Publié par Guy Millière le 3 juin 2010

 

DSCN2308J’ai dit que je reviendrais sur l’histoire du Proche-Orient, et je le fais ici, brièvement. Je pense, je l’ai dit, que l’oubli de l’histoire est la racine de  toutes les falsifications dont use et abuse la propagande qui se dissémine aujourd’hui comme un insidieux venin. Je pense que rien ne peut sortir des falsifications et de la propagande, sinon la destruction et la stérilité. Je pense qu’éviter la destruction et la stérilité implique de garder les faits à l’esprit, sans cesse et sans trêve.

 

1.     Depuis la dispersion du peuple juif au temps de l’empire romain, le Proche-Orient a été englobé dans des empires successifs et a fait l’objet d’actions de conquête. Les arabes sont venus là en conquérants, au temps de l’empire arabo-musulman. L’empire est passé, ensuite, sous contrôle turc. A la fin du dix-neuvième siècle, la région faisait partie de l’empire ottoman. Le peuplement était clairsemé. Les terres, pour l’essentiel, n’étaient pas cultivées. Jérusalem était une ville délaissée. Les récits de voyage rédigés à l’époque en attestent, le plus détaillé étant inclus dans The Innocents Abroad de Mark Twain.

 

Il n’y a jamais eu dans l’histoire d’Etat arabe palestinien ou de nation arabe palestinienne.

 

2.     Lorsque le projet sioniste a pris forme, comme un projet de libération nationale, en une époque où les idées de libération nationale étaient partout dans l’air du temps, et lorsque Theodor Herzl a commencé à lui donner forme et consistance, en 1896 en publiant Der Judenstaat, puis en organisant, une année plus tard, le premier Congrès sioniste mondial, le mouvement de retour des juifs vers Israël avait déjà commencé. Ce mouvement s’est fait avec l’accord des autorités ottomanes, qui y voyaient une opportunité de développement d’une région presque à l’abandon. Les terres ont été achetées par les juifs revenant sur la terre de leurs ancêtres de manière tout à fait légale, à des prix le plus souvent plus élevés que ceux du marché immobilier de la région à l’époque.

 

Aucune terre du foyer national juif qui deviendra l’Etat juif n’a été volée à quiconque.

 

 

3.     L’histoire s’est accélérée lors de la Première Guerre Mondiale. La déclaration Balfour, en 1917, prévoyait la création d’un foyer national juif. Elle a été intégrée au traité de Sèvres du 10 août 1920, puis au Mandat Britannique pour la Palestine en 1922. Dans le cadre de la recomposition régionale qui s’est organisée essentiellement entre la France et la Grande-Bretagne, la Syrie se trouvera sous mandat français et déclarera son indépendance en 1944. Le Liban sera indépendant dès 1920 et deviendra une république en 1926. L’Arabie Saoudite deviendra un Etat aux mains de la famille Saoud en 1932. La famille chérifienne qui régnait sur l’Arabie dans les temps ottomans se trouvera installée en Transjordanie, sous la forme d’un émirat créé en 1921, qui deviendra plus tard, en 1946, la Jordanie (celle-ci est, de fait, un Etat arabe palestinien, puisque correspondant à près de 80% de la superficie du Mandat palestinien), et en Irak. Tous les Etats arabes de la région sont nés du démantèlement de l’empire ottoman et ont vu le jour entre 1920 et 1946. Le Royaume d’Egypte lui-même accède à l’indépendance en 1922.

 

Un Etat arabe palestinien a été créé  en 1921. Il y a déjà un Etat arabe palestinien.

 

4.     Le Mandat palestinien britannique vaudra pour les vingt pour cent de territoire restant après la création de la Transjordanie. Au cours des années qui suivent 1921, la Grande-Bretagne, motivée par ses intérêts pétroliers et sa volonté de liens renforcés avec le monde arabe, va freiner l’immigration juive sur les terres du Mandat Palestinien, jusqu’à l’interdire complètement en un moment où les populations juives d’Europe verront toutes les portes se fermer devant elles et où la nasse du nazisme se fermera. Elle va, par contre, faciliter l’immigration arabe, et pratiquer l’apaisement vis-à-vis des tenants du nationalisme arabe, fortement teinté de national-socialisme. Après qu’il ait été condamné à la prison, suite aux émeutes de Nabi Moussa en 1920, le Haut Commissaire britannique graciera Amin al Husseini, qui ne cessera d’inciter à la haine et aux violences anti-juives jusqu’en 1937, puis partira, via le Liban, vers l’Allemagne nazie où il deviendra l’un des fervents adeptes de l’extermination des juifs d’Europe. La Grande-Bretagne a, donc, trahi les obligations incluses dans le Mandat et, par sa politique, contribué fortement, d’une part, à une plus faible immigration juive et à une plus forte immigration arabe, ce qui a changé a composition démographique du territoire, d’autre part à la montée d’un nationalisme arabe haineux contre lequel les populations juives ont dû se défendre, et à l’abandon des juifs d’Europe. Tous les documents sur ces points sont disponibles dans le livre de Joan Peters, From Times Immemorial.

 

Si la Grande-Bretagne n’avait pas trahi ses obligations, si elle n’avait pas, par ses attitudes, laissé monter un nationalisme arabe haineux, si elle avait laissé, comme c’était son devoir légal et moral, l’immigration juive se poursuivre, l’Etat d’Israël aurait pu naître plus tôt, ce qui aurait sauvé des millions de vies.

 

5.     Le 29 novembre 1947 est voté à New York le plan de partage de la Palestine mandataire, donc la création d’un Etat juif et d’un deuxième Etat arabe palestinien. Les pays arabes ont rejeté le plan, les populations juives l’ont accepté. Une guerre aura lieu qui durera jusqu’en 1949. Elle ne s’achèvera par aucun traité de paix. La guerre sera menée pour la destruction d’Israël. Nul protagoniste ne parlera de « peuple palestinien ». Le statu quo au terme de la guerre verra exister Israël, et des Etats arabes occupant des territoires sans la moindre légalité : la Jordanie occupera la Cisjordanie (Judée-Samarie), l’Egypte Gaza, la Syrie, le Golan. Plus de cinq cent mille arabes quitteront le territoire d’Israël, incités à cela par les pays arabes et leurs dirigeants, dont le nazi Amin al Husseini. Plus de huit cent mille juifs seront expulsés du monde arabe. Les Juifs expulsés seront intégrés à la société israélienne. Les Arabes ayant quitté Israël pour laisser agir les armées exterminatrices ne seront pas relogés par les pays arabes, pourtant responsables de leur départ, mais placés dans des camps de « réfugiés », Les pays arabes en feront des otages de leur politique anti-israélienne et des instruments de leur haine. Pour bénéficier du statut de « réfugié », les « réfugiés » arabes devront prouver deux années seulement de résidence sur le territoire d’Israël, et cela leur permettra de génération en génération de bénéficier de subsides internationaux par l’entremise de l’Onu.

 

Il n’y a pas de « réfugiés » arabes palestiniens, mais des gens, essentiellement des immigrants, partis en raison de la guerre déclenchée par les pays arabes de la région, pris en otage ensuite par les pays arabes de la région, et maintenus, depuis, dans cette situation d’otage grâce à la complicité des Nations Unies.

 

6.     En 1967, répondant à l’agression arabe qui se préparait, Israël mènera a guerre, qui sera perdue par les pays arabes. Gaza, le Sinaï, la Cisjordanie, le Golan passeront sous administration israélienne, la partie Est et la vieille ville de Jérusalem aussi. Israël décidera que les terres pourront être échangées contre la paix, et ce sera la politique des gouvernements israéliens ensuite. La paix avec l’Egypte sera signée en 1979. La paix avec la Jordanie en 1994. Ni Gaza ni la Cisjordanie (Judée-Samarie) ne seront inclus dans les traités de paix. Ce sont juridiquement des territoires au statut indéterminé. Ce ne sont juridiquement pas plus des territoires « occupés » aujourd’hui qu’au temps où ils étaient occupés par l’Egypte et la Jordanie. Israël en tant que puissance agressée a le droit, faute d’interlocuteur de redessiner des frontières compatibles avec sa propre sécurité. Ces territoires font partie de la Palestine mandataire, et rien n’a jamais stipulé que des populations juives n’avaient pas le droit d’y vivre. Le terme « colonie » est un terme de propagande et pas un terme décrivant une réalité. Israël aurait pu annexer les territoires perdus par ses agresseurs qui, de toute façon, n’en étaient pas les propriétaires. Les populations arabes de Cisjordanie étaient jordaniennes et « réfugiées » à cause des pays arabes. L’idée de peuple palestinien a été inventée après 1967. On n’en trouve nulle trace avant. L’OLP a été crée en 1964, sans référence à un « peuple palestinien ».

 

Gaza et la Cisjordanie (Judée-Samarie) sont des territoires qui ont été conquis par l’Egypte et la Jordanie en 1949, puis perdus par l’Egypte et la Jordanie en 1967. Ce sont des territoires à statut indéterminé, pas des territoires occupés, et moins encore des territoires palestiniens occupés. Les populations juives qui y vivent n’ sont pas davantage des « colons » que les populations arabes.

 

 

7.     Les gouvernements israéliens jusqu’aux accords d’Oslo ont parlé conformément à la réalité des faits, disant qu’il y avait un Etat arabe palestinien, la Jordanie, et que l’OLP était un mouvement terroriste ayant pour objectif de détruire Israël. Ils ont, jusqu’aux accords d’Oslo, rappelé que la Palestine mandataire était le « foyer national juif » censé devenir l’Etat du peuple juif. Lors des accords d’Oslo, Israël a accepté de reconnaître l’OLP comme représentant légitime du « peuple palestinien » et l’existence, du même coup, d’un « peuple palestinien ». Ils ont entériné, du même coup deux mensonges. L’OLP n’a aucune base de légitimité : elle reste une organisation terroriste, ce que montrent ses statuts et ses pratiques. Elle est, essentiellement, une organisation totalitaire. Le « peuple palestinien » n’est pas soudainement devenu un peuple : il n’y a ni langue palestinienne, ni culture palestinienne et l’identité palestinienne est celle définie par l’OLP, seulement celle définie par l’OLP. Le Hamas, qui est lui-même une organisation terroriste et totalitaire, reprend la définition en y ajoutant l’appartenance des Palestiniens  à la communauté des croyants et le fait que la lutte menée relève du djihad et implique l’assassinat des juifs où qu’ils se trouvent.

 

 Que les gouvernements israéliens depuis 1983 aient conféré à l’OLP un statut qui a permis la création de l’Autorité Palestinienne ne change rien au fait l’OLP est toujours un mouvement terroriste et totalitaire dont l’objectif reste la destruction d’Israël, pas la création d’un deuxième Etat palestinien à côté d’Israël.  Le Hamas est, lui, une entité terroriste et totalitaire conçue pour détruire Israël et pour mener le djihad. Que les gouvernements israéliens depuis 1983 aient reconnu l’existence d’un peuple palestinien ne change rien au fait qu’il n’existe pas de peuple palestinien, sinon selon la définition donnée par l’OLP ou, depuis, par le Hamas. Le peuple palestinien est constitué des otages de 1949 et de leurs descendants tels que pris en main par l’OLP et, depuis, par le Hamas.    

 

 Il découle de ces points que

 

 a) le « processus de paix » n’a jamais été un « processus de paix » : si Israël veut la paix, il n’y a pas, en face d’Israël, le moindre partenaire de paix, mais des gens qui veulent la destruction d’Israël, et rien d’autre.

 

b) aucune paix, nulle part sur terre, n’ayant jamais pu être signée avec un mouvement totalitaire prônant le terrorisme et se donnant pour but fondamental la destruction de la partie adverse, la paix ne pourrait venir que si l’OLP, donc l’Autorité Palestinienne qui en est l’émanation, changeait radicalement jusqu’à changer de nature, et si le Hamas disparaissait. 

 

c) aucune paix, nulle part sur terre, n’ayant pu exister avec une population éduquée au fanatisme, à la haine et à l’intolérance,  la paix ne pourrait venir que si les populations arabes qu’on nomme « peuple palestinien » recevaient une autre éducation. Cette éducation est incompatible avec ce que l’OLP et l’Autorité Palestinienne ont été depuis le départ. Elle est incompatible avec l’existence du Hamas.

 

d) Dès lors que l’ensemble du monde arabe, et l’essentiel des pays musulmans soutiennent l’OLP et l’Autorité Palestinienne  tels qu’ils sont et, parfois, le Hamas tel qu’il est, et dès lors que l’ensemble du monde arabe, et l’essentiel des pays musulmans adhèrent à une version falsifiée de l’histoire, la perspective de voir d’effectives conditions de paix se faire jour est aujourd’hui absente.

 

e) Israël a commis une erreur en entérinant deux mensonges lors des accords d’Oslo. Israël se trouve chaque jour face aux conséquences de cette erreur. L’erreur sera réparée quand Israël pourra se trouver dans des conditions permettant un retour à la vérité. Tout gouvernement israélien qui croirait pouvoir faire la paix avec ceux qui lui font face persisterait dans l’erreur et en ferait payer les conséquences à tout le peuple d’Israël. Une leçon de base de la stratégie est que se placer sur le terrain de l’adversaire permet de faire partie nulle ou offre à l’adversaire de l’emporter, mais ne permet en aucun cas de gagner.

 

f) Les gouvernements européens qui font pression sur Israël aujourd’hui et se déclarent en faveur d’un Etat palestinien ou bien ignorent ce qu’est que le totalitarisme, ou bien entendent faire le jeu du totalitarisme au Proche-Orient en espérant que le totalitarisme proche-oriental sera circonscrit au Proche-Orient. Ce qui doit leur être dit est que l’OLP, l’Autorité Palestinienne, le Hamas étant d’essence totalitaire, raisonent comme tout totalitarisme, et, par définition, veulent tout, pas une partie de tout. Ce qui doit leur être dit est que, même si on accordait tout aux totalitaires en action au Proche-Orient, il e résulterait des désastres ultérieurs. Un totalitarisme n’est jamais circonscrit et immobile : n’étant pas productif, il ne peut vivre que de chantage ou de prédation, donc d’extorsion.

En cédant au totalitarisme au Proche-Orient, les gouvernements européens cèdent au totalitarisme tout court, et trahissent les valeurs qu’ils prétendent défendre et incarner. Ils se font vecteur d’une soumission préventive de l’Europe. Une Europe digne des valeurs qu’elle prétend incarner ne peut utiliser ces valeurs de manière sélective sans que cela signifie un renoncement à ces valeurs.

 

g) Les Etats-Unis aujourd’hui adoptent une attitude à l’européenne. Mais l’histoire des Etats-Unis montre qu’ils ne sont pas l’Europe. Les Etats-Unis se sont fondés sur un idéal. Le peuple américain n’a jamais admis durablement un gouvernement trahissant cet idéal. La logique voudrait donc qu’un retour à l’idéal s’opère, dès cet automne, ou en 2012.

 

h) Israël, en attendant doit se défendre et assurer sa survie. Ce qui implique de ne pas transiger sur l’essentiel, de se fixer un objectif stratégique, qui est de vaincre le totalitarisme, et de faire preuve, en attendant, de flexibilité tactique.

 

i)La phrase que j’écrivais au commencement  permet de définir l’objectif stratégique : rien ne peut sortir des falsifications et de la propagande, sinon la destruction et la stérilité. Ni le nazisme, ni le fascisme, ni le communisme n’ont construit quoi que ce soit de fécond, ils se sont effondrés, et ne pouvaient que s’effondrer. Ce que j’ai appelé génériquement, dans un de mes livres (Houdna), le « palestinisme », terme par lequel j’englobe tous les totalitaires en action au Proche-Orient, ne peut construire quoi que ce soit de fécond, et ne peut que s’effondrer. Ce qui est crucial est qu’avant l’effondrement, les dégâts soient aussi minimes que possible. Pour minimiser les dégâts, le rappel de la vérité et de principes fondamentaux est indispensable. Si l’Europe, se trahissant elle-même oublie la vérité et les principes, c’est le problème de l’Europe. Si les Etats-Unis sous Obama se trahissent eux-mêmes et oublient eux aussi, c’est un problème que le peuple américain doit résoudre. Israël ne peut se trahir et oublier sous peine de risquer de disparaître.

 

j) L’histoire montre qu’une bonne façon de minimiser les dégâts est de hâter l’effondrement, ce qui implique d’agir en ce sens. Ce qui a permis à l’Allemagne d’être délivrée du nazisme et à l’Italie d’être délivrée du fascisme, a été que les régimes nazis et fascistes soient vaincus. Ce qui a permis à l’Europe centrale et à la Russie d’être libérées du communisme a été que le communisme lui-même soit vaincu au terme de la guerre froide. Plus vite le « palestinisme » sera vaincu, moins les dégâts seront importants pour Israël, plus rapidement les populations arabes de Gaza et de Cisjordanie (Judée-Samarie) pourront sortir d’une prise d’otage qui n’a que trop duré.

Les arabes de Gaza et de Cisjordanie (Judée-Samarie) doivent être délivrés, effectivement : de l’OLP, de l’Autorité Palestinienne, du Hamas. Si leur délivrance pouvait contribuer à l’avancée du monde arabe et du monde musulman proche-oriental vers une délivrance bien plus vaste, vers la liberté individuelle et l’esprit d’entreprise sans lesquels aucune prospérité ne peut exister, ce serait un bienfait.

 

 

Guy Millière

 

 

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