L’écrasement du soulèvement en Libye n’est sans doute plus, désormais, quoi qu’il se décide sur les rives de l’Hudson à New York, qu’une question de jours. Le message transmis aux dictateurs encore en place est clair : si vous ne voulez pas être déstabilisés et risquer de quitter le pouvoir, faites tirer dans la foule, et faites-le sans lésiner. Le message transmis à tous les ennemis de la liberté est clair aussi : « pour le cas où vous ne l’auriez pas encore compris, l’Europe est impuissante, les Nations Unies sont une organisation fondamentalement stérile, et les Etats-Unis sous Obama se comportent comme un appendice de l’Europe ».
Le résultat, dans le moyen terme, risque d’être cataclysmique.
Ben Ali et Moubarak étaient des alliés de l’Occident, et l’Occident les a lâchés. Les chances que la Tunisie se démocratise étaient minces, elles viennent de devenir plus minces encore. Les chances que l’Egypte se démocratise étaient quasiment nulles, elles viennent de devenir plus nulles encore et, tout en gardant un œil tourné vers les Etats-Unis, aide financière oblige, l’armée égyptienne devrait logiquement se tourner dans une autre direction et donner des gages supplémentaires à la puissance dominante de la région, l’Iran.
Kadhafi s’était, au cours des huit dernières années, lui-même rapproché de l’Occident. L’Occident l’a lâché lui aussi, mais Kadhafi a apporté la démonstration de ce que, comme il l’a dit lui-même, il n’est ni Ben Ali ni Moubarak. Et il ne fait aucun doute qu’il ne va lui-même pas oublier qu’il a été lâché. Ce qui pourrait promettre un futur mouvementé pour les lâcheurs, tout particulièrement les Européens.
L’Arabie Saoudite elle-même s’est sentie trahie, et, pour ne pas voir émerger d’émeutes a fait tirer sur les manifestants et envoyé des troupes au Bahrein aux fins de mater la révolte des shiites. Elle ne va pas rompre ses liens avec le monde occidental, mais considérer que pour elle, l’essentiel se joue dans la région, et qu’elle doit surtout maintenir un rapport de force face à la puissance iranienne.
Les dirigeants de toute la région, en fait, vont s’éloigner du monde occidental, concevoir plus encore que leur définition de la démocratie et des droits de l’homme est celle en vigueur au sein de l’Organisation de la Conférence islamique. Le « printemps arabe » que certains rêveurs et naïfs avaient cru voir poindre a pris des teintes hivernales avant même que le calendrier indique effectivement le premier jour du printemps.
Il est très difficile de voir comment l’Iran pourrait désormais, ne pas devenir une puissance nucléaire.
La décennie qui commence devrait être dominé par le cartel de dictatures dont j’ai déjà souvent parlé : Chine-Russie-Iran-Venezuela. La Turquie fera son possible pour avoir toute sa place, et n’aura plus la moindre raison de tenir des discours polis aux dirigeants européens.
L’Europe en cela trouvera les conditions d’une nouvelle accélération de son déclin. Le monde musulman y achètera encore ce qu’il ne peut acheter ailleurs, mais se fournira plutôt en Asie. Les immigrants musulmans se faisant plus nombreux, l’islamisation se poursuivra, et dès lors que l’islam modéré n’aura vraiment pas le vent en poupe dans le monde musulman, on peut s’attendre à ce que l’islam en Europe ne soit lui-même pas modéré.
Les effets du tremblement de terre et du tsunami au Japon vont se faire sentir dans les économies du monde entier et avoir un effet récessif certain. Le Japon ne pourra plus, avant longtemps contrebalancer la montée en puissance chinoise et contribuer à l’endiguement de celle-ci. L’Inde placée entre la Russie, la Chine et l’Iran et ayant un Pakistan au bord de l’ébullition à ses portes devra se montrer accommodante avec ses voisins.
Voici deux ans encore, la descriptif de la planète qu’on pouvait faire était assez différent. Les Etats-Unis étaient la seule superpuissance. L’objectif d’Obama était de replier les ailes de la puissance américaine et de la détériorer de l’intérieur, de confier le futur du monde à des institutions multilatérales nocives, de laisser le monde islamique s’islamiser davantage, et de rendre le monde plus sûr pour le cartel susdit. Le moins qu’on puisse dire est qu’il parvient à des résultats.
J’ai écrit ailleurs que lorsque les Etats-Unis s’absentent du monde, celui-ci devient plus violent et plus chaotique. Nous sommes dans un moment où les Etats-Unis s’absentent du monde, et violence et chaos sont au rendez-vous. J’espère, au moins, que ceux qui ont donné le prix Nobel de la paix à Obama sont satisfaits.
Le premier paragraphe doit être corrigé: une résolution vient d’être adoptée à ONU pour l’emploi de la Force en Lybie. Preuve que les nations unies ne sont pas une “organisation stérile”, que l’Europe n’est pas systematiquement “impuissante” puisque cette résolution a été arrachée au forceps par la France et la Grande Bretagne (avec le soutien de l’administration Obama eh oui…) et que ce sont une majorité d’avions européens qui seront en première ligne.
C’est “un peu” bizzare que vous ne parlez pas d’Israel, la super puissance et alliée des états unis et surtout de ces rapports avec ce que vous appelez “le cartel de dictatures” et du monde arabe.
vous savez, les nations unies se désunissent vite, aux infos l’UA était apparemment d’accord ? la Chine et la Russie se posent des questions sur l’intervention ? le Vénézuéla et Chavez ????commence à monter la voix de peur pour lui ! et qui se trouve en première ligne ! comme toujours ce président qui se prend pour superman, certes la révolte des insurgés allait être anéantie avec des représailles sur le peuple (car ce n’est pas son peuple, encore que ! celui-ci va se retourner demain sur les occidentaux qu’il applaudit aujourd’hui mais après ? ) et dans l’économie occidentale mais quoi faire ? je pose la question à Mrs Lecomte et Jérôme ?
Pouvait-on imaginer ne rien faire? Aurions nous été simples spectateurs d’un massacre programmé à seulement 1500kms de nos côtes? La grande crainte légitime est celle d’éventuelles bavures avec la mort de civils mais c’est pour cela que cette opération doit être rapide, précise et ponctuelle pour éviter un retournement des opinions.