Hong Kong
Mais où donc le monde de demain se forge-t-il ?
Par Michel Garroté
Lundi 17 mai 2010 – 4 Sivan 5770
Lundi 17 mai 2010, en exclusivité pour le blog drzz.info, le professeur Guy Millière écrit notamment (extraits) : « l’Europe est morte. (…) Je veux dire qu’un point de non-retour se trouve atteint, et que le déclin enclenché depuis longtemps est désormais, sans doute, irréversible. Le futur du monde se jouera ailleurs : c’est déjà le cas. Ce le sera plus encore dans les années à venir » (*).
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Autrement dit, il ne s’agit pas de la disparition de l’Europe. Il s’agit de son déclin irréversible.
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Et de ce déclin européen, il résulte, tout naturellement, que le futur du monde se joue, déjà, ailleurs.
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Tout ceci me semble très éclairant. Car il se trouve que lorsque je travaillais pour le numéro un mondial de l’alimentaire, le groupe multinational Nestlé et que je travaillais, simultanément, pour la Table ronde européenne des industriels (**) qui regroupe 45 PDG de multinationales employant 6.6 millions de personnes en Europe, le pronostic était, déjà, celui de Guy Millière.
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En effet, si je résume ce qui, dès le début des années 1980, préoccupait les plus grands PDG européens, on obtient, de façon synthétique et non exhaustive, à peu près ceci :
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1- En Europe, les Etats-Providence en particulier, et l’Union Européenne en général, devraient diminuer le recours au déficit et à l’endettement ; de plus, les appareils étatiques et supra-étatiques en Europe devraient, d’une part, prendre conscience du nombre d’emplois créés par les principales multinationales européennes ; et d’autre part, réduire les entraves à leur endroit et les règlements en général ; il y va de l’avenir économique et social des Européens et les fédérations européennes de syndicats elles-mêmes en sont conscientes.
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2- Toujours en Europe, la population dans son ensemble paraît être sur le déclin, mais la proportion de personnes du troisième âge bénéficiant d’une retraite, au sein de cette même population, est en hausse ; il en résulte un coût toujours plus élevé pour des Etats européens déjà déficitaires et endettés.
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3- Tandis que la croissance est faible ou négative en Europe, la croissance est prometteuse dans un certain nombre de pays émergeants et de zones émergeantes à forte population, tels le Brésil, le Mexique et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (qui regroupe Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam).
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4- La Chine et l’Inde, à elles seules, représentent 40% de la population mondiale.
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5- A titre indicatif, Nestlé compte 456 usines dans le monde, dont 165 en Europe, 168 aux Amériques et 123 en Asie, Océanie et Afrique. Autrement dit, 64% de ses usines se situent hors d’Europe (***).
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6- En cas de conflit mondial, les holdings des sociétés multinationales pourraient opérer une stratégie de replis vers le Canada et l’Australie (durant la seconde Guerre mondiale, en raison de l’expansionnisme géographique et des appropriations industrielles du III Reich, des holdings de sociétés d’origine européenne élirent domicile à Panama et devinrent ainsi des sociétés de droit panaméen, en attendant la fin des hostilités).
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Voilà donc, résumé en six points, ce que je retiens de mon passage chez Nestlé et à la Table ronde européenne des industriels.
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Je conclurai en disant ceci : tandis que les Nations européennes oscillent entre étatisme et socialisme, avec une aversion aussi dogmatique que pathologique envers l’économie libre de marché, l’humanité de demain se forge essentiellement en Asie et aux Amériques. Un jour viendra, où les Etats européens, en banqueroute et en déroute, devront choisir, ente le chaos généralisé, ou la dépendance, envers les fonds souverains d’institutions financières étatiques, du côté de la Chine et de quelques monarchies islamiques. Dans les deux cas, de l’Europe européenne, il ne restera pas grand chose.
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Vu sous cet angle, l’on ne s’étonnera point, demain, si les jeunes générations européennes choisissaient de migrer loin de l’Europe, le plus loin possible même. Car pour elles, mieux vaudra prospérer avec les pays émergeants, plutôt que sombrer avec le Vieux Continent. Il est vrai que les paresseux (par pure paresse) et les optimistes (par pur optimisme) ne migreront pas. L’Histoire nous a déjà montré comment cela se termine. Mais qui, de nos jours, s’intéresse encore à l’Histoire ?
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(**) http://www.ert.be/home.aspx
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(***) http://www.nestle.com/Resource.axd?Id=64E3123F-37B4-4639-B88B-1B712E156B8D
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Mexico City
article intéressant comme toujours
j’aimerais juste donnée un point de vue contradictoire (mais aussi complémentaire je trouve):
si les grandes entreprises ont prévues (à plus ou moins juste titre d’ailleurs) que l’europe allait décliner, et l’ont abandonnées, le déclin de cette dernière n’en est donc que plus rapide. c’est une prophétie autoréalisatrice ! ( CQFD ?)
il est vrai aussi que les états européens ne font rien pour arranger la situation (déficit, perte de contrôle (explosion de la délinquance, mafia, “disparition” du PIB (travail au noir massif ex:italie), évasion fiscale massive (italie gréce)…), taxe sans cesse en hausse).
et par ailleurs je souhaite vous ajouter trois catégories de gens qui vont rester:
les patriotes (par pur patriotisme),
les battants, parce que c’est un défie majeur à relevé,
les immigrés récemment arrivés, parce qu’ils ne comprendront pas ce déclin.