Publié par Dreuz Info le 2 août 2010

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Chaque jour nous apporte des éléments supplémentaires pour affiner nos critères d’évaluation de la situation. Deux affaires récentes ont défrayé la chronique, qui jettent une lumière – blafarde, pourrait-on dire – sur le discours dominant sur Israël. L’affaire de l’exécution de Michel Germaneau, l’otage d’Al Qaïda au Maghreb, est en effet pleine d’enseignements.  

 

Dans le discours du pouvoir tout d’abord. Nous avons pu entendre de la bouche du président de la République – qui avait sévèrement condamné les « assassinats ciblés » d’Israël – qu’il s’agissait d’un « assassinat » et que la France ne resterait pas sans réaction. Qu’est-ce à dire sinon que la France allait pratiquer, elle aussi, des « assassinats » sur des hommes, qui seront qualifiés de terroristes et d’assassins et non plus de « militants » ou de « combattants » chaque fois qu’il s’agit de terroristes palestiniens. 

 

Le lendemain, le premier ministre précisait pourtant que la France, parce qu’elle est une démocratie, ne pratiquait pas la vengeance. Celà voudrait-il dire que réprimer et punir un meurtre serait, pour un Etat responsable, une « vengeance » ? Ce serait là une drôle de morale dans laquelle pour être « démocrate », il faudrait se laisser tuer et ne pas briser le bras de ceux qui s’apprêtent à vous tuer, avant qu’ils ne le fassent ! L’invocation d’une telle morale, couplée avec l’échec de l’opération française pour libérer le malheureux otage, et à l’impuissance de l’Etat à faire face à la violence des « quartiers », reste hautement problématique, on en conviendra, car l’instance qui la profère ne peut assurer l’application de la Loi et la protection des citoyens.

 

Cette affaire a aussi une autre portée sur le plan de l’opinion publique. On  est en effet assourdi par le silence des autorités et de l’opinion musulmanes françaises (si ce n’est l’imam Chalghoumi, en butte à l’hostilité de sa communauté) sur ce crime perpétré au nom de l’islam.. Nous n’avons entendu ni déclarations vertueuses d’intellectuels musulmans, croyants comme laïques, ni condamnation par les instances religieuses, CFCM compris, de cet acte ignoble et lâche : aucune solidarité affirmée avec leurs compatriotes français, pas de prière ni de cérémonie religieuse commune à la grande mosquée. Aucune apparition des prima dona habituelles des « droits de l’homme » sur le petit écran. 

 

Voilà qui remet à  sa juste place leur condamnation récurrente d’Israël. Preuve est faite que l’indignation morale ne résiste pas à l’ethnocentrisme et à une moralité sélective ! 

 

L’autre événement de la semaine concerne la divulgation de documents militaires secrets sur la guerre en Afghanistan. Ne nous réjouissons pas d’un tel événement : il montre qu’il y a dans les sociétés démocratiques un parti idéologique – ceux qui ont organisé ces fuites – prêt à tout pour les détruire et ouvrir une avenue à l’islamisme. C’est le traitement de ces révélations qui choque car elles montrent la perprétation par les gouvernements alliés – dont la France- de ce qu’on appelle quand il s’agit d’Israël, des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité ». J’ai eu beau chercher dans la presse et sur les écrans des condamnations « morales » de ces crimes, guetter dans les rues des manifestations scandalisées qui les dénonceraient. Rien : silence radio, passés en pertes et profits d’une guerre lointaine… 

 

Quelle est la leçon de cette histoire, sinon l’évidence d’un système de « deux poids-deux mesures », c’est à dire d’injustice, à l’oeuvre pour tout ce qui concerne Israël. On ne peut plus croire au spectacle médiatique de l’indignation morale et on peut en tirer la conclusion qu’il ne sert à rien de faire l’effort d’y répondre. Une idéologie est à l’oeuvre que je n’hésiterais pas à qualifier d’antisémite, à moins que les choses ne soient plus prosaïques.  

 

On a en effet observé ces jours-ci la conjonction de deux événements : l’explosion de « gens du voyage » à l’occasion d’une bavure policière le 16 juillet à Saint Aignan et la puissance de « quartiers » face à la police à Grenoble. Les deux événements sont répréhensibles et attentent à l’ordre public.  Le fait que le gouvernement ait choisi de traiter à grand renfort de publicité non pas le cas de la « communauté de l’immigration » mais celui de « la communauté des gens du voyage », clairement identifiée comme une communauté séparée, montre qu’il est plus facile de s’en prendre à celui qui est réputé dans l’insconscient collectif « l’étranger » le plus faible  (les « gens du voyage » et autres Roms) pour envoyer un message à « l’étranger le plus fort » (les immigrés), que l’on craint en réalité. En regrettant que le gouvernement s’en prenne aux « gens du voyage » qui, eux, « ne caillassent pas la police ni ne brûlent de voitures, leur porte parole a souligné celà de façon appuyée.  L’archaïque syndrôme du « bouc émissaire » est toujours à l’oeuvre. C’est toujours le maillon le plus faible de la société qui en remplit le rôle. Quand Juifs et immigrés sont en lice, c’est évidemment les Juifs qui remplissent cette fonction, ce qui explique l’état de faits (le « deux poids-deux mesures ») que nous avons évoqué en premier. 

 
Il ne peut y avoir de morale par intermittence : elle est pour tout le monde ou pour personne ! 

 

Shmuel Trigano

 

Paru dans la Chronique de Shmuel Trigano sur Radio J, le vendredi 30 juillet 2010. 

 

Vous pouvez également suivre Shmuel Trigano sur ses Blogs :
http://www.controverses.fr/
http://www.shmuel-trigano.fr/

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