C’est l’histoire de la lettre d’une déportée, censurée par la mairie de Parthenay dans les Deux Sèvres.
Je ne sais pas ce qui est le pire. La censure, l’indifférence à la censure, la vile lâcheté de celui qui ne veut pas être dérangé. L’antisémitisme. Tout se croise, tout se rejoint.
Ida Grinspan a 14 ans. Elle est juive. La France est en plein nettoyage ethnique. On est en 1944. Le 30 janvier 1944 exactement. Ce jour là, trois gendarmes français viennent l’arrêter, là où elle se cache à la campagne. Elle est née en 1929 à Paris dans le 12e arrondissement. Comme ma mère. Direction Auschwitz, ou elle arrive le 13 février 1944. La Société Nationale des Chemins de Fer Français, la SNCF, est efficace.
« J’avais 14 ans mais j’ai eu énormément de chance. Je faisais plus que mon âge et le SS n’a pas remarqué que je n’avais pas l’âge. Je suis rentrée dans le camp par miracle, car les enfants n’étaient pas admis à Auschwitz. Je suis restée 11 mois à Birkenau- Auschwitz. Nous avons été évacués le 18 janvier 1945. J’ai fait la fameuse marche de la mort pendant trois jours et trois nuits » (la « marche de la mort » fut le nom donné à la marche forcée des prisonniers libérés à la hâte pour ne pas laisser de trace, dans des conditions hivernales extrêmement dures. Les SS abattaient comme des chiens ceux qui ne pouvaient plus marcher. Des milliers de prisonniers moururent. De froid. De faim. D’épuisement. Et abattus par les SS)
« Je suis repartie ensuite au camp de Neustadt ou je suis tombée très malade. J’ai attrapé le typhus. Mais ce n’était plus un camp d’extermination comme Auschwitz. C’était un camp de concentration qui n’avait pas de chambres à gaz. On avait des camarades qui partaient à l’infirmerie, elles sentaient qu’elles n’allaient pas revenir, elles nous disaient : « surtout si vous revenez, faudra leur dire. On vous croira pas mais faudra leur dire ». Leur hantise c’était que le monde ne sache pas ce qui s’était passée.
« Il m’a fallu 18 mois pour guérir. Je suis revenue à Paris, j’avais presque 17 ans. J’ai retrouvé mon frère qui n’avait pas été déporté. Mes deux parents sont morts à Auschwitz. »
Le 22 avril 2010, les élèves de Parthenay devaient lire la lettre, écrite par une vieille Ida Grinspan dont le regard se perd dans le vide, et qui raconte le sort d’une petite juive française de 14 ans déportée dans l’indifférence de nombreux français, par des gendarmes français, par la SNCF française, par des fonctionnaires français, par la France, en 1944.
Mais en 2010 la France n’a pas encore dit son dernier mot.
Car Michel Birault, l’adjoint aux affaires patriotiques (sic) de la ville de Parthenay, ancien gendarme, n’aime pas cette lettre. Elle le heurte.
Oh ce n’est pas la déportation de cette fillette de 14 ans, heureuse et insouciante, prête à vivre son adolescence, le plus bel âge de la vie, qui le gêne. Ni qu’à l’âge de 17 ans, après trois ans de camps, elle soit revenue de la mort pour encore endurer la disparition de ceux qu’on appelle encore à cet âge mon papa et ma maman.
Nooooon.
Ce qui heurte Michel Birault, c’est que dans sa lettre, Ida Grinspan parle de « trois gendarmes français qui sont venus la chercher ». Il exige qu’on remplace « gendarmes » par « hommes », ce qui sera fait.
Mais la France n’a toujours pas dit son dernier mot.
La lettre est apportée ensuite au sire Xavier Argenton, maire de Parthenay de son état, qui refuse catégoriquement sa lecture. «Ne stigmatisons pas une catégorie professionnelle qui dans ces temps troubles avait obéi aux ordres de l’autorité légitime», cette lettre «n’est pas de nature à apaiser les ressentiments à une époque où le repentir est malheureusement mis en exergue».
Ainsi la France de 2010 refuse toujours de regarder son passé en face.
Peu de choses séparent ces deux fonctionnaires de l’état français, Michel Birault et Xavier Argenton, de ces autres fonctionnaires, gendarmes, cheminots et agents de la SNCF, supérieurs hiérarchiques qui donnaient le coup de tampon et signaient les courriers administratifs, les ordres d’obéir. La censure, l’indifférence à la censure, la vile lâcheté de celui qui ne veut pas être dérangé. L’antisémitisme. Tout se croise, tout se rejoint.
Avec tout le raffut que la lettre de Ida Grinspan aura déclenché dans la calme ville de Parthenay, je me demande ce qui occupe les pensées de Xavier Argenton, maire de son état, et Michel Birault et d’autres encore. « C’est toujours la faute aux juifs » ?
un bon coup de pied au cul !
c’est ce qui manque à ce connard !
(excusez la grossierté, mais la je pense que c’est justifié)
Il ne veut pas être stigmatisé pour ce qu’il a fait mais il votera pour une belle mosquée, ce crétin putride !
Bien à vous.
Gérard Brazon
http://puteaux-libre.over-blog.com
C’est effectivement d’un ridicule achevé !! Dans ce cas, va-t-on reprocher aux soldats de 2010 les erreurs qu’ont effectuées leurs supérieurs en 14-18 ?
Honteux !! Une fois de plus !!
Malheureusement, Madame Grinspan n’est pas la seule victime, non seulement d’une idéologie totalitaire qui a failli l’exterminer, mais également de la lâcheté de ses compatriotes actuels qui tremblent dans leur peau à l’idée d’évoquer le fait indiscutable de la collaboration des forces de l’ordre de l’époque avec les nazis. L’un des arguments avancés par les autorités de Parthenay pour blanchir les gendarmes « qui n’ont fait qu’obéir aux ordres » est d’ailleurs le même que celui utilisé par les accusés de Nuremberg (comme si le fait de recevoir des ordres nous dispensait d’avoir une conscience, et en dépit du fait que le Général Leclerc, lui, affirmait qu’il ne fallait jamais obéir à un ordre stupide).
Dans une petite ville du Connecticut (USA), le même type de dérobade oppose depuis des années le père d’un jeune homme de 23 ans massacré dans la Tour Nord du World Trade Center le 11 septembre 2001. La ville de Kent souhaiterait honorer la mémoire de la victime par l’apposition d’une plaque à la mairie, mais refuse d’y inclure la mention exigée par son père qui ne fait que refléter la vérité : « Assassiné par des terroristes musulmans ». Le motif avancé par les autorités : une telle mention ferait trop de peine à LA famille musulmane de la ville de Kent (qui n’a bien entendu même pas eu la décence de témoigner sa compassion, sinon son soutien, au père de la victime). Comme si ce massacre de 3.000 civils n’était pas considéré comme un haut fait d’armes par les musulmans du monde entier en marche pour la conquête de l’Occident.
Et puis au siècle dernier, il y a le génocide des Arméniens par les Turcs, également documenté et indiscutable, mais nié par la Turquie d’aujourd’hui et que trop de pays refusent encore d’appeler par son nom.
Intérêts nationaux supérieurs, diplomatie, politique, yada yada yada.. La vérité, quelque pénible qu’elle puisse être, ne gagne rien à être niée, et plus on tarde à la reconnaître, plus elle fait de dégâts.
Oui, des gendarmes français et une grande partie de la population ont collaboré avec les forces d’occupation nazies pendant la seconde guerre mondiale,
Oui, les musulmans ont commis, et continuent de commettre la plupart des actions terroristes des cinq dernières décades avec l’approbation tacite de tous leurs adeptes,
Oui, la Turquie a perpétré le génocide des Arméniens en 1915.
C’est comme ça, et pas autrement.
Jean patrick,
Comment dire ? Réaction idiote , c’est sûr et qui démontre que la vérité objective qui dérange n a plus grand chose à voir avec une vérité officielle tisée de pseudo neutralité.
L’histoire que je raconterai du gendarme Berger , grand père de mon amie Agnès, vient rehausser le blason de la gendarmerie, puisque lui a résisté.
Rachel
je rejoins le commentaire de Gérard Brazon : pour ma chance, le maire de la bourgade où je suis née en 1941 a changé mon prénom, changé le nom de famille de mes parents, mon frère et mes 2 soeurs – lorsqu’une rafle a été programmée il nous a tous sauvés : il appartenait à la Résistance probablement…bien sûr il y avait des collabos et les récits de guerre de mes amis non juifs me laissent deviner de quel côté étaient leur famille!
Oui il y a des lâches, oui il y a des braves mais la grande majorité des humains s’en foutent et ne veulent pas être dérangés dans leur médiocrité et tout ce monde vote pour la médiocrité. Malheureusement les morts, les seuls qui ont de l’expérience ne votent pas.
J’atteste ici de la résistance pratiquée par certains policiers, pour ne prendre qu’eux !
Si les commerçants lambda n’hésitaient pas à faire des remarques désobligeantes lorsque je venais faire les courses demandées par ma mère, ce qui prouvait que l’on savait qui j’étais…
Rien n’a jamais été fait contre nous !
Pourtant un couple de collabos connus habitait à l’étage du dessous (ils furent emmenés dés l’arrivée de la première jeep de libération, c’est assez dire leur importance) mais ils ne dirent rien durant 4 ans !
Pour en venir à la police, mon père, qui se cachait dans l’appartement, sortait le soir venu pour prendre l’air et devait se faire arrêter par un inspecteur et son adjoint.
Aprés visite de l’appartement, il fût emmené au commissariat où l’inspecteur le relachât au motif qu’il aurait connu un homonyme qu’il aimait bien…
Histoire cousue de fil blanc pour le relâcher…sinon toute la famille y passait !!
Chaque histoire est différente. Il y a l’histoire de celui ou celle qui n’a pas été arrêté, l’histoire de celui qui l’a été, mais qui a échappé à la déportation, l’histoire de celui qui a été arrêté et déporté, etc.
Il y a aussi les gens qui sont revenus mais qui n’ont pas raconté leur histoire.
Mais les histoires personnelles les moins connues et qui restent sans doute plus abstraites dans l’esprit de la plupart des gens, bien qu’elles ressemblent beaucoup à celles des survivants, ce sont celles des personnes qui ne sont jamais revenues. Toutes ces histoires personnelles dont les derniers moments auront été bien plus terribles encore…
Mais sur quelle ambulance faudrait-il éviter de tirer ? Mais quel récit devrait-on s’abstenir d’écouter ?
Les histoires sont toutes spécifiques, il en est de belles, il en est de moins belles !
Mais, peut-on jeter l’opprobre sur tout un peuple pour la déraison de certains ?
Il n’y a qu’une catégorie qui, à ma connaissance, le fasse…les “banlieusards” car ça leur permet de salir la France qu’ils veulent niquer !!
Quant aux autres, s’il considérent tous les Français comme fils de collabos ou presque, l’on se demande quel masochisme les pousse à continuer à les côtoyer.
Finalement…La France…tu l’aimes ou tu la quittes !