Publié par Ftouh Souhail le 19 février 2011

A l'occasion des émeutes arabes, les régimes totalitaires de la région sont passés à la vitesse supérieure dans la répression. Ces régimes, qui souffraient d’un déficit de légitimité, ont été surpris par la chute précipitée du régime du Président Ben Ali et de Moubarak. 

Cette  vague de contestations populaires sans précédent, contre les régimes autoritaires en place depuis des décennies, au Moyen-Orient, continuait d'être réprimée dans le sang en Libye, à Bahreïn, au Yémen et en Irak, malgré les appels internationaux à la retenue.

 
Les manifestations organisées jeudi en Libye contre le régime dictatorial de Kadhafi dans le cadre d'une ''journée de la colère'' ont fait au moins vingt morts, selon une organisation locale des droits de l'homme. A Bahreïn, le bilan du soulèvent chiite contre la monarchie sunnite passe à cinq morts et deux cent blessés.
 
La Haut commissaire des Nations unies aux Droits de l'Homme, Navi Pillay, a condamné ce vendredi les réactions "illégales et excessives" des gouvernements aux "demandes légitimes" de la population.
 
Le président américain Barack Obama a "condamné", vendredi, le recours à la violence contre les manifestants à Bahreïn, en Libye et au Yémen, et appelé au respect de leur liberté d'expression.
 
"Les États-Unis condamnent le recours à la violence par les gouvernements contre les manifestants pacifiques, partout où cela pourrait se produire", précise Obama.
 
La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué ce vendredi que le droit à manifester pacifiquement, dans les pays du Golfe, devait être respecté, au cours d'un entretien téléphonique avec le prince héritier d'Abou Dhabi.
 
La France a annoncé la suspension des exportations de matériel de sécurité à destination de la Libye et de Bahreïn, où la contestation populaire s'est amplifiée ces derniers jours.
 
Les manifestations contre le régime, en Libye, ont fait au moins vingt morts à Benghazi et sept à Derna, a rapporté vendredi le journal libyen Oea.
 
Trois personnes ont été tuées dans les violents affrontements entre la police et les manifestants, jeudi soir à Aden, principale ville du sud du Yémen, selon un bilan réactualisé de source hospitalière. Huit manifestants anti-gouvernementaux ont été blessés vendredi à Taiz par une grenade, ont rapporté des sources de l'opposition.
 
Une centaine de Syriens ont manifesté jeudi au coeur de Damas pour dénoncer la brutalité des policiers contre un citoyen syrien, a indiqué ce vendredi le site d'opposition all4Syria.info.
 
Huit personnes ont été blessées ce vendredi à Amman (Jordanie) lors d'affrontements entre partisans du gouvernement et manifestants, a-t-on appris auprès d'une source médicale et de témoins.
 
Les attaques, qui se multiplient contre les manifestants au Yémen, au Bahreïn et en Libye sont troublantes, et elles reflètent la vérité toujours occultée, à savoir la pire barbarie exercée par les régimes arabes contre leurs propres populations. Aux manifestations pacifiques, aux revendications légitimes des populations, les régimes arabes répondent par la répression, les arrestations et le couvre-feu. Au lieu de dialoguer, de négocier et de proposer des solutions réalistes et viables, ils adoptent la politique du bâton et préfèrent la fuite en avant. Ils s'appuient sur la machine policière ou sur l'armée pour contenir les contestations.
 
Ce génocide délibéré est soutenu et justifié par la majorité des composantes des régimes en places. Les dirigeants arabes se font concurrence dans le massacre de leurs populations. Dans ces États arabes fascistes et racistes, c’est l’écoulement du sang qui fait la cote de popularité de tel ou tel dirigeant au pouvoir. Celui qui pousse à plus de répression, qui commet le plus de massacres, est celui qui sera en mesure de rester au pouvoir. Ce qui veut dire que les dirigeants arabes sont dans leur ensemble des meurtriers fascistes. Ils sont à la tête de régimes guerriers qui ne vivent que par le sang.
 
Lorsque les révoltes contre ces dictatures sont nées, la puissance des appareils militaires et policiers s’est vite déclenchée donnant en spectacle le massacre inter-arabe.
 
Les autorités, indifférentes à ce spectacle désolant et terrifiant, continuent de procéder à l'arrestation de plusieurs centaines de manifestants, embarqués manu militari et emprisonnés sans aucune forme de procès, au grand désarroi de leurs proches.
 
Personne n'explique pourquoi ces régimes sont incapables d’améliorer le quotidien du citoyen, et promouvoir son mode de vie. Personne n'est disponible pour offrir des solutions, des pistes de politiques efficace en faveur de la population des pays arabes, qui s’élèvera à près de trois cent quatre vingt millions de personnes d’ici 2015 (contre environ trois cent quarante sept millions en 2010) et  qu’il faudrait donc s’activer pour créer cinquante millions d'emplois nouveaux sur les dix prochaines années, pour seulement maintenir le taux de chômage actuel.
 
Les émeutes arabes ont démontré (au plan extérieur autant qu’intérieur) que la seule question qui fait bouger massivement les masses aujourd’hui, c’est la question du développement économique, et que l’immobilisme de ces régimes tortionnaires est à l’origine de ces désastres économiques.
 
C’est ainsi, d’ailleurs, qu'au Yémen, en Algérie et en Syrie, les dirigeants ont consenti des aides financières à la population, pour calmer la colère. Ces aides restent dérisoires par rapport aux sommes volées par centaines de milliards de dollars. La vérité qui doit être dite est que ces pays arabes, n’ont rien à offrir à leur population qui cherchent sans espoir des emplois et une vie digne.
 
Le vent de révolte qui souffle aujourd’hui contre ces régimes totalitaires nous rappelle que l’urgence, dans ces pays, n'est pas la démocratie ou la liberté, mais tout simplement la recherche d’un mode de vie basé sur la transparence et l'équilibre social et économique. Dans l’exaltation de ces jours d’insurrection, une traînée de poudre pourra gagner peut-être tous les pays arabes et musulmans du Maghreb au Machreq. Des dictatures sanguinaires, comme celle de Syrie et de Libye s’écrouleront peut être, et les peuples de ces pays les balayeront. Mais pour remplacer par quoi ?
 
Les Organisations humanitaires, qui ont pris l’habitude de verser toutes leurs larmes de crocodiles sur les palestiniens, vont t-ils bientôt diriger des "flottilles humanitaires", non pas sur Gaza, mais dans l'autre sens ? Les malheureux de Tunisie et d'Egypte, qui ne sont certes pas sous les feux des médias,  les attendent, depuis quelques semaines.  
 
Ftouh Souhail

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