Publié par Guy Millière le 9 avril 2011

Le Hamas vient de commettre un crime contre des civils en envoyant un missile anti-char sur un autocar scolaire dans le Sud d’Israël.

Il a ajouté à ce crime le tir de plusieurs dizaines de roquettes envoyées en direction de zones d’habitation.

La grande presse française n’a pas jugé bon de rapporter la nouvelle.

Ou elle l’a fait sur le mode habituel : en inversant les faits, et en mettant en avant la réponse d’Israël. « Riposte israélienne sur Gaza après des tirs dans le sud du pays », a titré Le Monde. Lors de l’immonde massacre de la famille Fogel en Samarie, les titres parlaient de « craintes de représailles ».

Pour la grande presse française, il importe de souligner que c’est Israël qui est violent, même quand Israël ne fait que répondre à une agression ou à un crime. Et il importe de minimiser le sort des victimes israéliennes.

En un temps où on évoque la nécessité  de protéger les civils et où cette nécessité sert de prétexte à des interventions militaires et à des bombardements en Libye et en Côte d’Ivoire, on pourrait en venir à penser qu’il y a des civils qu’on peut défendre, et d’autres qui sont indéfendables : les Israéliens appartiennent visiblement à la seconde catégorie. Et il me revient en mémoire une phrase prononcée par le héros du film Exodus d’Otto Preminger : « la viande juive ne vaut pas cher ». 

Je pourrais penser que cette attitude de la grande presse française, conforme en cela à la grande presse du reste de l’Europe, ne relève pas de l’antisémitisme si je ne voyais pas cette indifférence dédaigneuse vis-à-vis des Israéliens assassinés ou agressés, coïncider avec une remontée de l’antisémitisme dans tous les pays d’Europe, avec une relativisation et une banalisation de la shoah, et avec une diabolisation croissante d’Israël sur tout le continent.

J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, mais je pense utile de le redire : la diabolisation d’un pays fonctionne comme la diabolisation d’un peuple ou d’un groupe ethnique. Elle dissémine une haine qui, à force d’imprégner l’air du temps, crée une accoutumance qui la fait paraître normale, presque légitime. Léon Poliakov a montré dans plusieurs de ses livres qu’une accoutumance de ce genre avait pris place en Europe, déjà, dans les années 1920 1930 et avait contribué à la montée des fascismes et du nazisme, à l’acceptation de politiques antijuives, à la minimisation de pogroms et de scènes de barbarie telles que la « nuit de cristal » et à la possibilité même de la shoah.  

J’ai écrit le livre que je publie dans quelques jours, « Comme si se préparait une seconde shoah », pour sonner l’alarme et crier mon indignation. Il existe à Gaza et dans les terres tenues par l’Autorité Palestinienne en Judée-Samarie, dans le Sud du Liban et dans les palais gouvernementaux de Téhéran des gens qui, tout en niant la shoah, rêvent de perpétrer une nouvelle shoah en détruisant Israël et en infligeant à son peuple une forme de solution finale.

Et il existe en Europe des journalistes qui, dans les grands médias, préparent les esprits et conduisent à accepter l’inacceptable, à tolérer l’intolérable. Il existe aussi dans les gouvernements européens et jusqu’au cœur de l’Union Européenne des politiciens qui eux-mêmes préparent les esprits et semblent tout à fait prêts à sacrifier Israël sur l’autel d’une illusoire réconciliation avec le monde musulman et avec l’islamisme.  

On pourrait dire que l’Europe n’a rien appris de ses propres errances et de ses propres crimes. On pourrait dire aussi qu’elle en a tiré un singulier apprentissage : l’Europe d’aujourd’hui n’est pas criminelle, non. Pas directement. Elle garde les mains blanches. Elles laisse désormais d’autres se livrer aux errances et aux crimes auxquels elle consent lâchement.  

Jusqu’à ces deux dernières années, Israël pouvait compter sur l’appui des Etats-Unis. Depuis qu’Obama est à la Maison Blanche, Israël est seul. En portant au pouvoir un Président teinté d’islam et de gauchisme, le peuple américain a commis une erreur dont il paie le prix. Le malheur est que le prix est aussi payé par d’autres. Et on peut craindre que ce ne soit pas fini. Je ne doute pas qu’Obama fera tout pour que les Etats-Unis puissent s’abstenir lors du vote pour la création unilatérale d’un Etat palestinien aux Nations Unies en septembre.  

Le prétexte que pourra utiliser Obama ? Il concerne, précisément les « civils ». Pour l’administration Obama, les Israéliens, on n’a aucune difficulté à le comprendre, ne sont pas tout à fait des civils. Les arabes de Gaza et de Judée-Samarie, par contre, correspondent tout à fait à la définition des « civils » qu’on peut avoir à protéger.  

La notion de « responsabilité de protéger » officialisée par l’ONU et utilisée pour cautionner les interventions en Libye et en Côte d’Ivoire a été conçue par des gens qui ne pensaient pas du tout à la Libye et à la Côte d’Ivoire, mais à Israël. La principale théoricienne de cette notion s’appelle Samantha Power. Elle est conseillère d’Obama pour le Proche-Orient et responsable des « affaires multilatérales » au Conseil National de Sécurité. Elle n’a pas caché que si des attaques israéliennes contre des « civils » palestiniens devaient se reproduire, la « responsabilité de protéger » devrait être invoquée, et déboucher sur des mesures très fermes contre Israël.  

Pourrais-je, en ce contexte, penser que le Hamas cherche à attirer des ripostes et des représailles jusqu’au moment où celles-ci paraîtraient « disproportionnées » ? La réponse est oui.  

Le gouvernement israélien est face à l’une des situations les plus difficiles de l’histoire du pays. Je pense, fort heureusement, qu’il est aujourd’hui entre de très bonnes mains. J’ai regretté souvent qu’au temps où George Walker Bush était à la Maison Blanche, le Premier ministre israélien n’ait pas été Binyamin Netanyahou. Je pense que, face à Obama, il est bon qu’Israël soit gouverné par un Premier ministre de la qualité de Binyamin Netanyahou. Et j’y reviendrai.

Guy Millière

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