Publié par Guy Millière le 11 septembre 2011
Deux documentaires ont été diffusés sur France 3 mercredi dernier concernant le 11 septembre 2001. Pour l’essentiel, et à quelques détails près, ils ont été honnêtes. Et je me devais de le dire. 
 
Le premier montrait les réactions de l’administration Bush au moment des attaques terroristes, puis dans les heures qui ont suivi. Le second revenait en détail sur les victimes du vol 77, celui qui s’est écrasé sur le Pentagone, et qui, pour les crétins du conspirationnisme, n’ont pas existé puisque, disent-ils, « aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone ». J’ai toujours dit que le conspirationnisme concernant le vol 77 était une insulte à la mémoire des morts : ce second documentaire a montré que ces morts avaient un visage, une existence, des familles. 
 
On y a entendu des Américains demander justice et dire qu’il fallait écraser le terrorisme islamique pour que plus jamais ce type d’horreur ne survienne. Et cela me reconduit au premier documentaire, car on trouve au centre de celui-ci un homme qui a parlé comme ces Américains, un Américain lui aussi, le Président des Etats-Unis de l’époque, George Walker Bush. 
 
Pour une fois, celui-ci n’a pas été montré comme un abruti ou comme un fasciste, et c’est très bien : cela n’efface pas les huit années d’hystérie haineuse dont il a fait l’objet sur tout le continent européen et au sein de la gauche américaine, mais cela montre que, comme je l’avais écrit dans le dernier des quatre livres que j’ai consacré à sa présidence, lorsque le temps de l’histoire viendra, sa présidence sera regardée sous un autre jour, plus conforme à la réalité, et le temps de l’histoire commence maintenant. 
 
Le documentaire montre le sang froid, la détermination, le courage, la bonté et la lucidité dont George Walker Bush n’a cessé de faire preuve le 11 septembre et pendant les huit années de sa présidence. 
 
George Walker Bush a d’emblée défini ce qui s’est passé à New York et à Washington comme des actes de guerre, et non pas simplement comme des crimes. Dès le soir du onze septembre, il avait posé les bases de ce qui constituera la doctrine Bush. A savoir : l’islamo-terrorisme a déclaré la guerre au monde civilisé, et à la principale puissance de celui-ci, les Etats-Unis. Le monde civilisé doit répondre en déclarant lui-même la guerre à l’islamo-terrorisme, et, celui-ci ne pouvant fonctionner sans soutien, considérer que tous les pays qui soutiennent celui-ci sont en guerre avec le monde civilisé. 
 
Dans les mois qui suivront, George Walker Bush dira que chaque pays, en ce contexte, a un choix à faire : être du côté de la civilisation ou être du côté de la barbarie, et ces paroles ont été pertinentes. On ne les a pas jugées telles en France parce que la France était à l’époque gouvernée par des gens qui avaient choisi le camp de la barbarie, et parce que les grands médias en France, à de rares exceptions près, étaient aux mains de compagnons de route des barbares. 
 
George Bush définira aussi un axe du mal, et ces paroles ont été pertinentes aussi. Elles ont choqué en France parce que les gouvernants de la France à l’époque ne savaient plus la différence entre le bien et le mal, et parce que les grands médias, à de rares exceptions près, étaient aux mains de gens qui avaient sombré depuis longtemps dans le relativisme moral. 
 
La guerre en Afghanistan, qui a suivi, a été une guerre destinée à faire tomber le régime taliban et à détruire les bases arrières d’al Qaida : les deux objectifs ont été atteints avec efficacité et rapidité. A la fin de 2008, l’Afghanistan était relativement stable, les talibans étaient essentiellement réfugiés dans les zones tribales de la frontière afghano-pakistanaise, un gouvernement modéré était en place qui s’appuyait sur les principaux chefs tribaux. Ben Laden n’était pas mort, mais il était hors d’état de nuire. 
 
La guerre d’Irak a suivi, et elle a porté la haine anti-Bush à son paroxysme. Elle a conduit la France à devenir le chef de file des dictatures arabes, épisode honteux entre tous, mais qui fait dire encore à certains que Jacques Chirac a pris la décision de la sagesse (la France doit être le dernier pays où on ignore la complicité financière entre Chirac et Saddam). 
 
La guerre d’Irak, malgré les entraves mises par la France, a été gagnée en trois semaines. 
 
Gagner la paix a nécessité cinq années de plus. Mais à la fin de 2008, la paix avait été gagnée en Irak aussi. Des djihadistes venus de l’ensemble du monde musulman étaient venus, au cours de ces cinq années, faire des attentats : la population irakienne a été la principale victime des djihadistes, de trop nombreux soldats américains sont morts eux aussi. Mais l’essentiel des djihadistes venus en Irak ont été éliminés, et l’Irak a été le terrain d’une écrasante défaite pour le jihadisme. A la fin de 2008, l’Irak avait un gouvernement démocratiquement élu, une presse libre, une économie florissante, le shiisme qui y était prêché était la version quiétiste incarnée par Ali al Sistani, les tenants du velayat e faki khomeyniste à Téhéran étaient sur la défensive. L’endiguement de l’Iran voulu par la doctrine Bush prenait forme. Il n’avait pas l’efficacité optimale qu’il aurait pu avoir, car certains pays ne respectaient pas l’embargo envers le régime iranien : l’Allemagne au premier chef, et, hélas, la France. 
 
Le Liban avait repris espoir. Le régime libyen, depuis 2003, coopérait étroitement avec les services secrets américains dans la lutte contre l’islamo-terrorisme. La perspective d’un grand Proche-Orient où l’islam radical serait graduellement éliminé prenait forme.
 
George Walker Bush avait dit que cette perspective avait été tracée par lui pour les vingt années qui suivraient. Sept années des vingt années s’étaient écoulées. Des colloques se tenaient dans le monde arabe sur la démocratisation en tant qu’impératif des années à venir et sur les obstacles au développement économique dans le monde musulman. La Turquie, bien que déjà gouvernée par Erdogan, restait imprégnée d’une volonté de s’arrimer à l’Occident bien davantage. Israël était dans un contexte favorable, et il ne tenait qu’au gouvernement israélien d’avancer vers ses objectifs.
 
L’œuvre de Bush en politique étrangère a été considérable. Pour mener à bien cet œuvre, il a, certes, fait l’impasse sur certains dossiers intérieurs. Bien qu’ayant une majorité républicaine pendant six ans, il n’a pas réussi à remédier au problème posé par les subprimes, et la crise financière survenue en septembre 2008 a été providentielle et a permis l’élection de Barack Obama. Bush s’est défini lui-même comme un « Président de guerre », et c’est sous cet angle qu’on peut l’évaluer équitablement, et sous cet angle, je l’ai déjà écrit, et je persiste : il a été un grand Président. 
 
Le documentaire consacré au 11 septembre n’était pas consacré à la situation dix ans après, et ce qu’on doit constater, avec tristesse, est que Bush n’a pas eu un successeur à la hauteur de la tâche. Bien pire : Bush a eu un successeur qui s’est acharné à défaire tout ce que Bush avait accompli en politique étrangère. Il aurait fallu vingt années pour que la doctrine Bush porte pleinement ses fruits, avait dit George Walker Bush. La huitième année est arrivé à la Maison Blanche le premier Président anti-américain de l’histoire des Etats-Unis. Et la suite devra tôt ou tard être regardée en face. 
 
Sur un plan intérieur, Obama a utilisé la crise suscitée par les démocrates eux-mêmes (les subprimes sont une invention démocrate et ce sont des organisations d’extrême-gauche soutenant les Démocrates, telles Acorn, qui ont menacé les banques pour qu’elles accordent des prêts qu’elles n’auraient pas accordé sans cela) pour tenter de transformer radicalement les Etats-Unis et pour les conduire vers la ruine. 
 
Sur le plan extérieur, il a défait autant qu’il le pouvait les acquis de la doctrine Bush.
 
L’Iran n’est plus endigué, et l’Irak est en train de glisser dans la sphère d’influence iranienne. Les talibans sont à l’offensive en Afghanistan, et le gouvernement Karzai essaie de se ménager leurs bonnes grâces. Le Pakistan appuie impunément des mouvements islamistes. La Turquie est toujours dans l’Otan, mais elle a jeté le masque, est passée vers une relation d’alliance et de rivalité avec l’Iran, et aspire à une politique néo-ottomane. Le Liban est soumis au Hezbollah. La Tunisie voit croître le péril islamiste. En Egypte, les Frères musulmans sont quasiment au pouvoir, en coordination avec l’armée. En Libye, un régime dictatorial allié de l’Occident depuis 2003 va se trouver remplacé par un régime islamiste. Ben Laden a été abattu, au moment précis où Zawahiri voulait un changement de stratégie d’Al Qaida, et la stratégie de Zawahiri est désormais celle d’al Qaida. Israël est dans un contexte qui n’a jamais été aussi défavorable depuis au moins trente ans, voire depuis la guerre de 1967.
 
En Europe, on trouve souvent, encore, des vertus à Obama. Certains voient même dans les révoltes arabes et dans le renversement des dictateurs la validation de la doctrine Bush, alors que ce qui se passe va à l’inverse de ce que la doctrine Bush voulait voir fleurir. Certains disent aussi que la guerre en Libye est une réussite à comparer avec « l’échec » de la guerre en Irak. Bien sûr : vue de la France chiraquienne, la guerre en Irak a été un échec car la France était dans le camp de Saddam et a perdu. Et elle a débouché sur une démocratisation qu’Obama est en train d’anéantir. La guerre en Libye est sans doute une réussite parce qu’elle est en train de donner le pouvoir à des factions islamistes. Quelle réussite, en effet ! 
 
Dans le contexte de ce genre de « réussite », le dixième anniversaire du onze septembre est un jour triste. Cela devrait être aussi un jour d’inquiétude. Le monde civilisé a tourné le dos à la doctrine Bush, et les résultats sont en train de monter comme une marée maléfique. Suis-je le seul en France à voir quelle marée monte ? J’espère que la réponse est non.
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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