Publié par Guy Millière le 8 avril 2011

Je sais, je rêve : zéro propositions socialistes, c’est envisageable pour un autre pays, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, peut-être, mais pas la France. Le choix sera entre un socialisme atténué et un socialisme à haute dose. Le Parti socialiste vient de donner, à ceux qui tiennent à choisir à quelle sauce ils seront mangés, d’excellentes raisons pour choisir le socialisme atténué : ils se sont dotés d’un programme. Et quel programme ! A combien se sont-ils mis pour faire çà ? Combien de temps leur a-t-il fallu pour produire cette navrante copie pour attardé mental ? Plusieurs mois ? Un étudiant me rendrait un pareil torchon, je ne pourrais, avec toute la gentillesse du monde, pas lui mettre la moyenne.  

Voyons. Création de trois cent mille postes d’emplois jeunes. Voilà la solution au chômage ! Trois cent mille jeunes fonctionnaires de plus. C’est attirant, non ? Cela ne fera pas un seul emploi productif de plus. Cela devrait faire même des emplois productifs de moins, parce qu’il faut trouver l’argent pour payer les emplois improductifs. Encore quelques mesures comme celle-là et on pourra parvenir au plein emploi et à la réalisation de la prophétie du socialiste Jacques Attali, « tous ruinés dans dix ans ». Si ce genre de mesure géniale est mise en œuvre, on pourra même raccourcir le délai et ne pas avoir à attendre une décennies.

En Union soviétique, le saviez-vous, il y avait le plein emploi. Dans les immeubles officiels à Moscou, il y avait plusieurs portiers pour une seule porte. Comme me l’avait dit un dissident, l’Etat faisait semblant de payer tout le monde, tout le monde faisait semblant de travailler. L’avenir était radieux.

Comme il faut penser aussi à ceux qui ne travaillent pas et créer une mentalité d’assisté dès le plus jeune âge, le Parti socialiste prévoit ce qu’il appelle pudiquement une allocation d’autonomie : une sorte de Revenu de « solidarité » qu’on pourra toucher dès dix-huit ans. Le RSA, c’était la retraite à vingt-cinq ans, les socialistes veulent créer la retraite à dix-huit ans. Il restera un peu de progrès à faire : la retraite dès la naissance pourrait être une idée neuve. Je la soumettrai à Martine Aubry. On me dira qu’avec le RSA, on vit mal et dans la misère, mais ne sommes-nous pas tous destinés à finir dans la misère grâce au socialisme ?  

Voyons encore. Une réforme fiscale visant à créer un grand impôt progressif qui s’appliquerait aussi aux revenus de l’épargne et qui verrait apparaître une nouvelle tranche destinée à rendre l’impôt encore plus progressif. En parallèle, l’impôt sur les dividendes versés aux actionnaires serait doublé, la TVA sur la restauration repasserait à son taux initial.

La simple expression « grand impôt progressif » devrait combler d’aise tous les contribuables.

Les nouvelles concernant la taxation de l’épargne devraient inciter fortement à épargner, celles concernant les dividendes devraient inciter à investir. Un impôt plus progressif devrait attirer les détenteurs de fortunes et les inciter et retourner vers la France. Quant aux restaurateurs et aux clients des restaurants, ils auront de quoi être heureux. Chacun le sait : un pays où on détruit l’épargne est un pays promis à la prospérité, un pays où les détenteurs de capitaux n’investissent pas est un pays d’innovation entrepreneuriale extraordinaire. Un pays que les détenteurs de fortune quittent est un pays riche. Un pays où les restaurants se vident fait plaisir à voir. Les socialistes ont tout compris. Tout, vous dis-je ! 

Continuons. Une sortie du nucléaire est programmée. Et c’est bien normal. La France est un pays situé dans une zone de sismicité forte. Les tremblements de terre de force 9 sont fréquents, dans la vallée de la Loire surtout. Les tsunamis sont redoutables. Nul avant les socialistes ne s’était aperçu de ces détails majeurs. Heureusement qu’ils sont là !

Par quoi remplacer le nucléaire ? Par de l’énergie solaire, par des éoliennes. Cela ne suffira pas ? Le vent ne souffle pas assez et de manière assez continue ? Comptez sur les socialistes pour brasser du vent et pour vous expliquer les bienfaits de la pénurie. Regardez François Hollande : il mange un jour sur deux pour donner l’exemple, et il est, en ce domaine, plus crédible que Martine Aubry et Dominique Strauss Kahn.

« Les produits dont la fabrication et le transport polluent le plus seraient frappés d'une TVA plus importante » : je ne connais pas de pays où l'on fabrique sans qu’il y ait des externalités, donc de la pollution, de même pour les moyens de transport. On peut en déduire que la TVA va augmenter globalement. Après avoir asphyxié l’épargne et l’investissement privé, les socialistes veulent asphyxier la consommation : cela a le mérite de la cohérence et nous promet de bien beaux jours.

Les salaires des grands patrons seraient plafonnés : ce qui les poussera à choisir la France. Les conseils d’administration devront s’ouvrir aux représentants syndicaux : j’imagine un Cégétiste contribuer à gérer une entreprise, cela devrait être beau. Vue la compréhension de l’économie dont dispose un Cégétiste, cela promet un dynamisme fulgurant.  

Poursuivons. Pour remédier à la pénurie de logements, les socialistes ne prévoient pas de libérer le secteur et de le déréglementer, non, vous n’y pensez pas ! Les loyers seraient « encadrés », terme chaste pour dire qu’ils seraient strictement contrôlés. L’effet le plus probable sera de pousser ceux qui voudraient investir dans l’immobilier locatif à ne pas le faire ? Bien évidemment. Il en résultera une pénurie supplémentaire de logements ? Bien évidemment, là encore. Il ne sera pas dit que les socialistes ne s’y connaissent pas en manières de créer de la pénurie. Certaines mauvaises langues disent que si on confiait le Sahara aux socialistes français, on n’y trouverait bientôt plus un grain de sable. Mais ce sont de mauvaises langues.  

Des emplois de fonctionnaires supplémentaires seraient créés dans la magistrature, dans la police, dans le secteur scolaire. On n’a jamais assez de fonctionnaires dans une société socialiste, nul ne doit l’ignorer.  

Puisque les investissements de capitaux privés seront dissuadés, les socialistes prévoient un investisseur de remplacement. Qui ? Une grande banque publique qui regrouperait le Fonds stratégique d'investissement, la Banque postale et la Caisse des dépôts. Des investissements confiés à des fonctionnaires, c’est quand même mieux que des investissements laissés à des capitalistes, non ? Bien que dirigée officiellement par un Parti communiste, la Chine base son développement sur des investissements capitalistes, mais c’est parce que la Chine n’a pas d’excellents fonctionnaires à la française. C’est sans doute ce qu’on pense au Parti Socialiste.  

Je passe sur divers détails : ainsi les retraites, censées être sauvées par le fruit des multiples impôts et taxes supplémentaires. Les socialistes français donnent même les chiffres et semblent sûrs que y% de prélèvements supplémentaires représentera une recette fiscale supplémentaire de x milliards. Ils n’ont toujours pas compris ce que les dirigeants russes ont parfaitement compris, eux, après l’effondrement du communisme : qu’augmenter les impôts modifie les comportements à un degré tel, que toute prévision chiffrée est fantaisiste.  

Martine Aubry, en présentant ce fatras dogmatique et niais, a dit qu’il s’agissait d’un « projet bien à gauche et moderne ». Si le mot gauche est synonyme de faillite, d’asservissement, de destruction et d’accélération du déclin, il ne fait aucun doute que c’est là un projet bien à gauche. Le mot « moderne » peut sembler déplacé, mais pour un parti qui a cessé de penser depuis un peu plus d’un siècle, et qui ignore, depuis, la réalité du monde, c’est un projet « moderne », oui.

« Moderne » comme l’était la pensée de Lénine avant la Première Guerre Mondiale.  

On pourrait songer que le Parti Socialiste vient d’entrer en campagne pour assurer la réélection de Nicolas Sarkozy, mais le plus navrant est que non : les socialistes ont de la cohérence. Non seulement ils énoncent des idées absolument débiles et définitivement nocives, mais en supplément, ils y croient.

Et il semble qu’un nombre important d’électeurs en France y croient aussi. L’éducation nationale a remarquablement fait son travail. Les grands médias aussi. Quelques journalistes font exception, mais je l’ai déjà dit : qu’on ne compte pas sur moi pour les dénoncer.

Guy Millière

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