Dans un livre de philosophie que j’ai rédigé il y a une quinzaine d’années, et que je vais réécrire avant de le publier enfin, je m’interrogeais sur ce qui constitue l’horizon de pensée d’une époque et d’une civilisation. Mes analyses étaient générales : elles s’appuyaient néanmoins sur des exemples concrets.
Il a existé en Europe, notais-je, un moment totalitaire. La gauche était dominée par le dogme communiste, et la droite par les tentations fascistes, militaristes, nazies. Les défenseurs de la démocratie et de ce que Karl Popper appelle les « sociétés ouvertes » étaient peu nombreux. La voie appelée par Friedrich Hayek « route de la servitude » était très empruntée. L’un de mes maîtres en économie, Ludwig von Mises, juif autrichien, était très solitaire et avait dû s’exiler. L’atmosphère était, de manière générale, imprégnée d’antisémitisme. Israël n’existait pas. Le territoire du Mandat palestinien géré par les Britanniques après la création de la Transjordanie, étaient imprégnés d’une atmosphère de pogrom sur laquelle les gouvernants de Londres fermaient les yeux et par rapport à laquelle ils avaient une attitude très partiale : Amin al-Husseini, mufti de Jérusalem exerçait ses sournoises activités, les incitations au meurtre excitaient les populations arabes, les populations juives désireuses de fuir le continent européen n’étaient pas les bienvenues.
Sept décennies plus tard, l’Europe est très différente. Mais sous les différences, il y existe des récurrences qui conduisent à craindre le pire. Officiellement, le totalitarisme est honni et relégué dans le révolu, mais on pourrait aisément se demander si toutes les velléités totalitaires ont été abandonnées : le communisme estampillé tel est en déroute, mais s’est acheté des habits neufs sous la défroque des diverses facettes de la nébuleuse altermondialiste, de l’écologisme et de l’anti-capitalisme. Les mouvements d’extrême-droite connaissent des poussées ici ou là sans dépasser nulle part quinze pour cent du corps électoral, mais une forme de fascisme islamique avance sournoisement et trouve des alliés à l’extrême-droite autant qu’à l’extrême-gauche et, parfois, dans une gauche socialiste qui, au nom de l’antiracisme, se fait l’idiote utile de militants d’Allah beaucoup moins idiots qu’elle. La défense de la « société ouverte » est d’autant plus minoritaire que l’Europe s’est construite sur un modèle absolutiste et idéocratique. La « route de la servitude » est empruntée au point qu’il s’y crée des encombrements.
Karl Popper, Friedrich Hayek et Ludwig von Mises sont extrêmement peu lus et trouvent des échos essentiellement et presque uniquement aux Etats-Unis : c’est leur pensée entière qui est en exil. Selon les normes en vigueur, l’antisémitisme est combattu, et un juif qui accepte de courber l’échine, de raser les murs, de ne jamais dire qu’il est juif et qui, surtout, ne s’affrichera pas trop ostensiblement comme soutenant l’Etat du peuple juif, sera toléré. Israël existe, mais se trouve traité par les Européens comme les Européens traitaient les Juifs il y a soixante dix ans ; et les accusations portées aujourd’hui comme Israël ne surprendraient pas du tout quiconque a étudié l’antisémitisme des années trente du vingtième siècle, comme l’a magistralement montré, dans plusieurs livres, Pierre-André Taguieff. Une atmosphère de pogrom se trouve entretenue au Proche-Orient par les fils spirituels et sanglants d’Amin Al-Husseini. Une Britannique, Lady Catherine Ashton, est, depuis le 19 novembre 2009 Haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères : ses discours sont aussi philosémites que ceux d’Ernest Bevin, ministre des affaires du gouvernement Attlee de 1945 à 1951, ce qui n’est pas peu dire. Les incitations au meurtre abondent à Gaza et dans les territoires régis par l’Autorité Palestinienne, mais les dirigeants européens dans leur ensemble, et les députés européens à une majorité écrasante semblent soucieux, surtout, de fustiger Israël et d’aider le Hamas.
On sait comment le moment totalitaire s’est achevé il y a sept décennies. Je me garderai de faire des pronostics trop précis sur la façon dont ce qui se dessine en Europe aujourd’hui s’achèvera. Je dirai juste qu’on peut craindre le pire, oui. Je pense qu’il existe, sur l’horizon de pensée de l’Europe, une forme de syndrome.
Je pense que la liberté économique est moribonde en Europe pour les raisons indiquées un peu plus haut, mais que la liberté politique est elle-même agonisante, et que la liberté de parole ne se porte pas beaucoup mieux. Je pense que l’antisionisme a remplacé l’antisémitisme et que la haine du peuple juif venant remplacer l’ancienne haine du juif est là pour durer. Je pense que le déclin économique, politique, culturel de l’Europe ne fait que commencer, tout comme l’islamisation de l’Europe.
Si j’étais juif, j’en tirerais des conclusions. N’étant pas juif, mais étant ami du peuple juif, ami d’Israël, ennemi résolu de toute forme d’antisémitisme, étant situé dans la lignée de réflexion de penseurs dont la pensée est en exil, étant moi-même soumis à des pressions plus ou moins intenses destinées à me conduire à garder le silence ou à emprunter la porte de sortie, j’en tire mes propres conclusions. Comme le dit un poème de Gilbert Keith Chesterton que je cite souvent : « Les hommes sages savent quelles choses funestes sont écrites dans le ciel. Ils portent des lampes tristes, touchent des cordes tristes »….
Guy Millière
………. Un constat plus qu ‘ accablant ! merci pour toutes ces références et lumiétes apportés par vous au combat contre le califat mondial …………………..
Ah, Guy Millière notre Héraut et Notre Héros, qui porte haut les couleurs d’une humanité sans faille et d’un esprit de justice absolue. Merci, mille mercis à lui
Si je ne me trompe, vous êtes trop jeune pour avoir connu le nazisme. Par ailleurs, la gauche est toujours, pour moi l’idiote. Les gauchistes ont soutenu successivement tous les régimes totalitaires avant de voir clair ! Elle est actuellement de nouveau à l’oeuvre en soutenant, on sait pourquoi, les problèmes dus à l’immigration. La gauche, pour des motifs électoraux et pseudo-idéologiques, se retrouve de fait du côté de ceux qui veulent modifier notre civilisation. Une bêtise de plus ! Mais, avec la gauche, on a l’habitude ! Ils sont plus opportunistes que bêtes, mais cela revient au même, malheureusement. S’il n’y avait pas eu cette immigration musulmane en Europe, il n’y aurait pas ou infiniment peu d’antisémitisme ! Il est le fait d’une part des populations qui se prennent pour les compatriotes des palestiniens et d’autre part de la population européenne ou même de certains de ses dirigeants qui font simplement de l’arithmétique soit en termes électoraux, soit avec le prix du pétrole, soit qu’ils croient que le conflit permanent au Moyen-Orient est gênant et entretenu par la prétendue intransigeance israélienne ! Avant que cette immigration soit aussi importante numériquement, la situation n’était pas la même, pas du tout. C’est, je crois ce qui justifie une sorte de “bonne foi” de la part de certains utopistes qui croient que c’est l’humiliation des musulmans qui est en cause !
Comme je l’ai déjà écrit ici même, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Mais, importer en Europe la guerre du Moyen-Orient au moyen d’exactions et de brutalités, ne peut que porter ombrage à la réputation et à l’honneur des populations dont les enfants grands ou petits se comportent mal en ville à l’égard soit de populations d’origine soit des populations autres que les leurs. Il est inadmissible qu’une attitude hostile et brutale soit devenue trop fréquente et porte atteinte à l’ordre public. Ni les autorités du pays ni les populations résidentes ne peuvent continuer à tolérer ce genre d’exactions inadmissibles quelles qu’en soient les raisons. Rien ne peut justifier une délinquance à caractère raciste. Rien en Europe ne justifie cette attitude. Il conviendrait donc que les autorités morales de ces populations essaient de rappeler à leurs enfants ce qu’est une conduite digne et normale. Ce n’est qu’à ces conditions que la vie en commun sera possible et qu’une estime réciproque pourra aider à construire ensemble un pays où il fait bon vivre pour tous ! Chacun de nous ou de vous en est incontestablement capable. Paix sur la terre aux hommes, aux femmes et aux enfants de bonne volonté. Que chaque personne qui pratique une religion prie pour la paix entre les communautés. La paix est la condition du bonheur pour tous et pour chacun. Nous en sommes tous capables. J’en suis sûr. Arrêtons les surenchères. Que chacun prie pour tous ceux qui ont moins de chances et que nous nous unissions tous pour prier Dieu. Il n’ya qu’un seul Dieu : celui qui est miséricordieux et qui aime autant chacune de ses créatures. Il ne doit y avoir qu’une sorte d’hommes pour Dieu, ceux qui sont miséricordieux comme lui. Faire du mal est l’oeuvre du démon, pas de Dieu, ni des disciples de Dieu.
« …Faire du mal est l’œuvre du démon, pas de Dieu, ni des disciples de Dieu… »
Pour que cela soit compris, il faut réapprendre ce qu’est le mal, pouvoir le nommer et non pas relativiser l’acte en inversant le rôle de la victime et de l’agresseur.
YMS
Le terrain est glissant puisqu’il y a des concepts différents suivant les religions. Et c’est cela qui s’appelle le fondamentalisme. Penser pouvoir mettre Dieu de son côté pour assassiner les adversaires est une tentation qui a eu lieu maintes fois ! Il faut déboulonner cette théorie de la guerre sacrée. Ce n’est pas philosophiquement défendable. Et prétendre qu’un Dieu a autorisé les hommes à tuer leurs semblables est un problème qu’il faut résoudre calmement !
Dieu autorise-t-il le meurtre, le mal fait à autrui ? Il faut, alors, croire en un dieu guerrier qui ressemble à l’homme dans tous ses mauvais sentiments. Tuer peut-il être juste ? Déjà, dans les Tables de la Loi, on dit qu’il ne faut pas tuer. Je pense que l’Islam dénonce aussi le fait de tuer.
Qui a inventé que l’homme pouvait tuer au nom de Dieu ? Ce ne peut être qu’une interprétation fausse. Il y a, bien sûr, la légitime défense ! Et, à partir de là, on peut construire une guerre soit conventionnelle, soit civile. Mais, est-ce une solution “divine” ? Sûrement pas !
La guerre, les conflits, les mésententes engendrent beaucoup de malheurs. Il doit bien y avoir moyen de faire une guerre pacifique, honnête, non violente. La violence entraîne la violence et le ressentiment. Il n’y a que des peuples extrêmement fort psychologiquement qui peuvent ne pas vouloir se venger. C’est très rare. En général, certains n’oublient pas et attendent l’occasion de rallumer le feu.
Paix sur la terre aux hommes, femmes et enfants de bonne volonté ! La bonne volonté consiste à vouloir faire la paix avec chacun et tous ! Elle est le contraire de la diabolisation qui consiste à noircir les intentions de l’autre ! L’argument des provocations réciproques est un des moyens employés pour rallumer le désir de noircir l’autre. Que chacun balaie devant sa propre porte, si vous comprenez ce que je veux dire. Cela veut dire : que chacun regarde dans son coeur s’il n’y reste pas un peu trop de haine ! Il faut balayer la haine. Elle rend malheureux et elle est inefficace pour atteindre un but !
« La gauche était dominée par le dogme communiste, et la droite par les tentations fascistes, militaristes, nazies. »
Je suis d’accord avec la première partie, mais la seconde est, à mon avis, inexacte.
On oublie trop que « nazi » est l’abréviation de « national socialiste ».
Son caractère nationaliste et son opposition au bolchévisme, qui est un totalitarisme équivalent, comme l’a montré Hannah Arendt, lui ont attiré le soutien des patrons de l’industrie, car il ne demandait pas la suppression de la propriété collective des moyens de production, et de tous ceux qui s’opposaient au communisme, légitimement craint.
Le nazisme aurait-il vu le jour sans le bolchévisme ? On peut se poser la question.
Je suis tentée de répondre non. Mussolini aussi avait une formation socialiste.
On peut dire que le XXème s a été ensanglanté par les luttes de pouvoir qui ont opposé le socialisme internationaliste au socialisme nationaliste.
Entre les deux, ceux qui tentent de maintenir un société où les libertés soient respectées.
Nous constatons actuellement comment la « gauche », qui se pare sans scrupules de qualités morales qui ne la caractérisent pas en vérité, et ne progresse que par la démagogie et le mensonge. Toutes ses promesses sont illusoires : 80% d’une classe d’âge au bac, cela signifie qu’il faudrait des emplois « nobles », à moins de fabriquer des aigris. La notion de « lutte des classes » a légitimé la haine dans la société, envenimé les rapports sociaux en attisant la jalousie (un des sept péchés capitaux pour les catholiques) et le souci « d’égalisation » rend risqué de posséder un objet convoitable. Par exemple, les propriétaires individuels d’appartements sont obligés de subir les impayés de loyer, parfois pendant des années, de faire des frais de procès, et n’ont pas la maîtrise de leur propriété.
« Comme le démontre François Furet, les complicités entre le socialisme et la pensée antilibérale et antidémocratique remontent à la Révolution française ».
Oui, et on peut s’interroger sur le fait que la Révolution énonce que les hommes naissent et demeurent « libres et égaux en droits », droits qui sont « la Liberté, la Propriété, la Sûreté, et la Résistance à l’oppression », en les violant tous.
Saint Just disait « pas de liberté pour les ennemis de la Liberté », ce avec quoi on ne saurait être en désaccord, sauf que « les ennemis de la liberté », cela pouvait être n’importe qui, s’opposant à n’importe quoi. Lorsqu’on sait qu’il a préconisé un « nettoyage » en Vendée, d’une manière parfaitement barbare, en déclarant sereinement que lorsqu’il n’y aurait plus de ces « ennemis », on pourrait accorder la Liberté, on peut être un peu perplexe.
On peut être inquiet, en voyant comment l’égalité en droits est utilisée pour défoncer littéralement la société, dans tous les domaines : égalité des droits à l’école, où il devient interdit de donner de mauvaises notes, jugées discriminatoires, dans les entreprises, le logement etc…
Toutes les observations finalement concourent à démontrer que l’affaiblissement du christianisme –l’opium du peuple, selon un anti-chrétien connu- est la cause principale des problèmes constamment débattus sur ce blog.
Et je ne conclurai pas comme vous, Guy Millière : l’objectif principal n’est pas d’abattre Israël, mais comme on me l’a dit, « il faut abattre le christianisme ». Vieux rêve millénaire sur le point d’être réalisé.
Après tout, Jésus n’était rien, ni Dieu, ni même prophète, cela a été écrit sur ce blog. On ne va pas se bagarrer pour si peu, un quelconque bonhomme. Et c’est un troisième larron qui va se saisir de Maître Aliboron.
Hier matin dans une émission de Fr culture sur Chruchill, on rappelait les propos de Charles de Gaulle au lendemain de la bataille de Montcornet, où il avait repoussé les divisions blindées allemandes : « la bataille de France est perdue, mais nous allons gagner la suivante grâce aux Américains ; ensuite le problème sera l’URSS,
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Hier matin dans une émission de Fr culture sur Chruchill, on rappelait les propos de Charles de Gaulle au lendemain de la bataille de Montcornet, où il avait repoussé les divisions blindées allemandes : « la bataille de France est perdue, mais nous allons gagner la suivante grâce aux Américains ; ensuite le problème sera l’URSS, puis la Chine. Mais si les communistes s’allient aux islamistes, il n’y aura pas de deuxième bataille de Poitiers. »