaient Al Qaeda de ses sanctuaires autour de Bagdad. (NdT : là où il faut admettre une complémentarité, sinon un soutien direct, n’en déplaise à Mr Obama).

Les militaires américains, dans leurs conférences de presse, ont maintes fois signalé que les principaux responsables du Gouvernement iranien soutiennent et dans de nombreux cas, contrôlent les groupes armés hors-la-loi qui combattent les forces américaines et sapent les fondements du Gouvernement irakien. Tout particulièrement, les récents affrontements à Bassorah et Bagdad ne proviennent pas à l’origine d’une guerre civile entre les factions politiques shiites irakiennes, mais bien d’une lutte continuelle entre le gouvernement irakien et les milices illégales organisées, entraînées, équipées et financées par l’Iran.

Le Premier Ministre Nouri-al-Maliki et les forces de sécurité irakiennes sont actuellement en train de combattre ces milices, une exigence américaine de longue date qui avait été formulée dans l’élaboration des points de repères (benchmarks) au Congrès en 2006. Pour les Américains, la question est simple : allons-nous soutenir l’Irak dans ce combat, ou abandonner son gouvernement et son peuple?

L’Iran a sponsorisé ces milices hors-la-loi depuis la formation du Gouvernement de Maliki en 2006. La Force Quds, la première structure d’entraînement terroriste et l’exportatrice de sa révolution, a fourni chaque mois, de l’équipement et des fonds  pour une valeur comprise entre 750 000 $ et 3 millions de $ aux milices d’Irak, durant la première moitié de 2007, selon le Brigadier-Général américain Kevin Bergner. En plus de quoi, les militaires américains et la presse signalent que le Hezbollah libanais sous les auspices des Forces Quds ont directement entraîné les combattants irakiens, en envoyant des conseillers militaires pour assister Moqtada Sadr à créer l’Armée du Mahdi en août 2003, pour entraîner les milices irakiennes en Iran en 2005 et pour superviser les milices à l’intérieur de l’Irak depuis 2006.

Les milices ayant subi un entraînement iranien ont opéré entre 2006 et 2008 en tant qu’unités connues sous le nom de “groupes spéciaux” ou “cellules secrètes”, tout en déclarant ostensiblement servir au sein de l’Armée du Mahdi. En réalité, l’Armée américaine dit que leur chef attitré -l’ex-sadriste Qais Khazali – recevait ses ordres d’un commandant du Hezbollah libanais, qui, à son tour, recevait les siens des plus hauts commandants de la Force Quds.

Les conseillers étrangers ont organisé ces groupes d’opposition irakiens en une structure coulée dans le moule du Hezbollah. Les groupes spéciaux ont kidnappé des responsables du Gouvernement, lancé des escadrons de la mort contre des civils irakiens et régulièrement bombardé à coup de roquettes et de pièces de mortiers la Zone Verte avec des armes importées d’Iran. Ils ont fait passer en contrebande des projectiles explosifs hautement meurtriers (les EFP : Explosives Formed Projectiles) pour tuer des soldats américains. En bref, les Groupes Spéciaux irakiens soutenus par l’Iran ont empêché le Gouvernement d’Irak de contrôler effectivement le pays en 2006, et même retiré certains éléments du contrôle de Moqtada Sadr. Durant les récents heurts, les Groupes Spéciaux coordonnaient le chaos et les attaques de l’armée du Mahdi régulière dans la capitale et dans les provinces. En retour, l’Armée du Mahdi facilitait les mouvements des Groupes Spéciaux dans Bagdad.

Moqtada Sadr a ordonné à sa milice de cesser le feu le 30 mars, après que des représentants du parti Da’wa de Mr Maliki et quelques autres ont séjourné en Iran pour parler avec le Commandant en chef de la Force Quds (NdT : le Général Suleimani). Quelques jours plus tôt, dans une longue interview accordée à Al Jazeera depuis une ville iranienne, Mr Sadr a requis la relaxe de Qais Khazali des prisons US. La récente violence généralisée a pris fin uniquement lorsque la Force Quds jugea que c’était nécessaire.

Où est-ce que tout cela nous entraîne? Les opérations de l’armée irakienne à Bassorah n’ont pas pour autant éliminé les milices qui étaient présentes. L’Armée du Mahdi et les Groupes Spéciaux ont évidemment consolidé leurs défenses autour du périmètre de la ville, ainsi que dans certains faubourgs, que l’armée irakienne n’est pas, à cette heure, capable de réduire tout-à-fait. Mais l’opération a aussi révélé les nouvelles forces du Gouvernement irakien et des forces de sécurité.

 

Mr Maliki a fait la démonstration de sa volonté de défier les milices shiites et l’Iran dans le coeur de l’Irak shiite. Les forces de sécurité irakiennes ont démontré de façon éclatante leur capacité à défendre le centre de l’Irak et à étouffer une insurrection de l’Armée du Mahdi et des Groupes spéciaux dans les villes les plus importantes entre Bagdad et Bassorah. Il faudra résourdre les problèmes de sécurité subsistants lors de futures opérations, que nous devrions encourager le Gouvernement d’Irak à entreprendre après une planification plus étoffée et, peut-être, un renforcement.

Le récent conflit en Irak a également révélé pas mal de choses concernant nos ennemis. L’intensité des activités des Groupes Spéciaux a augmenté entre janvier et mars. Les forces américaines et irakiennes ont découvert de vastes caches d’EFP et de nouvelles roquettes iraniennes qui, bien souvent, annoncent une offensive des Groupes Spéciaux. Les opérations à Bassorah semblent avoir poussé par anticipation les Groupes Spéciaux et l’Armée du Mahdi à lancer cette offensive prématurément, en désaccord avec leur plan initial. Et elle n’a pas pu réussir.

L’Iran et Mr Sadr ne peuvent tout simplement pas déchaîner une flambée de violence susceptible de submerger les forces de sécurité irakienne partenaires des unités de l’armée américaine, puisque celles-ci sont tout-à-fait capables de faire face à une telle situation. Malgré toute sa rhétorique nationaliste, Mr Sadr n’est évidemment pas (ou plus) maître de son propre mouvement – il apparaît que la décision de combattre ou pas reste entre les mains du Commandant des Forces Quds et pas entre les siennes. Mais les milices de Sadr restent une réserve dans laquelle les Groupes Spéciaux peuvent et veulent pouvoir puiser en cas de crise.

Ces évènements fournissent une énorme occasion autant pour les Etats-Unis que pour l’Iran – et quel que soit l’Etat qui répondra le plus intelligemment et le plus rapidement aux circonstances sur le terrain, c’est lui qui engrangera les bénéfices. Les Etats-Unis devraient encourager et soutenir la louable détermination du Gouvernement irakien à rétablir les normes de la loi à travers tout l’Irak, et plus seulement là où les forces américaines sont présentes.

Les Etats-Unis et le gouvernement irakien doivent également étendre aux zones shiites l’initiative des “Fils de l’Irak” – le programme que les Irakiens locaux de Bagdad, de l’Anbar et de Diyala ont utilisé pour sécuriser leurs communautés aux côtés des forces irakiennes-. L’Amérique devrait fournir des financements et un soutien pour ces groupes dans le Sud, des services à leurs communautés, de la même façon qu’elle a su le faire dans les zones sunnites. Les “Fils de l’Irak” ont le potentiel pour transformer en profondeur les politiques irakiennes, rendant les Shiites plus responsables des réponses à apporter aux besoins des populations et moins attachés à subir l’influence de l’Iran.

Par-dessus tout, les Etats-Unis doivent reconnaître que l’Iran est engagé dans une guerre totale contre eux, par procuration en Irak. Les agents iraniens et leurs forces militaires sont activement en train d’attaquer les forces américaines et le Gouvernement irakien. Chaque roquette qui atterrit dans la Zone Verte devrait nous rappeler que les objectifs iraniens ne sont, de toute évidence, pas bienveillants – ils consistent au mieux à déstabiliser et au pire, sont hégémoniques. Les Etats-Unis doivent vaincre al Qaeda en Irak et protéger l’Irak de l’intervention militaire directe de l’Iran. Manquer à cela ne fera qu’inviter la domination iranienne à s’exercer sur un Etat arabe qui, désormais, ne demande qu’à être notre allié.

 

 

 

Madame Kagan est présidente de l’Institut d’études de la Guerre.
Ses rapports sur les opérations militaires en Irak sont accessibles sur:
http://www.understandingwar.org/

 

 

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