Publié par Michel Garroté le 1 septembre 2011

L'espionnage français aurait-il foiré ?

La Direction centrale du renseignement intérieur a-t-elle demandé à l'opérateur Orange les factures détaillées de téléphone d’un journaliste ?

Reuters écrit : L'affaire Bettencourt est relancée par des révélations sur l'espionnage d'un journaliste du Monde par les services de renseignement, parallèlement au démenti sur la mise en cause de Nicolas Sarkozy. Une juge d'instruction parisienne, Sylvie Zimmermann, a découvert que la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) avait demandé en juillet 2010 par réquisition à l'opérateur Orange les factures détaillées de téléphone de Gérard Davet, journaliste au Monde. La demande a été faite le lendemain de la publication par le quotidien d'un article embarrassant pour Eric Woerth, alors ministre du Travail, qui a dû démissionner en raison notamment de l'embauche de sa femme par le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal. Le Monde, qui a révélé l'existence de cette réquisition écrite dont il a eu connaissance en obtenant accès au dossier par une plainte, parle vendredi "d'affaire d'Etat".

Reuters : "Ce qu'il faut bien désormais qualifier d'affaire d'Etat accrédite le soupçon de l'existence d'un 'cabinet noir' au sommet de l'exécutif", lit-on dans son éditorial. Les agents de la DCRI ont eu accès, alors que Gérard Davet n'était soupçonné d'aucun délit, à la liste de tous les appels entrant et sortant de son téléphone, ainsi qu'aux données de géolocalisation, et ont donc pu connaître ses déplacements. Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, admet qu'il y a eu enquête mais nie que Gérard Davet ait été visé. "Il s'agissait de rechercher l'auteur de la divulgation – présent à l'intérieur de l'administration – de procédures judiciaires, ce qui est tout à fait scandaleux. Il s'agissait donc de rechercher l'auteur d'un dysfonctionnement administratif grave", a-t-il dit sur France Info. David Sénat, source supposée de Gérard Davet, un magistrat en poste au ministère de la Justice, a été limogé.

Reuters : Ces manœuvres sur les journalistes, "affaire dans l'affaire" Bettencourt, ont fait l'objet de deux plaintes que le parquet de Paris avait d'abord classées. Le Monde a relancé l'affaire par deux nouvelles plaintes avec constitution de partie civile, saisissant la juge Zimmermann qui a elle-même saisi la gendarmerie. Bernard Squarcini, patron de la DCRI, est maintenant susceptible d'être entendu par la juge Zimmermann, estime Gérard Davet, qui est partie civile. Une possible violation de la vie privée et du secret des journalistes est en cause. Cette affaire a ravivé le débat politique entre gauche et droite, à huit mois de l'élection présidentielle.

Reuters : Ce développement éclipse quelque peu la confusion sur la mise en cause de Nicolas Sarkozy par la magistrate Isabelle Prévost-Desprez, qui a enquêté sur un volet du dossier Bettencourt. Cette juge assure dans un livre qu'un témoin, l'infirmière de la milliardaire, avait dit hors procès-verbal à sa greffière avoir assisté à une remise d'argent à Nicolas Sarkozy. L'infirmière en question a démenti sur Marianne.fr jeudi. La majorité s'est appuyée sur ce démenti pour dénoncer ce qu'elle voit comme une manipulation. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a parlé sur RTL de "politique de l'ordure". Les juges d'instruction bordelais pourraient cependant entendre leur collègue et les protagonistes de l'affaire, dans les instructions toujours en cours sur le volet politique, conclut Reuters.

France Soir écrit : Invité sur le plateau de France Info ce jeudi, Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur a admis que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avait effectué des « repérages de communications téléphoniques » avant de toutefois préciser que ceci « est tout à fait différent d'écoutes ». Le Monde (ndmg – qui n'est pas une référence…) accuse en effet le contre-espionnage français d'avoir espionné Gérard Davet pendant l'été 2010. Journaliste du quotidien, il est également co-auteur du livre ‘Sarko m'a tuer’ paru ce jeudi. D'après le site du journal qui l'emploi, les enquêteurs auraient découvert deux fax classés « confidentiel » que le contre-espionnage aurait adressé à l'opérateur téléphonique Orange. L'une des deux télécopies aurait notamment demandé les factures détaillées du téléphone portable du journaliste.

France Soir : La DCRI aurait ainsi cherché à savoir avec qui Gérard Davet était entré en contact entre le 12 et le 16 juillet 2010, soit quatre jours avant qu'il ne fasse des révélations sur les auditions de Patrice Maistre. Le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt avait alors déclaré qu'Eric Woerth l'avait incité à recruter son épouse. Le 13 mai, Le Monde a porté plainte pour « violation du secret des sources ». Le quotidien a ainsi accusé l'Elysée d'avoir sollicité les services du contre-espionnage pour identifier les informateurs de Gérard Davet. Ce dernier travailla notamment sur l'affaire Bettencourt. Un scandale à la fois économique et politique qui a éclaboussé plusieurs personnes. Sur la base de relevés téléphoniques, David Sénat, un conseiller du cabinet de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Justice, a été soupçonné d'être l'une de ces sources et de ce fait, contraint de démissionner de ses fonctions, conclut France Soir.

Michel Garroté – http://drzz.info/  http://dreuz.info/


Prochainement sur votre écran : "Bettencourt 2/2".

 

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