Frappes militaires françaises en Libye dans quelques heures ?
–
Michel Garroté à Tel Aviv
–
Tel Aviv, vendredi 18 mars, 13h30 – Les frappes militaires interviendront « dans quelques heures » et les Français y « participeront », confirme, aujourd’hui, vendredi 18 mars 2011, le porte-parole du gouvernement français, François Baroin. Le Conseil de Sécurité de l'ONU, a concrètement voté, hier soir, jeudi, un recours à la force – légal en vertu du Droit International Public et en vertu de la Charte de l’ONU – contre les combattants du colonel Kadhafi, ce qui, rappelons-le ici, autorise et inclut, des frappes aériennes contre la Libye.
–
En pratique, sur le terrain, la Résolution 1973, adoptée hier soir par le Conseil de Sécurité de l'ONU, autorise « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu aux armées du colonel Kadhafi. A New York, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré à ce propos : « Ce sera l'honneur du Conseil de Sécurité (de l’ONU) d'avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l'oppression ». D’autres pays que la France sont prêts à participer à la mise en pratique de la Résolution de l’ONU.
–
Obama invite Sarkozy et Cameron à coordonner cette stratégie. L'Union Européenne est prête à mettre en œuvre la Résolution. La stratégie sera débattue, d’une part, à la réunion des ministres des Affaires étrangères européens, lundi prochain, à Bruxelles ; et d’autre part, au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens, jeudi et vendredi. À l'OTAN, les représentants des 28 Etats membres de cette coalition, se réunissent, vendredi prochain, pour décider des suites à donner à la résolution de l'ONU.
–
Côté arabo-musulman, le Qatar et les Emirats Arabes Unis participeront aux opérations militaires contre les forces de Kadhafi. Le Canada enverra six avions de combat. La Norvège annonce également sa participation aux opérations. En clair, l’Union Européenne et l’OTAN discuteront certaines modalités lundi, jeudi et vendredi prochains.
–
D’ici-là, la France, avec ou sans le Royaume Unis – selon les déclarations de Messieurs Alain Juppé et François Baroin – lancera des frappes militaires aériennes, peut-être dès aujourd’hui, vendredi 18 mars 2011, plus exactement, « dans quelques heures ». Ces déclarations d’intention vont-elles se concrétiser – et si oui – avec quelles conséquences ? Affaire à suivre, de très près, durant la journée d’aujourd’hui, vendredi.
–
Correspondance de Michel Garroté à Tel Aviv, vendredi 18 mars, 13h30.
la résolution ne parle pas d’imposer un cessez-le-feu aux troupes du colonel Kadhafi. En théorie, son but est d’éviter que les armées du colonel Kadhafi ne s’en prennent directement aux civils. Mais dans le discours des Européens, la volonté de la résolution n’est pas acceptée: il s’agit d’aider à la victoire des rebelles en détruisant le potentiel militaire du colonel Kadhafi, blindés, transport de troupes, artillerie, aviation, hélicoptères…. . On est loin de la volonté affichée de protéger les civils dans la résolution.
Personne n’a prouvé par exemple que l’aviation du colonel Kadhafi s’en était prise directement et volontairement à des civils désarmés. Pourtant, c’est la justification de la résolution !
En matière de violation du droit international, on ne fait pas mieux. Mme Clinton a déclaré que la volonté de l’ONU était que les troupes du colonel Kadhafi devaient quitter l’est de la Libye, et que le colonel Kadhafi devait partir, il n’y a rien de tout cela dans la résolution. J’en conclus que le droit international n’existe plus, et que l’ONU ne le fait pas respecter.
Enfin, a déclaré un cessez-le-feu, ce n’est pas le cas des rebelles. Ceux-ci ont donc le droit d’attaquer les troupes du colonel Kadhafi, et si celle-ci ripostent, déclarer que le colonel Kadhafi a violé le cessez-le-feu ce qui permet de justifier des frappes.
Aucun média ne parle de l’attitude des rebelles depuis le cessez-le-feu : cherche-t-il à progresser ? Il est à noter que les rebelles sont des civils armés, autrement dit considérés comme des civils par l’ONU, et que les zones qu’ils occupent sont des zones civiles. De fait, aucun gouvernement n’a plus le droit de combattre une insurrection armée. C’est d’ailleurs pour cela que le colonel Kadhafi réclame des observateurs indépendants, que l’ONU ne va pas lui fournir pour justifier les frappes.
Cette violation du droit me paraît très préoccupante, car cette jurisprudence pourra être utilisée dans d’autres cas, comme par exemple des bombardements israéliens en territoires palestiniens.
À noter que l’Iran qui rentre largement dans le cadre de la résolution n’a jamais inquiétée ne par l’Europe ni par les États-Unis, et que Al qaïda sera la première à se féliciter de la chute du colonel Kadhafi