Publié par Guy Millière le 23 août 2010

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Je sais, bien sûr, que ce qui doit se passer à partir du 2 septembre est la reprise du célèbre « processus de paix » commencé à Oslo, il y a dix-sept ans. L’espoir doit être de mise : la « paix », c’est bien, non ? 

 

Je n’en doute pas : voir là une reprise des hostilités peut sembler malvenu. Evoquer la guerre contre Israël dans ces conditions peut sembler étrange. Serais-je belliciste, comme certains m’en accusent parfois ?

 

Je dirai juste que je pars de quelques constats : depuis dix-sept ans et les accords d’Oslo, depuis l’enclenchement du « processus de paix », ce qui a été strictement invisible, c’est bien la paix. Ce qui a été très visible, c’est le manège dans lequel Israël s’est laissé entraîner et qui a coûté la vie à un nombre déjà beaucoup trop grand de soldats de l’armée israélienne, mais aussi d’hommes, de femmes, d’enfants tués dans des attentats sordides.

 

Ce qui est très visible c’est que chaque concession d’Israël, car les concessions sont toutes exigées d’Israël, ont été payées extrêmement cher par le peuple d’Israël, et se sont accompagnées d’une diabolisation croissante, d’une volonté de délégitimation et de destruction d’Israël par tous les moyens possibles et imaginables.

 

Ce qui est très évident est ce qui a résulté du « processus de paix » jusqu’à présent. Du côté du Liban ? L’évacuation de la zone de sécurité qu’Israël patrouillait a débouché sur une prise en main du territoire par le Hezbollah, accompagné des soldats d’opérette de la Finul, aux fins de servir de boucliers humains. Du côté de la Judée-Samarie ?  La création de l’Autorité Palestinienne dont partaient, jusqu’à la construction de la barrière de sécurité, des auteurs d’attentats suicides appartenant à divers mouvements, dont le très laïque Fatah et son unité combattante au nom lui-même très laïque, les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa. Du côté de Gaza ? L’évacuation du territoire par l’armée israélienne et par une population qui y avait bâti et créé des entreprises, a débouché sur le saccage, des tueries, la prise en main de la population par le Hamas et l’envoi de milliers de roquettes en direction d’Israël.

 

Ce qui est très évident est que les dernières opérations militaires menées par Israël n’ont pas été décisives, parce qu’Israël n’est pas allé jusqu’à la victoire, tant lors des opérations contre le Hezbollah, que lors de celles contre le Hamas plus récemment.  

 

Que faudrait-il négocier aujourd’hui ? Qui peut imaginer qu’il s’agit de négociations ? Qui ne peut savoir ce que sont les intentions des divers protagonistes ?  Qui peut douter de la position du gouvernement israélien ?  

 

Commençons par Obama. Celui-ci titube d’échec en échec depuis le début de sa présidence. Sa cote de popularité chute. Les élections de novembre approchent. On le soupçonne de se comporter comme un lâche ou comme un complice vis-à-vis de l’Iran. Que lui reste-t-il pour espérer sauver quelques apparences ? Le dossier du Proche-Orient, bien sûr. Pendant un an et demi, il a mené la politique la plus anti-israélienne jamais menée par une administration américaine. Sur l’avis d’un conseiller en communication, il a simulé un rapprochement avec Netanyahu voici quelques semaines. Aujourd’hui il entend procéder à une autre simulation : Obama, l’homme de paix. Ce dont il s’agit, dans un premier temps pour Obama, est de tenter de séduire un peu l’électorat juif américain et l’électorat américain tout court, avant les élections du mois de novembre, qui s’annoncent comme une débâcle pour le camp démocrate.

 

Ce dont il s’agit, au delà de ces élections, est, que nul ne se trompe, de tenter de faire avancer le projet Obama pour la paix au Proche-Orient : à savoir, le plan de paix arabe qui consisterait à revenir aux « frontières » de 1967, à créer un Etat palestinien en Judée-Samarie, à diviser Jérusalem, à prévoir une indemnisation pour les « réfugiés » de 1948 et leurs nombreuses, très nombreuses familles, et à prévoir, pour garantir l’absence de conflit ultérieur, une « force internationale », sur le modèle de la Finul, sans doute. N’essayez pas de détromper Obama, il croit à son projet, tout comme George Mitchell qui, malgré ses nombreux séjours, croit toujours, semble-il, lorsqu’il est à Ramallah, qu’il se trouve en Irlande du Nord. Ce projet devrait séduire les Saoudiens, puisque c’est le leur, au départ. Il devrait plaire à Mahmoud Abbas, pense Obama. Et il s’aperçoit que non !  

 

Continuons donc de ce côté  là. Les Saoudiens, tout comme les Egyptiens, en soi, voudraient bien du plan de paix arabe qui est le leur au départ. Ils aimeraient qu’Obama le leur propose, et l’impose à Israël. Ils savent bien que si Obama l’imposait à Israël, et si Israël cédait, il ne resterait plus qu’un bantoustan juif qui, espèrent-ils, s’éteindrait de lui-même et règlerait la question. Mais il y a une grosse, très grosse difficulté : Les Saoudiens, les Egyptiens, voient monter sur l’horizon l’ombre du régime fanatique chiite de Téhéran, et son acquisition de l’arme atomique. Ils n’ont plus aucune confiance en Obama pour s’occuper du dossier, et pensent; au contraire, qu’Obama a d’ores et déjà entériné l’accès au nucléaire militaire, et avant d’envisager de rayer Israël de la carte, ils espèrent encore qu’Israël fera, peut-être, ce que les Etats-Unis d’Obama ne feront pas, et ils n’affaibliront pas Israël ; en tout cas pas pour le moment.  

 

Mahmoud Abbas pourrait, à  la rigueur, apprécier qu’on lui offre un Etat clés en main dans une Judée-Samarie épurée ethniquement de toute présence juive, mais il a lui-même de grosses difficultés : il voit très bien que s’il est encore en place, c’est parce qu’il y a l’armée israélienne. Il sait ce qui s’est passé à Gaza. Il sait que Gaza est une petite république islamique téléguidée par l’Iran, et il n’a pas envie que la Judée-Samarie soit prise en main par le Hamas. De surcroît, part rapport aux gens du Hamas, il ne veut pas passer pour un lâche. Pour lui aussi, le dossier iranien est problématique, et il n’adoptera pas une position différente de celle de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte. La Jordanie elle-même devrait s’en tenir à la ligne égypto-saoudienne.   

 

L’attitude israélienne en ce contexte ? Poursuivre sur la ligne actuelle. Prendre garde à ne jamais se placer dans son tort, en sachant de toutes façons que les médias et les Européens donneront toujours tort à Israël. Se montrer ouvert, mais ne rien céder à Obama tout en laissant apparaître subtilement que c’est du côté « palestinien » que se trouve l’intransigeance qui interdit de parvenir à un accord.  

 

Bien entendu, Mahmoud Abbas fera tout pour clamer que la faute se trouve du côté d’Israël. Les dirigeants du monde arabe aussi, même s’ils seront très satisfaits d’un échec.  

 

Bien entendu aussi, Obama ne renoncera pas aussi facilement. Netanyahu devra jouer l’opinion publique américaine contre le Président des Etats-Unis qui n’est pas musulman.  

 

Obama a fixé un délai d’un an pour aboutir. Il faudra que les « négociations » s’arrêtent avant cette échéance car je soupçonne fortement Obama de vouloir aussi lier les mains d’Israël dans le dossier iranien tant que les « négociations » dureront. Obama voit, lui aussi, l’ombre de Téhéran : il a effectivement, sans doute,d’ores et déjà entériné l’accès de l’Iran au nucléaire militaire. Il sera, sur ce point, le seul dans sa position le 2 septembre.  

 

Les « négociations » pourraient de toute façon tourner court : deux mois après le 2 septembre, il y a le 2 novembre.

 

Si la débâcle annoncée pour le camp démocrate se confirme,

 

Le spectacle s’arrêtera sans doute.  

 

Le dossier iranien retrouvera alors sa place au centre des débats. On reparlera ensuite, et seulement ensuite de ce qui permettrait à Israël de vivre en paix.

 

Guy Millière

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