Publié par Guy Millière le 5 novembre 2010

De multiples signes montrent que la volonté de mettre fin au rôle de puissance hégémonique qu’ont occupé les Etats-Unis depuis 1945, manifestée et mise en œuvre par Obama depuis deux ans, a des conséquences porteuses de difficultés et de douleurs dans un futur proche. C’est visible au Proche-Orient, où l’affirmation de puissance régionale de l’Iran se fait chaque jour plus inquiétante, et s’accompagne de multiples événements qui ne peuvent être dissociés les uns des autres, du glissement islamique de la Turquie à la vente d’armes offensives à l’Arabie Saoudite, de la mainmise du Hezbollah sur le Liban à l’abandon de l’Irak, où l’attentat atroce d’al Qaida contre des Chrétiens à Bagdad doit être vu comme l’un des résultats d’un retrait américain, qui a équivalu à abandonner le pays à la tourmente. C’est visible en Afghanistan où Hamid Karzai revendique de manière quasiment explicite sa soumission aux maîtres de Téhéran, mais aussi au Pakistan, ou plus loin en Asie, avec le comportement de plus en plus menaçant de la Corée du Nord. C’est visible en Chine, où le régime, profitant de la faiblesse et de l’irrésolution américaine, affirme sa volonté de puissance à un degré qui alarme ses voisins, de l’Inde au Japon, à la Corée du Sud et à Taïwan.  C’est visible avec les liens qui se tissent de Moscou à Pékin, de Téhéran à Caracas, de Brasilia à Ankara : les accords passés ne sont pas seulement économiques, mais militaires. C’est visible en Europe, à l’évidence, où l’affaiblissement du parapluie de la défense américaine implique une ouverture croissante en direction de la Russie, et une attitude d’apaisement vis-à-vis des dirigeants chinois, qui font actuellement pression sur tous les gouvernements européens pour qu’ils ignorent le prix Nobel de la Paix décerné au dissident Liu Xiaobo, avec, hélas, un certain succès, que l’attitude obséquieuse de Nicolas Sarkozy vis-à-vis d’Hu Jintao n’a fait qu’illustrer d’une manière particulièrement flagrante, ou de David Cameron qui se rend à Pékin la semaine prochaine, et n’hésitera pas à faire le nombre de courbettes requis, on peut en être certain.

 

Parmi de nombreux gestes lourds, celui qui vient d’être accompli par le Federal Reserve Board, en coordination et en accord avec l’administration Obama est, cela dit, l’un des plus lourds. Le Fed vient, en effet de décider d’émettre six cents milliards de dollars qui ne correspondent à aucune création de richesse, qui relèvent d’un geste inflationniste grave, qui équivalent à une dévaluation du dollar, et qui ne peuvent que susciter la défiance vis-à-vis de la monnaie américaine et accélérer les appels à son remplacement par une autre monnaie de réserve, ou par un panier de monnaies. Ce geste découle de la multiplication par trois de la dette américaine en moins de deux ans par Obama et de l’exacerbation du déficit du budget fédéral. Il constitue une fuite en avant extrêmement grave. Six cents milliards de dollars, cela correspond à six mois  d’endettement des Etats-Unis au rythme actuel, six mois seulement, et cet argent, de fait, est destiné à racheter six mois d’endettement.

Depuis l’annonce du Fed, le dollar s’est affaibli, ce qui est très logique. Les valeurs boursières en Inde ont monté, indiquant que des investissements se faisaient en cette direction. Le prix de l’or a fait un bond vers le haut. L’objectif affiché du Fed, dixit Bernanke, est de créer une incitation pour ceux qui achètent de la dette américaine, à se tourner vers le secteur productif, et à contribuer à la création d’emplois.  Les anticipations des acteurs du marché, eux, voient surtout le gouffre financier créé par Obama et, s’ils envisagent de se tourner vers un secteur productif, regardent ailleurs qu’aux Etats-Unis : ils ne peuvent faire autrement que voir que le plan de stimulation, comme c’était prévisible, n’a rien stimulé du tout, au contraire, et que le Fed depuis le début de l’année a déjà émis neuf cent milliards de dollars pour strictement rien, tout en maintenant les taux à zéro, pour strictement aucun résultat.

La tâche de redressement qui attend les Républicains sera vraiment très difficile. Et le nouveau Congrès ne prendra ses fonctions qu’au début du mois de janvier. En attendant, le congrès qui vient d’être balayé va encore siéger. Certains, aux Etats-Unis, s’attendent à ce qu’Obama, secondé par Nancy Pelosi, qui n’a plus rien à perdre, et par Harry Reid qui a sauvé son siège in extremis, pratique une politique de la terre brûlée. La situation dont héritera le nouveau Congrès ne sera claire que dans deux mois. En attendant, on peut craindre le pire. Les idiots utiles de l’obamalatrie diront que tout cela, c’est l’héritage des années Bush, évidemment. Ce genre d’argument marche encore auprès des bobos américains, et de la gauche européenne, qui, en France, va de l’UMP au Parti Socialiste, mais ne marche plus auprès du peuple américain qui, lui, subit, et n’a pas fini de subir. L’élection d’Obama a été bien davantage qu’une erreur, quasiment un geste irraisonné et quasiment suicidaire, et c’est un geste que la planète entière continuera à payer longtemps.

Un commentateur américain, soulignant les origines africaines de Barack Obama, se demandait si, pour comprendre, il ne fallait pas regarder ailleurs qu’au Kenya : du côté du Zimbabwe. C’était de l’humour, mais derrière l’humour, quelquefois, il y a une semblance de vérité.

Guy Millière

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