Publié par Michel Garroté le 17 janvier 2011


J’ai regardé et écouté Alexandre Del Valle, éditorialiste au quotidien ‘France Soir’, qui était invité ce week-end sur la chaîne de télévision française Canal+, et qui a défendu à cette occasion, avec courage – et preuves historiques à l’appui – la fin imminente, de la présence chrétienne multiséculaire, en Orient, la disparition programmée des Chrétiens d’Orient. La députée socialiste Elisabeth Guigou, également invitée, n’a pas trouvé à redire (elle a juste, très timidement, mis en garde contre tout manichéisme). Le journaliste Thierry Ardisson, qui dirigeait le débat, lui non plus, n’a pas trouvé à redire. Le 24 décembre 2010, sur la chaîne de télévision française TF1, un évêque et deux prêtres figuraient parmi les invités (visionner seconde partie, à partir de la 14ème minute :http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3350-salut-les-terriens.html?vid=412985).

Pour ce qui me concerne, j’ai le sentiment que de toute évidence, les crimes abominables perpétrés contre des Chrétiens d’Orient, en 2010, au Pakistan, puis en Irak et enfin en Egypte, de toute évidence, écrivais-je, ces crimes abominables, ont réveillé, quelques consciences journalistiques, dans l’audiovisuel français. Je suppose, qu’en France, au nom d’une laïcité absolutiste et décalée, quelques individus, aussi ‘progressistes’ que ‘sectaires’, vont exercer, très prochainement, s’ils ne l’ont pas déjà fait, des pressions, sur la présidence de la république, sur le gouvernement et sur l’audiovisuel, afin que l’on cesse de parler du christianisme, fut-il persécuté. Car il existe, en France, des mouvances laïcardes absolutistes qui considèrent qu’un Catholique qui défend Benoît XVI et qui défend les Chrétiens d’Orient est un Catholique intégriste, qu’un Juif qui se rend à la synagogue est un Juif ultra-religieux et qu’un Chrétien évangélique est un Chrétien fondamentaliste.

En réalité, il y a, en France, deux mouvances laïcardes absolutistes. Celle de gauche qui pactise avec l’islam tout en souhaitant rayer de la carte, effacer de la page du temps, la culture judéo-chrétienne ; on se demande d’ailleurs, si sa haine de la culture judéo-chrétienne, poussera, cette mouvance laïcarde absolutiste de gauche, jusqu’au suicide, suicide culturel et collectif. Et puis, il y a la mouvance laïcarde absolutiste d’extrême-droite qui ne veut plus d’islam et qui ne veut pas non plus de culture judéo-chrétienne ; on se demande d’ailleurs, si la mouvance laïcarde absolutiste d’extrême-droite sait, elle-même, ce qu’elle veut ; et ce qu’elle ne veut pas. On ne redresse pas un pays avec des souchiens incultes et dégénérés.

Dans une analyse lucide – mentionnée par http://marianne2.fr/ – l'abbé de Pommerol, aumônier du 2e REP français en Afghanistan (cf. son descriptif sur http://lefigaro.fr/ du 18 juin 2010) critique la déférence envers l'islam qui est exigée de la part des militaires français servant en Afghanistan (extraits adaptés) : Il y a en Afghanistan une volonté de l'armée française de créer un état d'esprit déférent et bienveillant face à l'islam. Une crainte presque servile de déplaire à l'islam. Les informations, consignes et règles de vie qui nous sont données sont parsemées de détails visant surtout à respecter la république islamique d'Afghanistan dans ses coutumes et ses lois. Ses consignes ne seraient jamais données en France car elles choqueraient les mentalités. Mais sous prétexte qu’ils sont chez eux, nous assistons à une démission de l'intelligence, une trahison de l'esprit, un bannissement effrayant de la conscience (Note de Michel Garroté : les terroristes islamiques, financés de l’étranger et souvent de nationalité étrangère ne sont pas chez eux en Afghanistan).

L'aumônier – et évêque – Mgr de Pommerol déplore l'inaction des militaires occidentaux devant une femme battue par son mari ou devant une fillette de moins de 10 ans mariée. Plusieurs affaires ont provoqué de vrais conflits, notamment, celle du voile : une sergent-chef occidentale a reçu l'ordre de se voiler alors qu'elle se promenait nue tête, afin « de ne pas choquer les Afghans ». Elle a du se couvrir avec son chèche. Le ‘Padre’ considère qu'il s'agit d'un ordre illégal et avilissant : le fait d’imposer un usage de la religion musulmane à une personne qui n’est pas de cette religion et qui le refuse porte atteinte à sa liberté. Il s’agit ici d’un viol de conscience, mêlé d’une infraction grave à la laïcité. Autre épisode très douloureux : Celle de la présence d'Afghans aux cérémonies militaires organisées à la suite de la mort de légionnaires au combat. Lors de l’enterrement de nombreux maleks et autres dignitaires locaux étaient présents à la prise d’armes. Tous sont restés assis, discutant et plaisantant durant la cérémonie. A la fin de la prise d’armes, plusieurs personnes, légionnaires et sous-officiers, sont venus me voir pour me confier une mission. Ils me disaient : ‘Padre, si on meurt ici, on ne veut pas de ces gens à notre enterrement’.

Au Pakistan, l’islam menace de tuer Benoît XVI. Des milliers de musulmans pakistanais ont manifesté contre Benoît XVI parce qu’il a critiqué la loi sur le « blasphème » en disant (cf.http://christianophobie.fr/ du 10 janvier et http://postedeveille.ca/ du 15 janvier) : « J’encourage une fois encore les dirigeants de ce pays (le Pakistan) à prendre les mesures nécessaires pour abroger cette loi, d’autant plus qu’il est clair qu’elle sert de prétexte à des actes d’injustice et des violences contre les minorités religieuses ». Les Pakistanais ont alors accusé Benoît XVI d'avoir « accusé tous les musulmans du monde ». Les musulmans du Pakistan ont menacé, après la grande prière du vendredi : « Si vous défiez le prophète, nous nous vengerons. Ça n’a pas d’importance qui le fait ».

En France, Monseigneur Aillet, dans la préface du d’un livre du  professeur et islamologue Madame Marie-Thérèse Urvoy ("Christianisme et islam, foi et loi" http://editions-de-paris.com/2010) écrit (extraits adaptés) : La progression constante de l’islam dans notre société occidentale est un fait qui ne peut manquer de nous interroger : c’est la raison pour laquelle d’éminents spécialistes se sont rassemblés pour donner, dans les pages qui vont suivre (le dernier livre de Marie-Thérèse Urvoy), d’indispensables éléments de discernement. Souvenons-nous de la réception par le monde musulman du discours que fit Benoît XVI le 12 septembre 2006 à Ratisbonne. Le Saint-Père mettait en lumière l’apport de la raison face aux incohérences portées par l’islam s’agissant de l’homme dans son rapport à lui-même, aux autres et à Dieu.

Monseigneur Aillet : A leur façon, les différents auteurs du présent ouvrage ("Christianisme et islam, foi et loi") pointent de manière décisive les limites d’un système politico-religieux qui, pour être vécu diversement par ses adeptes, ouvre des perspectives anthropologiques bien éloignées de l’humanisme chrétien et de l’Evangile. Si, en reprenant saint Pie X, la faiblesse des bons fait la force des autres, il est grand temps de nous interroger sur la croissance de l’islam en France. Est-ce que la présence de l’islam en notre pays n’est pas l’occasion de revenir à ce qui fait l’essence de notre baptême ? Nous pouvons réentendre ce qu’écrivait le Paul VI dans son exhortation apostolique Evangelii nuntiandi : « Elle [l’Eglise] existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du Christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse ».

Monseigneur Aillet : Quelques décennies avant, le bienheureux Charles de Foucauld écrivait : « Il ne s’agit pas de les convertir [les musulmans] en un jour ni par force : mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime » (Lettre de Charles de Foucauld à René Bazin – 1916). Si nous ne devons pas renoncer à dialoguer avec les musulmans pour favoriser un climat de connaissance mutuelle voire de conscience amicale pour mieux assurer les conditions de la paix et de la cohésion sociale, nous sommes appelés à déceler les ambiguïtés d’un dialogue islamo-chrétien qui évacuerait au nom d’une prétendue tolérance un authentique esprit missionnaire. Je doute que des initiatives comme par exemple celle du partage de l’expérience du jeûne entre chrétiens et musulmans, à l’occasion du Ramadan, fondent en vérité la rencontre.

Monseigneur Aillet : Dans cette perspective, Benoît XVI faisait remarquer aux évêques de France à Lourdes en 2008, que « le dialogue authentique demande comme conditions fondamentales une bonne formation pour ceux qui le promeuvent, et un discernement éclairé pour avancer peu à peu dans la découverte de la Vérité ». Enfin, s’agissant de la recherche du Bien commun pour la Cité, nos responsables politiques mesurent-ils suffisamment les risques que courent la paix, la liberté ou encore le respect de la dignité de la femme dans certains de nos quartiers ? De la même façon que des régimes totalitaires ont pu voir le jour par la voix des urnes (Note de Michel Garroté : en effet, Hitler, par exemple, a été élu), sommes-nous suffisamment attentifs à la possibilité de l’irruption dans les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, de principes politiques incompatibles avec la dignité de la personne humaine, socle de notre civilisation chrétienne ?, interroge Monseigneur Aillet.

Pour ce qui me concerne, j’estime que face au défi de l’islam, il ne suffit pas de se déclarer contre le manichéisme, autrement dit contre le fait de penser qu’un mauvais génie gouverne le monde. Cet argument – donné par la députée socialiste Elisabeth Guigou sur Canal+ suite à l’intervention d’Alexandre del Valle – est insuffisant et réducteur. La question ne se limite pas à refuser d’être manichéen, à refuser d’être sectaire. Nombre de gens qui prétendent lutter contre le sectarisme sont eux-mêmes sectaires.

Toujours pour ce qui me concerne, j’estime qu’il reste à fixer les alliances – les vraies et les fausses – qui peuvent être scellées afin de tenter de contenir l’islam. Pour ce qui me concerne, la seule alliance vraie demeure l’alliance entre la culture juive et la culture chrétienne. Toute autre alliance me semble vouée à l’échec. Et l’absence de toute alliance me semble orgueilleuse et suicidaire. Le seul point commun entre les Juifs, les Chrétiens, les athées et les agnostiques, c’est la société libre. Or, toute société libre repose sur une culture et un héritage commun. Cette culture commune, cet héritage commun – par opposition aux sociétés fermées, obscurantistes, totalitaires, – c’est la culture juive et chrétienne. Pour les uns, c’est une culture et rien d’autre qu’une culture. Pour les autres, c’est aussi une vie spirituelle qui relève de la foi. Mais dans les deux cas, ces cultures – avec ou sans vie spirituelle relevant de la foi – sont vécues dans une société libre.

Michel Garroté

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