Pierre André Taguieff publie ce mois ci un nouvel ouvrage intitulé : Israël et la question juive*, dont il nous a confié les premières pages.
Extrait :
Il suffit de jeter un bref regard sur la longue histoire des judéophobies pour se convaincre d’un paradoxe tragique : d’une façon récurrente, les Juifs sont rejetés, successivement ou simultanément, soit parce qu’ils sont dispersés et à ce titre accusés d’être « apatrides », « internationalistes » ou « cosmopolites », donc voués au « nomadisme », soit parce qu’ils sont rassemblés, ce qui leur vaut d’être accusés de séparatisme, d’exclusivisme, de nationalisme ou de racisme. Les Juifs sont ainsi soumis à une injonction paradoxale : ils sont mis en demeure de cesser de « s’infiltrer » dans toutes les nations comme un « corps étranger », en même temps qu’ils sont exhortés à cesser de se comporter en peuple souverain dans le cadre d’un État-nation. Ils sont enfermés dans une double contrainte (double bind) : on leur reproche à la fois d’être trop nomadiques et trop identitaires, trop universalistes et trop communautaires. À cela s’ajoute un double grief mis en évidence naguère par Vladimir Jankélévitch : « Les Israéliens ont tort d’être victorieux, mais les Juifs ont tort d’avoir été malheureux.
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