Publié par Guy Millière le 29 janvier 2011

Au moment où j’écris ces lignes, les principales villes d’Egypte sont en proie à l’incendie et au chaos. Tout ce qui sépare le régime Moubarak de la chute, sur un mode tunisien, est l’armée. Si l’armée se retourne contre Moubarak, celui-ci devra suivre le chemin suivi par Ben Ali. Ceux qui aujourd’hui parlent de démocratie et s’extasient feraient bien de réfléchir. 

Si, en Tunisie, le risque d’une montée en puissance des islamistes d’En-Nahda est grand, en Egypte, l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en cas de chute de Moubarak serait une quasi certitude. Les Frères musulmans sont une organisation sunnite, mais ses liens avec l’islam radical shiite sont grands : la branche palestinienne des Frères musulmans est le Hamas, aujourd’hui largement financé par l’Iran. Mohamed El-Baradei, aujourd’hui en résidence surveillée, est tout à la fois proche des Frères musulmans et proche du régime des mollahs en Iran, et pendant sa présidence de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, il a rendu de bons et loyaux services à Téhéran. Il entend se placer et servir d’interface. 

Ce qui pourrait bien se jouer est un grand basculement de tout le grand Moyen Orient, du Pakistan à l’Afrique du nord. Ce basculement, s’il a lieu, sera une défaite majeure pour le monde occidental et pour tous ceux qui sont attachés aux valeurs de liberté. Il sera, le cas échéant, un triomphe islamique dont on peut encore difficilement mesurer les conséquences. 

Israël sera, bien sûr, l’Etat le plus menacé. L’Europe se retrouvera placée dans une position particulièrement périlleuse, et ne pourra faire autrement que persister dans la soumission préventive, l’alternative étant des émeutes et des attentats. La Chine, la Russie et le cartel des dictatures auront toutes les raisons de se réjouir. Pour les Etats-Unis, ce sera un revers catastrophique. 

J’ai noté dans un article précédent que, sans vouloir céder au pessimisme, je n’étais néanmoins pas très optimiste, et que j’espérais qu’il n’y aurait pas de contagion majeure : je dois dire que mes espoirs se sont singulièrement amenuisés. J’ai noté aussi que lorsqu’un Président des Etats-Unis mène une politique catastrophique ou nulle, le moment des catastrophes majeures se situe en moyenne au bout de deux années de mandat. Nous y sommes très exactement. 

Cela signifie-t-il que j’attribue la responsabilité de ce qui se passe à l’administration Obama ? La réponse est : oui. 

Obama, depuis le début de sa présidence, a adopté une attitude d’apaisement et de faiblesse vis-à-vis de l’islam radical, qui a bien reçu le message. Pour être certain que le message passait bien, il est allé le délivrer jusque dans la capitale égyptienne voici un an et demi, en un discours digne d’un ancien élève d’école coranique. Ce qu’il a dit n’est pas tombé dans l’oreille de sourds. Face à l’apaisement et à la faiblesse, les totalitaires et les fanatiques ont toujours la même façon de réagir. 

Les propos de Hillary Clinton et Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche samedi ont été pitoyables, et ils avaient l’un et l’autre la dignité d’un lapin affolé dans la lueur des phares d’une voiture, la nuit. Demander à un gouvernement la modération quand les villes brûlent est grotesque. Demander aux manifestants de s’adoucir quand les émeutes ont lieu est débile. Demander des réformes à un moment où l’atmosphère est au pillage est inepte. Annoncer que l’aide américaine à l’Egypte sera revue ou suspendue en pareilles circonstances est bien davantage que de la maladresse. Je me suis demandé à certains instants si l’on avait affaire à des imbéciles qui ont dépassé depuis longtemps leur seuil d’incompétence, ou à des gens qui jouaient la comédie.

La doctrine Obama envisageait un monde régi par un cartel de dictatures, et plus sûr pour les autocrates. Je n’oserais imaginer qu’elle pouvait aller jusqu’à envisager un monde plus sûr pour l’islam radical. C’est néanmoins ce monde-là qui pourrait être en train de naître. 

La présidence Carter avait débouché sur la naissance de la république islamique d’Iran. La présidence Obama n’a que deux ans d’âge, et elle est en train de montrer qu’elle peut déboucher sur bien pire. 

Les obamalatres vont, bien sûr, expliquer qu’Obama n’y est pour rien, et ils vont continuer à parler en chœur avec lui d’énergies « vertes », d’assurance santé et d’éducation.  L’aveuglement volontaire a ses raisons que la raison ignore totalement.

 Guy Millière

PS : Il semble que l’administration Obama est très impliquée dans le soulèvement en Egypte. Je le découvre en achevant ce texte. Tout comme elle a été impliquée dans le soulèvement en Tunisie. Les accusations sont si graves que j’attends de les vérifier pour en parler davantage. Elles sont, en tout cas, reprises par un journal très sérieux : le Daily Telegraph, à Londres, qui place en lien des documents qui semblent accablants :

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/egypt/8289686/Egypt-protests-Americas-secret-backing-for-rebel-leaders-behind-uprising.html?sms_ss=facebook&at_xt=4d4373f6318b60d9,0

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