C'est à Beauvais que le dictateur déchu était attendu, à bord d'un avion immatriculé TCX72HV de Monarch Airlines, après avoir fait une escale à Malte. Ben Ali devait se rendre ensuite à l'hôtel Shangri-La, à Paris.

La chaîne Al Arabiya a pu interroger le pilote qui a refusé de transporter la famille de Ben Ali : "Ce sont des criminels de guerre. J'ai refusé de piloter l'avion et de les faire sortir du pays"

Le pilote a ajouté : " Il y avait cinq membre de la famille de Ben Ali dans l'avion. Je ne peux pas vous dire qui c'était, mais combien ils étaient.". Al Zaeera confirme que plusieurs membres de la famille, dont le gendre de l'ex président, 

Les autorités françaises ayant déclaré, d'après Reuters que "si une demande d'asile politique nous est présentée, nous nous engageons à consulter l'autorité constitutionnelle tunisienne sur la marche à suivre", l'avion de Ben Ali aurait donc repris sa route vers une nouvelle destination. Ce n'est qu'ensuite que la présidence française a déclaré qu'elle refusait à l'avion transportant Ben Ali l'autorisation d'atterrir sur le sol français. 

A 21h05, la chaîne de télévision tunisienne Nesma TV, a révélé que Sakher Materi, le riche gendre de Ben Ali, a été arrêté avec d'autres membres de la famille. Materi, 31 ans, contrôlait la franchise Porsche et Volkswagen pour la Tunisie, la banque Zeitouna, une compagnie d'assurance, et une chaîne de radio.

A 21h25, Al Jazeera indiquait que l'avion de Ben Ali se dirige maintenant vers un pays du Golf.

21h40 : Une heure après la déclaration faite par le premier ministre Mohammad Ghannouchi qu'il assumait l'interim de la présidence, la rebellion gronde. Plusieurs réactions se sont fait entendre, indiquant que la décision était inconstitutionnelle, et que le porte parole du parlement, comme nous l'avons indiqué plus tôt ici sur Dreuz.info, devait assurer ce poste selon la Constitution. La chaîne Al Jazeera a communiqué depuis la ville de Kasserine, que des avocats tunisiens protestent contre Ghannouchi, et lui demandent de respecter la loi et de renoncer au poste par interim.

21h45 : Contrairement à la dépêche de Nesma TV, Al Jazeera affirme que Sakher El Materi, le gendre de Ben Ali, n'a pas été arrêté, et qu'il s'est rendu à Dubai. L'information est confirmé par l'un de ses assistants.

Les émeutes de Tunisie semblent peu avoir déteint sur le monde arabe. Néanmoins, plusieurs rapports font état d'émeutes en Libye. Plusieurs quartiers de Benghazi seraient en feu, mais aucune agence d'information pour l'instant ne confirme.

Selon Radio-Canada, des manifestations ont explosé en Jordanie, ou des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes, dont la capitale, Amman. Dans le sud du pays, les protestataires ont scandé des slogans hostiles au premier ministre Samir al Rifaï. "Nous protestons contre la politique du gouvernement – les prix élevés et la fiscalité – qui pousse le peuple jordanien à la révolte."

Il y a trois jours, le gouvernement a annoncé de manière précipitée des mesures pour faire baisser le prix des denrées et du carburant, alors que la Tunisie et l'Algérie étaient en proie à d'importantes émeutes. D'autres pays du monde arabe ont pris des mesures similaires dans les derniers jours. La Libye a aboli les droits de douane et les taxes sur certains produits alimentaires et le Maroc a pris des mesures pour assurer la stabilité de l'approvisionnement en blé. Selon l'un des organisateurs des manifestations de Jordanie, Dergham Halassa, les récentes mesures du gouvernement « ne sont qu'un écran de fumée »."Dans le contexte arabe, nous sommes tous logés à la même enseigne (que les tunisiens note de JPG). Nous vivons tous sous la férule de dirigeants répressifs."

Jean-Patrick Grumberg

Sources :

Radio Canada : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/01/14/011-jordanie-manifestations-rifai.shtml