Publié par Guy Millière le 12 août 2010
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Pendant deux jours, j’ai été privé d’accès à internet. Je n’ai pas été le seul. Mon fournisseur a reçu tant d’appels que le centre de maintenance a cessé de répondre et qu’un message électronique a été mis en place pour répondre aux appels : il y était question d’incidents techniques et d’efforts pour y remédier dans les plus brefs délais. Deux jours, en France aujourd’hui, cela constitue donc un bref délai. Il faut dire que nous sommes au mois d’août et que c’est le mois où le pays entier s’arrête, le point culminant de la saison des vacances estivales, celles où des millions de gens partent vers des plages bondées, ce qui les change, lorsqu’ils vivent à Paris ou en région parisienne ou dans une grande agglomération des autobus et des wagons de métro bondés. Il faut bien reprendre des forces : après la saison des vacances viendra septembre et le début de la saison des grèves et des manifestations. Comme le mois d’août était devenu le seul mois où il restait possible de se déplacer dans Paris avec ce objet honni, l’automobile, la mairie de Paris n’a cessé de renouveler son opération « Paris plage » qui permet de déverser des tonnes de sable sur les voies sur berge qu’il est question de fermer définitivement à la circulation pour les laisser entièrement à la disposition des adeptes de la pédale et de la marche à pied : on dit qu’il y en a beaucoup à l’Hôtel de Ville.


Ne pas avoir accès au net m’a coupé du monde : il ne me restait que les chaînes nationales françaises, et donc des journaux télévisés vidés de toute substance consacrés aux deux tiers à des compétitions de natation, de football ou d’autres sports pour lesquels je n’éprouve aucun intérêt. Le tiers restant était consacré aux inondations en Asie, aux incendies en Russie ou à la fabrication des espadrilles au Pays Basque. J’ai pensé avec beaucoup de compassion à ceux qui voient cela tous les jours et qui pensent qu’ils sont informés. Je leur trouve des excuses : les journalistes leur disent qu’ils font un travail de journaliste, et, lorsqu’on n’a pas d’autres repères, il est difficile de faire la différence. Me promenant dans les rues (en automobile, bien sûr : le simple fait qu’on veuille me contraindre à ne plus me déplacer en automobile m’incite à faire le contraire), j’ai pu constater que le bétonnage des rues et avenues se poursuivait et que si les ouvriers faisaient la pause, les travaux allaient reprendre dès septembre : sachant que ceux qui entendent asphyxier totalement les villes ne manquent pas d’imagination, je me suis demandé ce qu’ils feraient lorsqu’ils auraient réduit toutes les avenues à des ruelles à sens unique bordées de parpaings et de tubulures métalliques et toutes les rues à des impasses, j’attends la suite avec impatience, et j’ai parfois l’impression d’être le seul à me demander combien tout cela coûte. J’ai pu voir que la police, qu’on voit très peu dans les « cités sensibles » s’employait toujours à racketter les conducteurs : un automobiliste, cela rapporte, un délinquant, cela ne rapporte pas. Je n’ai donc pas oublié ma ceinture de sécurité et mon gilet jaune bien en évidence sur la lunette arrière. J’ai laissé le triangle rouge de côté parce qu’il n’est plus obligatoire. Je n’ai pas encore acheté le chapeau de clown qui devrait logiquement venir compléter la panoplie. Mais je vais bientôt le faire.

 

J’ai pu voir aussi les affiches prônant les produits hallal et montrant des vaches et des poules censées proclamer qu’elles sont fières d’être égorgées en direction de La Mecque. Inexplicablement, cela m’a donné une furieuse envie de manger de la viande de porc, du saucisson, et tout comme j’évite soigneusement dans les supermarchés tous les produits étiquetés « bio » ou « commerce équitable » dans la mesure où je ne suis pas de religion écologiste et où je considère que je n’ai pas à payer quoi que ce soit plus cher pour me donner bonne conscience ou une semblance de supplément d’âme, j’évite soigneusement tout produit hallal. J’ai croisé des femmes voilées de plus en plus nombreuses et des femmes en burqa : j’ai pensé aux féministes qui s’indignent si vite lorsque des femmes apparaissent sur des affiches dans le plus simple appareil mais qui ne semblent pas savoir que dans nombre de pays du monde musulman les femmes sont contraintes de porter le voile ou la burqa et sont traitées comme du bétail.

 

Lorsque, au bout de deux jours, j’ai retrouvé internet, ce qui me permet d’envoyer ce texte et de le publier, de façon à ne pas aller trop vite en direction du reste du monde (deux jours sans informations impliquent un retour progressif), j’ai commencé par les sites d’information français : ils étaient à la hauteur des journaux télévisés. J’ai parcouru mon blog obamalatre favori, Obamazoom, et je ne l’ai pas regretté. Je dois dire que ses auteurs me font rire davantage que les plus grands comiques : leur dernière découverte ? Michelle Obama serait l’atout de Barack pour la prochaine campagne. Va-t-elle réserver des palaces entiers partout où elle passera, comme en Espagne ? Ce serait très « peuple », non ? Les démocrates sont déjà promis à une déroute : cela parachèverait les choses et impliquerait d’inscrire le politicien démocrate sur la liste des espèces menacées de disparition, ce qui serait une excellente chose. Je n’ai pas encore eu le temps de me replonger dans le grand bain du monde complexe et tumultueux, mais j’ai pu lire le message de Barack pour le commencement du ramadan. Les Etats-Unis n’ont pas un Président fièrement hallal, mais on pourrait s’y tromper quelquefois.

 

Guy Millière

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