Publié par Alexandre Del Valle le 14 avril 2011

A Deraa, ce week-end, trente manifestants ont été tués par les forces de sécurité syriennes. Dans la presse occidentale, cette ville est présentée comme un haut lieu de la contestation. Or Deraa était jusqu’à peu un fief du parti Baas au pouvoir à Damas. Lorsque la vague révolutionnaire a gagné la Syrie, en février, les clans de Deraa étaient encore fidèles au régime.

 
Après les répressions du 18 mars, qui ont entraîné la mort de jeunes manifestants, le député de Deraa expliquait que son fief resterait fidèle au régime si des excuses étaient présentées. Mais le président Bachar al-Assad a multiplié les répressions. 
 
La goutte qui a fait déborder le vase a été l’emprisonnement d’enfants de 10 ans auteurs de tags anti-régime, qui ont été torturés en prison. 
 
Deraa est alors devenue le plus important fief contestataire. Depuis le début de la révolution syrienne, on dénombre au moins 200 morts. Certes, des prisonniers ont été relâchés, mais autant ont été arrêtés depuis. 
 
La loi sur l’état d’urgence va être remplacée par une loi encore pire sur le terrorisme ! Et les ministres démissionnés ont été remplacés par des amis de Bachar. Désormais, l’ensemble du pays est touché par la contestation : Lattaquié, Homs, Banias, et même Hama, ancien fief des Frères musulmans, réprimé en 1982 (20.000 morts). 
 
Partout, on réclame le départ du Bachar al-Assad. 
 
Ce jeune “docteur”, en qui certains avaient mis leurs espoirs réformateurs, a épuisé ses derniers crédits et est aujourd’hui autant détesté que Kadhafi. Certes, il aurait pu saisir la main tendue par les Etats-Unis ou la France qui lui proposaient de rentrer dans le concert des nations en renonçant à soutenir les mouvements terroristes Hezbollah (Liban) et Hamas (Gaza), en s’éloignant de l’Iran, puis en introduisant des réformes démocratiques. Mais la dictature syrienne n’est pas réformable. Bachar a la même psychologie totalitaire que le « guide » libyen ou ses fils. Il n’a donc pas eu l’intelligence du roi du Maroc, qui a refusé de faire tirer sur les contestataires et qui a engagé au contraire une réelle réforme démocratique.
 
Désormais, la situation en Syrie est presque aussi explosive qu’en Libye : des clans entiers ont retiré leur allégeance au régime ; les régions kurdes du Nord manifestent depuis vendredi. Et nombre de religieux sunnites, qui détestent le régime alaouite en place, accusé d’être « anti-islamique », s’organisent. 
 
Rappelons que le 15 mars, la première manifestation réussie est partie de la mosquée ommeyade de Damas… 
 
Alexandre del Valle

L'article original peut être consulté sur le blog d'Alexandre del Valle

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