Publié par Jean-Patrick Grumberg le 11 février 2011


Mohamed Badie, chef suprême des Frères musulmans

Oubliez la djellaba ou la barbe des talibans : le nouveau visage des Frères musulmans est moderne, élégant et difficile à déceler. "Beaucoup de frères sont rasés, portent costume cravate et sont physiquement indiscernables", écrit le correspondant de Reuters Jonathan Wright. 

Le nouveau chef suprême de la confrérie, Mohamed Badie, porte des costumes raffinés, parle tranquillement, et il est un des vétérinaires les plus respectés d'Égypte. L'Europe a aussi son spécimen, en la personne de Tariq Ramadan.

Là s’arrêtent les similitudes avec l'Occident, car l'habit ne fait pas le moine. 

La même fraternité qui aujourd'hui fait semblant de prêcher la liberté et la démocratie avec la révolte égyptienne, en août dernier affirmait, par la bouche de son leader Mohamed Badie, que si les frères étaient restés au pouvoir, « l'entité sioniste » (c'est ainsi que parlent ceux à qui le mot Israël arrache la gueule), n'aurait jamais planté son drapeau en Palestine.

Car les Frères musulmans vouent une haine totale aux juifs et à l'Occident.

L'un des livres de référence des Frères musulmans, "Sous les ombrages du Coran", écrit par Sayyid Qutb alors qu'il était enfermé dans les prisons égyptiennes, est considéré comme le Mein Kampf de l'islamisme. Bon connaisseur de la société américaine pour y avoir séjourné de 1948 à 1950, il écrivait par exemple que « le jazz a été créé par des nègres pour satisfaire leur amour du bruit et aiguiser leurs désirs sexuels » (ça va tellement plaire à Dieudonné qu'il en fera certainement un nouveau sketch … contre les Juifs). Ou encore que "l'Occident est un « tas d'ordures » et qu'en raison de son «hostilité envers l'islam », il prévoyait de «démolir la structure de la société musulmane". Ailleurs, les Juifs sont décrits comme des « tueurs de prophète » perfides, diaboliques, et pratiquant le double langage.

Le livre fut rapidement interdit en Égypte, mais il eut le temps de planter des racines profondes dans l'Islam moderne.

Qutb écrit que la seule façon de se débarrasser de la corruption du régime « colonialiste » égyptien était l'imposition d'une « dictature juste » et de faire la guerre contre la modernité, la laïcité, la rationalité, la démocratie, l'individualisme, la promiscuité sexuelle, le matérialisme et le sionisme (qui a contaminé l'Islam).

Pour Qutb et Badie, les États-Unis et Israël sont les plus grands maux qui existent (air repris à l'extrême gauche et chez les pro palestiniens). « Le djihad contre les infidèles est un commandement d'Allah », a déclaré Badie en août 2010, tandis que les abrutis des médias décrivent ce mouvement comme représentant les légitimes aspirations du peuple égyptien à la démocratie (sic !), et que les télévisions prennent soin de censurer les images pour cacher celles, majoritaires, des femmes voilées et des barbus. 

Histoire de retirer les doutes à ceux qui auraient lu dans la presse que les Frères Musulmans sont relativement modérés et qu'il est raisonnable de discuter avec eux, le bon Badie a appelé les femmes à « élever une génération djihadiste, qui recherchera la mort tout comme les ennemis poursuivent la vie » (note de JPG : c'est à dire qu'il a ordonné aux femmes – qui s'exécutent avec fierté – de pondre à la chaîne des bébés supplémentaires destinés exclusivement à devenir de futurs porteurs de ceintures d'explosifs. A Libération et au Monde, c'est ce qu'on appelle des libérateurs, et à Euro Palestine, des résistants).

Quand au Sheikh Yusuf al-Qaradawi, l'idéologue des Frères musulmans, il a appelé « dieu à tuer les juifs jusqu'au dernier », en rappel des propos du fondateur, le grand père de Tariq Ramadan (qui a déclaré maintes fois revendiquer chaque mot écrit par son grand père) : «L’islam est la foi et le culte, la patrie et la citoyenneté, la religion et l’État, la spiritualité et l'action, le livre et l'épée » et aussi « l'islam retournera en Europe, non par l'épée, mais le prosélytisme ». C'est d'ailleurs cette haine de l'Occident qui leur a attiré l'affection des partis d'extrême gauche, des verts, et des communistes, qui subitement ont oublié que la religion est l'opium des peuples. Quand aux Chrétiens de gauche, ils font semblant de ne pas entendre et ils y parviennent à la perfection.

Leur objectif est simple : la guerre contre les Juifs et les libertés de l'Ouest. « l'histoire de la liberté n'est pas écrite à l'encre mais avec le sang », dit Badie. La Fraternité inclut aussi la discrimination contre les chrétiens et les femmes, et suit le modèle iranien salafiste, qui donne le pouvoir politique au clergé. Au Parlement égyptien, les Frères Musulmans, avec quatre vingt sièges, se sont battus pour le voile de la femme à la télévision, et pour faire interdire Miss Égypte.

Il est important de noter que les Frères musulmans, organisation islamique la plus puissante au monde, font reposer toute leur stratégie sur l'utilisation extensive du double langage :

Ses cadres sont habillés en Hugo Boss, mais ils exigent du peuple qu'il suive un mode de vie salafiste ou les hommes se font pousser la barbe et les femmes portent la burqa.

Ils courtisent et se font courtiser par les gouvernements et les médias occidentaux, mais ils construisent, avec les pétrodollars saoudiens, les mosquées d'Europe et la mosquée si symboliquement provocante de Ground Zero à New York.

Ils représentent l'élite égyptienne, ils sont médecins, ingénieurs, professeurs, ambassadeurs, juges et parlementaires, mais leur symbole est un Coran entouré de deux sabres.

En 2005, ils ont publié une carte du monde totalement verte, comme la couleur de l'islam. Dans un cadre était écrit : "Cent ans à partir de maintenant". La victoire des Frères Musulmans en Égypte sera une source de grande joie pour les ennemis masqués de la liberté, le genre Edwy Plenel, et elle préfigurera des moments difficiles en Europe et en Occident.

Avec vingt pour cent du parlement, et trente pour cent de soutien parmi la population, les Frères musulmans sont la seule organisation d'opposition structurée d’Égypte, aux ramifications internationales, aux moyens financiers quasi illimités, et ils ont fait la preuve de leur grande discipline, de leur parfaite organisation, et de leur totale détermination.

Seule l'armée est capable de leur faire obstacle. C'est l'institution la plus importante et la plus stable du pays, elle est très tournée vers l'occident, et elle se méfie, à juste titre, des Frères musulmans. Elle bénéficie en outre d'un prestige très important auprès de la population égyptienne, du fait qu'elle a renversé, en 1952, la monarchie, et qu'elle a rendu à l’Égypte, avec la guerre de 1973 contre Israël, à la fois sa fierté et le Sinaï. 

L'armée est en mesure, sous le commandement de Moubarak, ou du Vice Président Souleiman, de permettre aux égyptiens démocrates de se structurer en vue des prochaines élections, et de faire barrage au danger que représente la Fraternité, qu'elle soit provisoirement incarnée par le dangereux serpent El Baradei, ou par un des cadres du mouvement.

Mais ça, les médias français ne peuvent pas l'écrire, donc ça n'existe pas.

Jean-Patrick Grumberg

Sources : 

www.ilfoglio.it

www.washingtonpost.com

 

 

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