De la main ou la voix,
Pour qui la bénédiction du père ?
Est-ce le Glaive ou l'Esprit
Qui règnera sur la terre ?
Ils sont nés jumeaux,
Frères des mêmes entrailles ;
Sur lequel des deux,
Se posera la bénédiction d'Abraham ?
L'un d'eux était fort
Et habile à la chasse ;
Il aimait le rouge des champs
Et il parlait aux vents.
Qu'ai-je à faire des études
Et des questions sans fin ?
Je suis homme d'aventure,
Le monde m'appartient.
De la main ou la voix
Pour qui la bénédiction du père ?
Est-ce le Glaive ou l'Esprit
Qui règnera sur la terre ?
Le plus jeune retenait encore par la main
Le talon de l'aîné, habité par la faim.
Jacob, sous les tentes
Méditait en silence
Une histoire d'errance
Et d'une promesse qui chante.
Qu'ai-je à faire sur la terre
Lieu des rixes et des guerres ?
Je suis homme de prière,
Le fils de mes pères.
Mais en son for intérieur, la mère des jumeaux
Ordonnait au plus jeune de ses fils
De se vêtir de la main d'Esaü
Et couvrir ainsi sa peau lisse.
Isaac le père, aimait le champ béni de Dieu,
Il espérait voir ses deux fils unis en tous lieux ;
Ne sont-ils pas frères de la même mère ?
Chacun de mes fils porte en lui sa propre lumière !
Entre la force et la prière
Pour qui la bénédiction du père ?
Ne faut-il pas et le glaive et l’esprit
Pour travailler et garder le jardin de la terre ?
Jacob, homme intérieur saura transformer ses peurs
Et Esaü, homme extérieur réveiller l'étincelle de chaque lueur ;
De ces deux vocations, je ne saurai choisir,
Pour l'identité d'Israël, ils devront s'unir !
Au chasseur des âmes perdues, j’offrirai la bénédiction matérielle
Et au veilleur des secrets intérieurs, la bénédiction spirituelle ;
Isaac ignorait l'accord conclu entre frères,
Du droit d'aînesse, Ésaü n'avait que faire .
Le plus jeune retenait encore par la main
Le talon de l'aîné, habité par la faim.
Fatigué du labeur de la terre,
Esaü aspirait aux énergies rouges cuisinées par son frère
Et renonçant à sa noble mission
Il a perdu la bénédiction.
La main est celle d’Esaü
Mais la voix est celle de Jacob !
La bénédiction du père s'est envolée
À l'âme du plus jeune, elle s’est attachée.
La rosée des cieux et la saveur de la terre
Accompagnent les enfants du troisième père
Mais qu'ils oublient que leur voix est prière
Et le ciel et la terre refuseront la Parole qui désaltère.
« Tu vivras à la pointe de ton épée »
Est une bénédiction de guerre,
La haine de l'aîné
S'est portée sur le jeune frère.
Oubliant la terrible cession
Qui lui a fait perdre la bénédiction
Dans un grand cri d'amertume,
Il jure qu'il n'oubliera pas l'imposture ;
Depuis lors, boitant entre l'épée et la prière
Jacob avance sur les chemins de la terre ;
Il porte haut les deux bénédictions du père
Et se sert de la parole comme d’une épée de lumière.
Rachel Franco
21 novembre 2010
J’aime ce texte magnifique, qui complète les versets de la Torah.
Quel plaisir de lire tes poèmes,
Esther*
Bravo pour ce beau poème ! Je suis justement en train de relire la Genèse et j’ai lu tout juste, hie,r l’histoire de Jacob et d’Esaü…L’éclairage est total sur l’actualité !
C’est un article sublime.
Je me permets de profiter de cette belle évocation des démêlés de Jacob et Esaü, pour faire un peu de pub pour les sites “Judéopédia” et “Objectif Transmission“. Voir aussi :
Maître, maîtresse, maîtrise
Révèle-moi ton nom
Sur le nom de Jacob
Les embrassades de Jacob et Esaü
Peut-on être à la fois guerrière et poétesse ?
Démonstration par Rachel Franco.
Merci, Rachel, pour ce beau poème.