Chrétiens persécutés : indifférence ?
Est-il politiquement incorrect de défendre les minorités chrétiennes dans le monde ?
Ce sentiment diffus a été un des ressorts de la démarche de René Guitton, membre du réseau des experts de l’Alliance des civilisations des Nations unies, qui a voulu levé le voile sur cette réalité, qu’il jugeait trop méconnue, dans l’ouvrage “Ces chrétiens qu’on assassine” (1).
“La défense des droits de l’homme est née de la lutte pour la protection des minorités religieuses ou ethniques, jadis persécutées. Les juifs, les Noirs ou les musulmans en Europe et en Amérique, entrent dans ce schéma”, explique le militant pour le dialogue des cultures.
“L’Occident, de plus en plus déchristianisé , peine à imaginer que les chrétiens puissent être persécutés parce que chrétiens. Car être chrétien, selon un raccourci fréquent, c’est être du côté du pouvoir“. En cause, selon René Guitton, “la formidable méconnaissance que les opinions publiques occidentales ont de la situation des chrétiens dans le monde“, dans des régions comme le Maghreb, l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient, et “la marginalisation progressive (de ces) minorités chrétiennes dont le poids démographique et politique ne cesse de faiblir“.
Or, c’est une évidence, la protection des minorités chrétiennes relève de la défense des droits de l’homme. Le livre de René Guitton, un autre ouvrage, “La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde” (2), dû à Raphaël Delpard, et un colloque organisé par le CDH ce vendredi à la Maison des Parlementaires à Bruxelles(3) viennent opportunément rappeler l’acuité d’une situation qui, à l’aune de la montée des fondamentalismes islamique et hindouiste, est loin de s’améliorer.
Lutte contre le prosélytisme
Dans son livre, René Guitton relève quelques tendances significatives. Ainsi, au Maghreb, les accusations de prosélytisme dont sont de plus en plus victimes les chrétiens, singulièrement en Algérie, sont alimentées par des perceptions erronées par les populations locales de l’arrivée de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne et de l’installation de retraités européens, mais aussi par la diffusion de messages religieux par de nouveaux canaux, comme l’Internet, un domaine dans lequel les protestants évangéliques, rompus aux méthodes américaines, sont très actifs.
En Algérie de surcroît, la politique de “concorde civile”, qui a promu la réintégration des jihadistes armés dans la vie civile moyennant l’abandon de la lutte armée, s’est accompagnée d’une radicalisation à l’encontre des minorités religieuses, gage donné aux islamistes au nom de la pacification.
Autre tendance, les préférences politiques des chrétiens d’Orient se portent souvent vers des régimes autoritaires, pour autant qu’ils garantissent la liberté de culte et de l’enseignement. Cela explique la bienveillance des chrétiens à l’égard du régime syrien comme jadis, celle envers l’Irak de Saddam Hussein, deux Etats, qui plus est, officiellement laïcs.
Dans ce dernier pays, il est vrai que depuis 2004, les violences antichrétiennes visant spécifiquement les chrétiens en tant que groupe sont innombrables.
Des pays où la Constitution, tout en reconnaissant que l’islam est religion d’Etat, protège les autres minorités religieuses, comme l’Iran, voient parfois la pratique s’éloigner très fortement du principe de la loi, relève René Guitton; ce qui fait que les chrétiens y sont tout de même discriminés et obligés d’adopter des profils de citoyens soumis.
Ainsi, en Israël, les chrétiens israéliens, notamment issus de la communauté russophone, sont considérés, au même titre que les Arabes israéliens, comme des “citoyens de seconde zone”.
Au sein de l’Autorité palestinienne, l’exode des Palestiniens chrétiens a crû à la mesure de la montée de l’islamisme et de l’évolution d’une société “moins tolérante et moins ouverte à l’idée de la coexistence, en son sein, de différentes religions“. La montée de l’islamisme, au Moyen-Orient, reste bien sûr la plus sérieuse menace contre les minorités religieuses. Mais René Guitton observe des signes d’apaisement et d’ouverture dans les pays du Golfe.
(1) Ed. Flammarion, Paris 2009, 334 pp. env. 21 €. (2) Ed. Michel Lafon, Paris 2009, 348 pp. env 20 €. (3) Maison des parlementaires, salle des Congrès, rue de Louvain, 21, Bruxelles, de 9 h 30 à 13 h.
Gérald Papy
Mis en ligne le 20/03/2009
http://www.lalibre. be/actu/monde/ article/489955/ chretiens- persecutes- indifference. html?utm_ source=Newslette r&utm_medium=Email&utm_campaign= La+minute+ libre
Ps : que dites vous de cet article , du problème soulevé et selon vous , selon quels critères est il permis de dire aussi :
”Ainsi, en Israël, les chrétiens israéliens, notamment issus de la communauté russophone, sont considérés, au même titre que les Arabes israéliens, comme des “citoyens de seconde zone”…
A vous lire , si vous le voulez bien.
Rachel
Il me semble que s’il devait y avoir une forme de discrimination ce serait, éventuellement, plutôt sur l’origine russe des personnes et non sur leur religion chretienne. Personnellement je n’y crois pas, de même qu’il est exagéré de dire que les arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone.
D’où l’auteur tire-t-il ses conclusions, mystère. Quant au fait que les minorités chrétiennes sont maltraitées dans les pays arabes, il n’y a qu’à constater les lois passées restreignant leurs droits et l’émigration de cette population qui ne supporte plus les conditions qui leur sont faites. Ce n’est vraiment pas la même chose en Israël. Mettre Israël et les pays arabes dans le même panier est une imposture intellectuelle.
Officiellement on clame l’unité nationale entre Musulmans et Chrétiens et les représentants de la Communauté Chrétienne confirment cette annonce. Mais sur le terrain, les Chrétiens de l’Autorité Palestinienne ont peur, la population de Bethlehem, par exemple, étant passé de 60% en 1990 à 20% aujourd’hui. Et on peut craindre que la minuscule communauté de Gaza ne disparaisse dans peu de temps.
“Mais ces événements ne sont que le reflet d’un processus général qui est en cours dans tout le Moyen Orient et dont les médias occidentaux et les ONG ne parlent pas, préférant ignorer cette dure réalité du terrain. Et le résultat est l’agonie d’une très vieille communauté du Moyen Orient.”
J’ai entendu dire qu’en Israel les musulmans et les chrétiens ne pouvaient pas être militaires.
Ca me parait très bizarre.
Quelqu’un si c’est vrai ou pas ????
http://pasta.cantbedone.org/pages/xCo0Df.htm
http://www.jamestown.org/programs/edm/single/?tx_ttnews%5Btt_news%5D=34690&tx_ttnews%5BbackPid%5D=27&cHash=fbc6d957b2
La saison de la guerre approche dans le Caucase
Pavel Felgenhauer, Eurasia Daily Monitor, 12 mars 2009, Volume: 6 Issue: 48
Le brouillard plane sur la route de montagne entre la Russie et la Géorgie
C’est le début du printemps et dans les cols qui séparent la Géorgie de la Russie, un jour il neige et l’autre c’est de la neige fondante ou de la pluie.
Les avalanches et les glissements de terrain dus à la neige fondante obstruent régulièrement la seule route qui relie la Russie à la région sécessionniste d’Ossétie du Sud à travers le tunnel de Roki (RIA Novosti, 9 mars). Dans les montagnes, les nuages bas et le brouillard maintiennent au sol les hélicoptères et les avions russes pour des jours et des semaines. Mais dans deux mois, ce sera le beau temps. En mai la dernière neige fondra sur les hauts cols de montagne, et ce sera de nouveau la saison de la guerre dans la région.
La saison où la guerre était physiquement impossible dans le Caucase est aujourd’hui presque terminée, alors que les tentatives hésitantes de médiation de l’Union européenne pour renforcer le cessez-le-feu n’ont pratiquement rien obtenu. Le mois dernier, à la demande de la Russie, les négociations de paix à Genève parrainées par l’UE ont été suspendues jusqu’à fin juin (RIA Novosti, 19 février). Étant donné que Moscou refuse tout contact avec Tbilissi en dehors du cadre de Genève, ce report de quatre mois est potentiellement un très mauvais signe.
Le cessez-le-feu demeure fragile, les deux parties échangeant des accusations réciproques, et parfois des tirs sporadiques à balles réelles.
L’OSCE, l’ONU, et les observateurs désarmés de l’UE n’ont pas le mandat ni la capacité de séparer les forces en conflit ni d’imposer une trêve permanente et durable.
Les observateurs ne sont pas armés, ils ne peuvent même pas exercer un rôle de police minimum pour empêcher le banditisme et le pillage dans la zone immédiate du cessez-le-feu.
Il n’y a donc pas du tout de désengagement des forces, des policiers géorgiens armés sont déployés dans la ligne de cessez-le-feu en contact direct avec les bandes armées de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, ce qui rend pratiquement inévitables des incidents armés continuels.
La semaine dernière, le dirigeant de l’Ossétie du Sud, Eduard Kokoïty a affirmé,
« Actuellement, il y a du côté géorgien environ 2500 hommes en armes qui sont déployés et qui construisent des fortifications dans la zone du conflit »,
tandis que les observateurs de l’UE « contribuent à l’aggravation de la situation » (RIA Novosti, 6 mars).
La mission de l’UE a déclaré à maintes reprises qu’elle ne voyait aucune concentration de forces géorgiennes dans la zone du cessez-le-feu. Les Ossètes répondent en accusant la mission de l’UE
« de fermer délibérément les yeux sur les préparatifs d’agression militaire de la Géorgie » (Interfax, 9 février).
Ces déclarations incendiaires et les affrontements intermittents pourraient facilement dégénérer en un conflit majeur quand la saison chaude de la guerre arrivera dans le Caucase.
Pour aggraver les choses, on a annoncé que l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud vont bientôt commencer à appliquer des accords avec la Russie pour patrouiller ensemble « les frontières avec la Géorgie » (Interfax, 11 mars).
Cela pourrait mettre davantage de russes en position de danger dans la zone des affontements intermittents. Toute blessure de soldats russes que l’on pourrait attribuer aux forces géorgiennes peut servir de casus belli.
En Géorgie, la situation politique est de plus en plus tendue, avec différentes factions d’opposition qui exigent la démission du président Mikheil Saakachvili (RIA Novosti, 10 mars).
Guiorgui Targamadzé, chef du Parti d&