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Vive l’amitié Suisse – Hezbollah
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Miguel Garroté – Je traite très rarement de la Suisse dans mes articles. Car les sites et blogues de notre communauté de pensée traitent d’enjeux stratégiques à long terme. Et non pas d’enjeux tactiques à court terme. La Suisse est trop petite pour qu’on la gronde. Cela dit, les « affolantes idioties » (formule de l’ecclésiaste dans le premier testament) que je lis dans la presse suisse romande (francophone) et les actes « stupides » (formule du Roi David dans l’un de ses Psaumes) qui jaillissent de la politique étrangère suisse, m’obligent, parfois, à traiter de ce petit pays que j’aime, mais dont la classe politico-médiatique bat régulièrement des records de médiocrité clownesque. La dame Calmy qui veut discuter avec Ahmadinejad et Ben Laden, les bourdes helvétiques en Colombie, la farce grotesque du fiston Kadhafi à Genève et la réaction non moins grotesque qui s’en suivit chez la dame Calmy – encore elle – bref tout ceci finit par irriter quelque peu.
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La dernière prestation digne des pieds nickelés est à chercher du côté de swissinfo, plus précisément le sieur Pierre Vaudan, qui sauf erreur depuis Beyrouth, le vendredi 3 octobre 2008, nous raconte la fraternité Suisse-Hezbollah. Ainsi, le sieur Pierre Vaudan nous assène : « Ambassadeur (ndlr : de Suisse) depuis un peu plus de deux ans à Beyrouth, François Barras est formel. Dans sa pratique diplomatique, la Suisse entretient des ‘relations logiques’ avec les membres du Hezbollah ». Et l’ambassadeur Barras – quant à lui – en rajoute une couche : « Nous sommes en contact régulier avec leurs députés ou leurs ministres dans le cadre de différents dossiers que nous traitons, explique-t-il. Cela ne nous pose aucun problème puisque ce parti est l’une des forces politiques du Liban ». Après ce propos du diplomate Barras, le sieur Vaudan enchaîne : « Que le département d’Etat américain considère le Hezbollah comme un groupe terroriste ne concerne donc pas la Suisse ». « Donc », écrit Vaudan.
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Et le sieur Vaudan continue : ” Chargée d’affaires de l’ambassade, Carine Carey, ancienne porte-parole de la cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey (ndlr : ceci explique cela), précise ainsi que ‘notre pays ne considère pas le Hezbollah comme une organisation terroriste car, contrairement au cas d’Al-Qaïda par exemple, il n’y a pas de résolution de l’ONU allant dans ce sens. La Suisse, souligne-t-elle, ne suit pas de recommandations autres que celle qui émane des Nations Unies en la matière’ “. Sans commentaires. Puis le sieur Vaudan pose doctement la grande question : « Mais qui est donc ce Hezbollah honni par les Américains ». Sous entendu honni par ces crétins d’Amerloques mais pas par les gentils Suisses intelligents. Le sieur Vaudan – il fallait s’y attendre – nous explique également que le Hezbollah a été fondé à la suite de l’invasion israélienne…
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Je vous épargne la suite, sans quoi je vais rédiger ci-après des commentaires qui sortent du cadre de la courtoisie la plus élémentaire. Sachez simplement que le sieur Vaudan poursuit ainsi son laïus : « Pour tenter d’en savoir plus sur ce que veut vraiment le Hezbollah au Liban, nous avons obtenu une rencontre exclusive avec le Cheikh Naïm Kassem, numéro 2 du Hezbollah ». Noter bien la phraséologie du sieur Vaudan : il s’agit d’interviewer un mollah intégriste et criminel pour en savoir plus sur ce que veut vraiment le Hezbollah au Liban. Je m’arrête là. Et je note qu’en d’autres contrées francophones – Wallonie, Québec, France – il se serait trouvé un Menahem Macina ou un William Goldnadel pour moucher comme il faut le sieur de service : en Suisse romande la communauté n’a-t-elle personne en son sein pour moucher le petit vaurien ? Remarquez, ça peut encore venir, y’a pas le feu au lac…
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Miguel Garroté
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ca me fait penser le décalage sévère qu’il y a entre les politiques suisses et sa population (tout du moins les suisses germanophones) : quand je pense aux hold up politique qu’une certaine droit suisse a subit face aux gauchistes de ce meme pays…..
Certes, la Suisse a besoin de conforter son individualité politique, son indépendance énergétique et sa neutralité face a une Europe qui l’encercle et dans un monde où elle n’existe que par la beauté de ses paysages mais surtout par l’importance des dépôts internationaux dans ses coffres.
Tourisme et banque et un peu d’Appenzell…that’s all !
Même plus les montres (ou presque…) !
Il me semble qu’elle associe ce que l’on voit dans presque tous les pays protestants ayant subi un petit (?) virage à gauche, la déviation de type Troyens hippophiles associant tolérance du minoritaire que l’on a été et dont l’on a souffert et angélisme gnangnan à une hypocrisie helvétique assez spécifique, celle pratiquée déjà dans les années 39/45 et assez axée sur les “jaunets” en piéces ou lingots !
Ne pas oublier qu’être la plaque tournante des tractations et du marché international des armes dont l’Iran et ses affidés sont les plus grands utilisateurs comporte un aspect lucratif difficile à ingnorer !…
Si l’on y ajoute le gaz;..ça vaut quand même un p’tit coup de voilage !…
Miguel a écrit : “Et je note qu’en d’autres contrées francophones – Wallonie, Québec, France – il se serait trouvé un Menahem Macina ou un William Goldnadel pour moucher comme il faut le sieur de service : en Suisse romande la communauté n’a-t-elle personne en son sein pour moucher le petit vaurien ? Remarquez, ça peut encore venir, y’a pas le feu au lac…”
Et bien si, jusqu’à la fin du mois de juillet, la Suisse avait leur ‘Miguel Garroté’ : Alain Jean-Mairet (qui a d’ailleurs beaucoup traduit Macina). Mais comme je le disais, il a fermé ses blogs à la fin du mois de juillet. J’espère qu’il va nous revenir très bientôt, la Suisse a besoin de lui …
L’un de ses blog : http://www.ajm.ch/wordpress/
Quelques uns de ses articles ici : http://israel-forum-religion.xooit.com/t580-Une-certaine-Suisse.htm
Jerusalem Post
25 septembre 2008
http://fr.danielpipes.org/article/5916
Version originale anglaise: Appease Iran?
Après Hitler, la politique d’apaisement envers les dictateurs, tournée en ridicule par Churchill qui parlait de nourrir un crocodile en espérant être mangé le dernier, semblait être définitivement discréditée. Elle n’en a pas moins connu quelques succès, et reste aujourd’hui une tentation bien vivante pour ce qui concerne les négociations avec la République Islamique d’Iran.
Les universitaires ont, depuis longtemps, remis en question les discours péjoratifs tenus sur le sujet. En 1961 déjà, A.J.P. Taylor d’Oxford justifiait les efforts de Neville Chamberlain, et Christopher Layne, de la Texas A&M University affirme aujourd’hui que « Chamberlain a fait de son mieux avec les cartes qu’il avait en main ». Daniel Treisman, chercheur en sciences politiques à UCLA trouve que les préjugés courants concernant l’apaisement sont trop répandus, et son collègue Ralph B.A. Dimuccio de l’University de Floride qualifie ceux-ci de « simplistes ».
Neville Chamberlain a parlé, de manière très erronée, de « paix pour notre époque » le 30 septembre 1938.
On trouve ce qui constitue peut-être l’approche la plus convaincante de la thèse pro-apaisement chez Paul M. Kennedy, un historien britannique qui enseigne à l’Université de Yale. Celui-ci a montré que l’apaisement avait une histoire longue et crédible. Dans un article de 1976, « La tradition de l’apaisement dans la politique étrangère britannique 1965-1939 », Kennedy a défini l’apaisement comme une méthode de règlement des conflits consistant à «admettre les griefs et à y répondre par le biais de négociations rationnelles et de compromis », ce qui permet d’éviter les horreurs de la guerre. C’est, notait-il, une approche optimiste, reposant sur l’hypothèse que les êtres humains sont raisonnables et pacifiques.
De l’époque du Premier ministre William Gladstone jusqu’aux années 1930, où il s’est trouvé discrédité, le mot apaisement était, selon la description de Kennedy, « parfaitement respectable » et désignait même « une forme de diplomatie spécifiquement britannique », fort bien adaptée aux spécificités du pays et aux circonstances. Kennedy notait que la politique d’apaisement avait quatre bases quasi permanentes qui s’appliquent toutes particulièrement bien aux Etats-Unis aujourd’hui :
En conséquence, pendant plus de sept décennies, Londres a mené, avec de rares exceptions, une politique étrangère « pragmatique, conciliante et raisonnable ». Les autorités ont pu voir à de nombreuses reprises que le « règlement pacifique des conflits était plus avantageux pour la Grande Bretagne que le recours à la guerre ». L’apaisement a, en particulier, influencé de manière constante la politique britannique vis-à-vis des Etats Unis (pour ce qui a concerné, par exemple, le canal de Panama, la frontière de l’Alaska, ou l’Amérique latine en tant que sphère d’influence américaine) et vis-à-vis de l’Allemagne Wilhelmienne (la proposition de « vacance navale », les concessions coloniales, la retenue dans les relations avec la France).
Kennedy estime qu’il s’est agi d’une politique qui a guidé positivement, des décennies durant, les relations étrangères de l’Etat le plus puissant du monde et que celle-ci a incarné « certains des aspects les plus subtils de la tradition politique britannique ». Faute d’être un brillant succès, l’apaisement a permis à Londres de gérer l’influence croissante de ses rivaux non idéologiques tels que les Etats Unis ou l’Allemagne impériale, qui ont en général préféré accepter des concessions plutôt qu’envenimer les choses. Cela a ralenti le doux déclin du Royaume Uni.
Après 1917 et la révolution bolchévique, néanmoins, la recherche du compromis n’a pas réussi à modérer le nouveau type d’ennemi idéologique qui a fait son apparition : Hitler dans les années 1930, Brejnev dans les années 1970, Arafat et Kim Jong Il dans les années 1990, et aujourd’hui Khamenei et Ahmadinejad. Les idéologues exploitent les concessions et passent de manière trompeuse des accords qu’ils n’entendent pas respecter. Dès lors qu’ils aspirent à l’hégémonie globale, ils ne peuvent être apaisés. Des concessions à leur égard équivalent véritablement à nourrir le crocodile.
Aussi inadapté soit-il aujourd’hui, l’apaisement ne cesse de séduire les esprits modernes, et refait inéluctablement surface lorsque les Etats démocratiques font face à des ennemis, fussent-ils idéologiques et agressifs. Pour ce qui concerne l’Iran, par exemple, George W. Bush a beau avoir courageusement dénoncé « le faux confort de l’apaisement, qui a été discrédité de manière répétée par l’histoire », le directeur du Middle East Quarterly, Michael Rubin, n’en discerne pas moins dans les réalités de la politique américaine que « Bush présentement apaise l’Iran ».
Pour résumer, la politique d’apaisement existe depuis un siècle et demi. Elle a connu quelques succès et n’a pas disparu. Mais lorsqu’on a affaire à des ennemis idéologiques il faut lui résister lucidement, à moins d’ignorer les leçons tragiques des années 1930, 1970 et 1990, et de prendre le risque de voir les erreurs se répéter.
@ Barakat :
J’ai écrit : « Cela dit, les « affolantes idioties » (formule de l’ecclésiaste dans le premier testament) que je lis dans la presse suisse romande (francophone) et les actes « stupides » (formule du Roi David dans l’un de ses Psaumes) qui jaillissent de la politique étrangère suisse, m’obligent, parfois, à traiter de ce petit pays que j’aime, mais dont la classe politico-médiatique bat régulièrement des records de médiocrité clownesque ».
Point de généralité, donc….