Publié par Jean-Patrick Grumberg le 5 juillet 2010

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Lobby de l’hôtel Aldeira, Gaza City

 

Le 2 juillet, Memri.org publie la traduction d’un article1 paru le 29 juin dans le quotidien égyptien Rooz Al-Yousuf, où le journaliste Muhammad Hamadi explique que la vie à Gaza est bien meilleure qu’en Egypte, et qu’un « blocus humanitaire » du genre de celui que vivent les habitants de Gaza serait une bénédiction, pour le peuple Egyptien.

 

Le peuple palestinien de Gaza est gavé, tandis que les voisins vivent dans la pauvreté, souvent extrême. Mais le mensonge sur cette pseudo crise humanitaire est si violent qu’aucune force ne sera suffisante pour le détruire.

 

Trop d’institutions véhiculent le mensonge et lui donnent ses contours plausibles. Il doit même exister quelques personnes pour croire sincèrement que les gazaouis vivent au chevet de la mort. Mentionner un journal égyptien, en introduction de cet article, permet aux journalistes qui nous lisent, parce qu’il y a tout de même quelques professionnels consciencieux, de se sentir moins mal à l’aise quand au crédit à donner aux faits présentés.

 

Premier constant déconcertant révélé par Muhammad Hamadi  : sur le marché de Gaza, le bœuf et le poulet coûtent moins chers (1.50 euros/kg pour le poulet, 8 euros pour le boeuf) qu’au marché voisin, coté égyptien (3 et 15 euros/kg). C’est la loi de l’offre et de la demande : il y a abondance de bœuf et de poulet à Gaza. Il y en a beaucoup moins en Egypte. Résultat, les gazaouis mangent plus et mieux, que les égyptiens.

 

La pastèque vaut 30 centimes d’euro le kg en Egypte. A Gaza, 15 centimes. Le kilo de tomates est à 20 centimes d’euros en Egypte, pour 5 centimes d’euros à Gaza. Un kilo de pommes de terre : 30 centimes contre 7 centimes.

 

Le journaliste égyptien explique, en toute logique : en situation de siège, certains produits alimentaires devraient être intouchables pour la majorité des gens, alors qu’ils sont beaucoup moins chers qu’en Egypte. « Le siège de Gaza fait baisser les prix ? Comment est ce possible ? Et d’où viennent toutes ces marchandises, il y en a plein les magasins ! » demande le journaliste Muhammad Hamadi à tous ceux qui accusent le gouvernement, en Egypte, d’affamer le pauvre peuple palestinien par un siège inhumain.

 


« Si tout ceci est vraiment le résultat du siège de Gaza, et bien chaque égyptien devrait prier Allah pour qu’un siège identique leur soit imposé, et que chaque habitant puisse enfin, comme son voisin de Gaza, acheter des œufs, de la viande et du poulet. »

 


Camp de concentration à ciel ouvert, génocide du peuple palestinien, des abrutis célèbres et moins célèbres soutiennent ces mensonges. Les statistiques internationales sont éloquentes.

 

 

 


Sur le génocide des palestiniens

 

Le taux de mortalité de Gaza est de 3.44 morts par 1000 habitants, en léger déclin depuis 2003 2. Par rapport à d’autres pays musulmans aux caractéristiques de fécondité/mortalité voisins, Gaza arrive 7e derrière le Koweït, la Jordanie et le Brunei. L’Algérie a un taux de mortalité3 plus élevé que Gaza : 4.64 morts par 1000 habitants.

 

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Celui de la France4 est de 8.5 morts par 1000 habitant, presque trois fois plus que Gaza.

 

Un taux de mortalité si faible rend difficile la théorie du génocide.

 

Les naissances. Le taux de naissance à Gaza est de 37 naissances par 1000 habitants5, ce qui donne une croissance de la population de 3.29% par an, plaçant Gaza au sixième rang mondial… pas si mal pour un peuple victime d’un « génocide ». Les nostalgiques de la Shoah ne sont pas le moins du monde gênés par ces chiffres pour colporter un mensonge si ignominieux, évocateur des thèses antisémites des plus sombres années de l’humanité.

 

Flots migratoires. Avec plus de 1000 tunnels de contrebande, les habitants de Gaza peuvent relativement facilement fuir cet enfer à ciel ouvert, ce camp de la mort. Huit Ougandais sur mille fuient leur pays. Cinq Maliens sur mille, douze Cap Verdiens sur mille. Gaza : zéro, comme en Argentine ou à Taiwan6. (les palestiniens seraient ils informés des conditions de vie ailleurs ?). Si la situation était vraiment intenable, si la population était menacée d’extermination, ne peut on penser que des dizaines de milliers de palestiniens auraient quitté le pays par les tunnels pour aller en Egypte ou plus loin ?

 

Mortalité infantile. le taux de Gaza est de 18 pour 10007, en recul de 30% depuis 10 ans. C’est beaucoup. Moins que dans cet enfer qu’est la Tunisie (22 morts pour 1000 naissances), beaucoup moins qu’en Algérie (27 morts pour 1000 naissances), et ne comparons pas à l’horreur absolue à nos portes, le Maroc, avec 29 morts pour 1000 naissances. La moyenne mondiale8 est de 44.13 enfants qui meurent pour 1000 naissances. Le triste record est tenu par l’Angola – jamais mentionné par les organisations humanitaires, avec 180 enfants qui meurent pour 1000 bébés qui naissent, tandis que la France affiche l’un des meilleurs résultats au monde, avec 3 morts pour 1000 naissances.

 

Espérance de vie. De tous les indicateurs, l’espérance de vie est probablement celui qui rend le mieux compte des conditions quasi carcérales, inhumaines, que les israéliens imposent à la population de Gaza. Elle était de 73 ans en 2009, en légère progression (71 en 2003)9

 

A cet égard, disons le tout de suite, il vaut mieux être né et vivre dans l’enfer de Gaza qu’en Angola ou l’espérance de vie10 atteint 38 ans, ou qu’en Afrique du Sud (49 ans). Un chiffre que l’Egypte voisine n’arrive pas à atteindre (71 ans), et qui confirme que les chiffres rendent la vie difficile à la thèse du massacre des palestiniens.

 

C’est sur un blog Syrien, celui de Farid Ghadry11, que j’ai trouvé les photos qui suivent. Elles parlent mieux que mille mots. J’ai remplacé une des photos, difficilement soutenable.

 

 

Gaza Monde musulman
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Marché de Gaza Istambul
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Quartier commercial de Gaza Camp palestinien en Syrie
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boutique de Gaza à la St Valentin Pakistan
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Plage de Gaza Nigeria
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Fleuriste Mendiant dans les rues d’Arabie Saoudite
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Supermarché Pauvre du Caire, vivant de l’aide de l’état pour le pain

 

 

On en viendrait presque à se demander si la crise humanitaire de Gaza ne serait pas le monstre du Lochness du moyen orient…Le blog « The Elder Of Ziyon12 a fait cet excellent travail de compilation, sur cette crise humanitaire qui dure, qui dure, qui dure comme une rengaine :


17 novembre 1993 : « la crise humanitaire continue de s’aggraver » (The Green Left)


6 décembre 2000 : « la pauvreté augmente dans la bande de Gaza, et une crise humanitaire est à craindre, selon des économistes » (Washington Post)


15 juin 2001 : « Les Nations Unies préviennent que l’absence de médicaments dans la bande de Gaza a provoqué une crise humanitaire »


19 novembre 2002 : «  la crise humanitaire dans la bande de Gaza est une crise de l’accès et de la libre circulation qui empêche la population d’acheter des biens de première nécessité »


27 février 2003 : « Crise humanitaire : la situation est la plus grave depuis 1967 (Croix Rouge internationale)


7 octobre 2004 : « Les Nations Unies dénoncent la crise humanitaire dans la bande de Gaza »


19 août 2005 : « des milliers de palestiniens souffrent d’une crise humanitaire chronique qui s’est aggravée pendant le retrait d’Israël » (Care.org)


19 mars 2006 : « Gaza subit une crise humanitaire » (electronic intifada.net)


18 mai 2006 : « la crise humanitaire de Gaza continue » (MercyCorps.org)


19 juillet 2006 : « Kofi Annan demande qu’Israël prenne des mesures d’urgence pour éviter toute crise humanitaire à Gaza »


16 août 2006 : « désastre humanitaire à Gaza : les gens pleurent, ils ont faim, ils ont soif, ils sont désespérés » (global research.ca)


20 novembre 2006 : « Les Nations Unies demandent 2.5 millions de dollars pour alléger le désastre humanitaire.


20 juillet 2007 : Les Nations Unies avertissent d’une crise humanitaire endémique.


8 décembre 2007 : L’OMS prévient qu’une crise humanitaire est en train d’éclater à Gaza, en raison des restrictions de circulation.

 

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Suite n°14 de l’hôtel Aldeira, Gaza City

 

Après dix sept ans de crise humanitaire, la population devrait être décimée et la région désertifiée. Toutes ces organisations, à commencer par les palestiniens eux-mêmes, n’ont-ils pas intérêt à ce que le monde continue de croire, comme le faisait remarquer cette vendeuse de vêtements de luxe Gucci et Prada, en Cisjordanie, « que les palestiniens n’ont rien à manger »

 

 Jean-Patrick Grumberg

 


 

1 http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/4427.htm

2 http://www.indexmundi.com/gaza_strip/death_rate.html

3 http://www.indexmundi.com/g/r.aspx?c=gz&v=26

4 http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF02241

5 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/gz.html

6 http://www.indexmundi.com/g/r.aspx?c=gz&v=27

7 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/fields/2091.html

8 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2091rank.html

9 http://www.indexmundi.com/gaza_strip/life_expectancy_at_birth.html

10 http://www.indexmundi.com/map/?v=30

11 http://ghadry.com/pictures-from-gaza-and-the-rest-of-the-muslim-world/

12 http://elderofziyon.blogspot.com/2010/05/17-years-of-humanitarian-crisis-in-gaza.html

 

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