Le 11 septembre 2001, quand la folle information est tombée, je me trouvais dans mon bureau, en banlieue parisienne. Le responsable du service après vente a fait irruption dans mon bureau et m’a demandé de le suivre, puis il m’a montré la télévision : une tour de Manhattan était en flamme. Comme pour faire la mise au point d'une image floue, il m'a fallu faire un effort pour adapter ma pensée à la réalité qui se déroulait devant moi.
Nous étions trois ou quatre dans ce labo, immobiles, mi incrédules mi horrifiés, muets devant la télé – il me semble me souvenir que le programme était en direct car le journaliste découvrait le drame et le commentait en même temps que nous.
Ce que nous étions en train de regarder dépassait l’entendement. La caméra a montré un avion percutant une tour, puis un autre, et ce qu’on voyait était difficile à appréhender, à interpréter, puis nous avons vu la fumée et les flammes.
Une autre caméra a suivi des petites formes noires dont on devinait, à la forme des membres, qu’il s’agissait d’être humains, en chute libre le long des immeubles blancs. Des femmes et des hommes qui se jetaient dans le vide pour échapper à l’impossible chaleur, ou aux odeurs chimiques. Je me souviens m’être demandé quelle situation pouvait être si insoutenable, que sauter dans le vide du haut d’une tour représente une meilleure alternative.
J’aimais l’Amérique et je savais représenter une minuscule minorité, en France. J’étais entouré d’anti-américains primaires, que je ne ratais jamais l’occasion de ridiculiser publiquement sur le sujet.
J’ai souffert. J’ai eu du mal à finir mon travail, j’avais du mal à interpréter ces images et je pensais à ces malheureux, à leurs familles. On ne connaissait pas encore le nombre de victimes, mais j'imaginais que les chiffres seraient terribles.
Le lendemain, j’apprenais que le monde arabe était en fête.
Et vous, où étiez-vous le 11 septembre 2001 ? Qu’avez-vous ressenti, comment a réagi votre entourage ?
Reproduction vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
Puisque vous nous le demandez…
Et bien moi, Mr. Grumberg, j’ai appris la nouvelle en arrivant au Bureau Juridique où je travaillais à l’époque. C’était le lendemain de la tragédie, car le soir du 11 Septembre, en revenant du bureau, je n’avais rencontré personne que je connaissais en chemin, ni regardé la TV, avant d’aller au lit…et j’ignorais donc encore la terrible nouvelle.
Mon chef direct (un avocat latino-américain, ami de l’Amérique) en me voyant arriver me demande aussitôt si je savais ce qui venait de ce passer à New-York ? Je lui réponds candidement que non…pourquoi ?
Bien triste, il me décrit ce qu’il a vu à la TV, la veille… et moi, j’écoute bouche bée… et je lui demande qu’est-ce qui a pu provoquer ce terrible “accident”, mais il ne peut m’expliquer, car à ce stade, il y avait plus d’une hypothèse possibles, et aucune n’était encore vraiment certaine ni confirmée.
Je connais New-York pour y avoir voyagé et séjourné quelques jours, en quelques occasions en 1971…et vraiment, je ne savais que penser…
Il y avait bien trois ordinateurs au bureau, mais pas d’internet. Ben oui, j’habite un pays latino-américain, où on fait comme on peut… et comme nous ne travaillions qu’exclusivement avec la clientèle locale, les communications se faisaient par téléphone ou Fax.
Donc…
J’avais hâte que la journée passe pour arriver chez moi, allumer la TV, pour en savoir davantage. A ce point, j’ignorais encore qu’il s’agissait d’un attentat suicide islamiste.
Finalement l’heure de la sortie arrive, et je retourne chez moi. La première chose que je fais c’est courir vers la TV et l’allumer. Et là…devant mes yeux se déroule toute l’horreur crue d’un spectacle de guerre…l’horreur dans le ciel enflammé où brûlent les deux Tours, horreur et terreur sur les visages de citoyens de toutes origines, certains blessés, qui hurlent et courent, tentant de fuir le théâtre de cette scène d’Apocalypse…
Je reste là, la visage pétrifié, l’esprit abasourdi…
Devant mes yeux incrédules, défilent les images des Tours défoncées par des avions, qui s’enflamment, entourées d’une épaisse fumée noire.
Cette nuit là, je n’ai presque pas dormi, et j’ai continué à regarder et regarder encore jusqu’à très tard dans la nuit, la répétition de ces images qui dailleurs passaient sur toutes les chaines…
J’ai imaginé les derniers moments de ces innocentes victimes, leur désespoir…et puis j’ai prié…puis pleuré…et puis prié encore… pour tous ces victimes et leurs familles. Ensuite, j’ai ressenti de la colère et j’ai supplié D.ieu de faire Justice, SA Justice.
C’est là que j’ai commencé à prendre conscience de l’ampleur du terrorisme islamique, et la haine anti-américaine de ses adeptes.
Voilà, c’est ainsi que j’ai vécu ce triste évènement.