Un groupe de généraux et d’officiers a lâché jeudi une salve de critiques contre le Livre blanc sur la défense, annonciateur, d’un déclassement militaire de la France, une accusation vigoureusement récusée par le ministre Hervé Morin. Autobaptisé Surcouf, du nom du légendaire corsaire malouin, ce groupe d’officiers étoilés et galonnés des trois armes (terre, air et mer) fustige sur une pleine page des “Débats” du Figaro les incohérences du Livre blanc. Le réquisitoire paraît 48 heures après la publication de la nouvelle “bible” des priorités stratégiques de la France à l’horizon de 2020, solennellement présentée mardi par Nicolas Sarkozy devant 3.000 militaires. Pour “Surcouf”, la volonté présidentielle aurait été largement dénaturée par ceux, politiques, militaires ou personnalités qualifiées, qui avaient la charge de la mettre en oeuvre. Le porte-parole du ministère de la Défense Laurent Teisseire a affirmé qu’il n’avait pas la moindre idée de l’identité des auteurs de ce texte.
Le groupe dénonce une longue série d’incohérences : réduction de l’effort de défense de l’Europe et de la France quand les dépenses militaires mondiales ont progressé de 45% en dix ans, diminution des effectifs de l’armée de terre, report de la décision sur un second porte-avions… “Nous baissons la garde”, déplorent-ils. “Nous abandonnons aux Britanniques le leadership militaire européen, alors que nous connaissons la nature particulière de leurs relations avec les Etats-Unis. La France jouera désormais dans la division de l’Italie. Il est inutile de se payer de mots”. Dès la mi-mai, le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, avait lancé une critique sibylline à la priorité donnée par le Livre blanc au renseignement quand les effectifs des armées seront réduits: “Savoir sans pouvoir n’est jamais d’une grande utilité”. Mais la charge la plus violente était revenue au général Jean-Claude Thomann, ancien para familier des terres africaines, qui affirmait au même moment que l’armée de terre ne pourrait “même plus remplir les gradins du Stade de France”. Inquiétude fondée ou fausse alerte ?
Il y a encore beaucoup d’officier dans l’armée française qui passent leurs journées à glander et n’ont rien d’autre à faire que pondre ce genre de reflexion inepte.
Depuis la chute du Mur de Berlin et de 11 Septembre, et malgré la professionnalisation (qui a été sans doute la seule bonne réforme des 12 ans de Chirak), l’organisation de l’armée française a à peine évoluée.
A quoi servent tous ce personnel d’armée de terre, ces chars d’assault et autres équipements incapables de voyager (on a vu au Liban quels problèmes ils rencontraient pour faire quelques kilomètres de route)???
A quoi sert tout le bla-bla sur l’Europe si on n’est pas capable de batir des grands groupes européens militaro-industriels pour fabriquer des avions, véhicules en nombre suffisant pour éviter les fiasco à répétition (Char Leclerc, Rafale) qui ont couté des milliards d’Euros.
Des milliards d’Euros qui manquent pour faire un 2e porte-avion totalement indispensable (sinon, le jour où on aura besoin du Ch.De Gaulle, celui-ci aura une chance sur 3 d’être indisponible).
Et bien entendu, le renseignement est un élément essentiel pour faire face aux menaces notamment terroristes qui sont infiniment plus dangereuses que les quelques pays avec lequels il reste un risque minime de conflit.
Jean-Yves Waquet, contre-amiral en 2ème secion de la Marine Nationale et ancien commandant du SNLE Le Redoutable, déclare dans un communiqué : “(…) le Président de la république (…) tente de présenter les orientations du livre blanc d’une manière favorable alors que ce beau discours ne fait que cacher la réalité, c’est à dire une diminution significative de nos forces opérationnelles, en personnels et en matériels. (…) En effet, s’il est tout à fait louable de prendre en compte la menace terroriste et de développer nos capacités d’anticipation par le renseignement, il est en revanche imprudent de diminuer nos moyens d’actions avec la réduction importante du format prévu de nos armées de terre, de mer, et de l’air. (…) “En fait, cet effort (de défense) n’a cessé de diminuer depuis quinze ans et se trouve réduit aujourd’hui, bien en deçà du discours officiel « d’environ 2% », à près de 1,5%, hors pensions et hors gendarmerie, soit nettement moins que la Grande-Bretagne. Le MNR considère donc que malgré un discours de façade, la réduction annoncée de nos moyens militaires traduit en fait un manque de volonté politique d’une défense à la hauteur du rôle que la France devrait avoir l’ambition de jouer, dans un monde de plus en plus instable et dangereux.”