Publié par Michel Garroté le 15 septembre 2011

Michel Garroté – Nous savons ce que cela signifie, lorsqu’un islamiste nous raconte qu’il est modéré ou juste conservateur. Le Turc Erdogan, par exemple, s’est livré à cette phraséologie ambigüe au début. Mais depuis un an, ce même Erdogan a révélé son vrai visage : celui d’un islamiste autocrate qui veut rétablir la puissance ottomane et islamique dans le plus grand nombre de pays possible. L’on peut donc légitimement se poser la question de savoir ce qu’il en est, par exemple, en Libye, où, aujourd’hui, jeudi 15 septembre 2011, Sarkozy a scellé, avec le faste ridicule et grotesque que chacun lui connaît, son alliance de pacotille avec les barbus libyens, qui, pour l’instant, sont modérément barbus.

Du reste, ce n’est pas moi, mais un certain Mohammed Abbasqui qui l’écrit (extraits adaptés ; cf. lien vers la source en bas de page) : « La Libye s'applique à convaincre qu'elle ne deviendra pas un nouveau foyer de l'extrémisme islamique et ses dirigeants n'ont que l'expression "musulmans modérés" à la bouche. A la veille du dixième anniversaire des attentats du 11-Septembre, le nouveau président de facto de la Libye a souligné qu'il surveillerait de près l'évolution de l'islam dans son pays : "Quatre-vingt dix pour cent des nôtres sont des musulmans modérés, 5% sont aux extrêmes droite et gauche", a dit Moustapha Abdeldjalil pour sa première apparition publique à Tripoli depuis la défaite des partisans de Mouammar Kadhafi. Les institutions et groupes islamistes se renouvellent et recrutent mais disent être animés par la seule ambition de renforcer l'unité nationale et les valeurs musulmanes. "Nous ne voulons ni le pouvoir ni un rôle politique", assure Mohammed Hammadi, salafiste doté d'une longue barbe. "Ecoutez, si vous voulez boire, buvez chez vous, que cela ne nous affecte pas", dit Moustapha Al Kikili, autre salafiste rencontré devant une mosquée de Tripoli ».

Mohammed Abbas : « Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, on voit de plus en plus de "longues barbes" en Libye. Les islamistes, réels ou supposés, étaient pourchassés, incarcérés, voire exécutés par le régime. Comme l'Egypte notamment, la Libye a ses Frères musulmans, mais le mouvement compte moins de 1.000 membres. Alamine Belhadj, membre du Conseil national de transition (CNT), le conseil intérimaire au pouvoir, est un haut responsable des Frères musulmans libyens. "Bien sûr, je connais les inquiétudes de l'Occident mais je peux vous assurer que les islamistes libyens sont en grande partie ou à 100% modérés", dit Belhadj. "Nous croyons à un Etat démocratique, avec tous les mécanismes de la démocratie. Nous devons faire reposer notre démocratie sur la charia" (loi islamique), ajoute-t-il. Les six millions de Libyens sont quasiment tous sunnites et conservateurs, mais les opinions divergent quant au rôle de l'islam dans la nouvelle Libye. "Un homme qui n'a pas peur de Dieu n'a pas sa place en Libye", affirme Nabil Choukri, un combattant anti-Kadhafi attablé dans un café de Tripoli ».

Mohammed Abbas : « Tous ont un rôle à jouer dans la nouvelle Libye", dit Mohammed al Saghir, chômeur. Des responsables américains ont évoqué des signes d'une présence d'Al Qaïda dans la rébellion, mais il y a eu très peu d'indices d'un activisme islamiste sur le terrain. Nader Omrani, qui supervise les mosquées de Tripoli et tout ce qui a trait à l'islam dans la capitale libyenne et son homologue de Benghazi, bastion de la révolution, souhaitent ouvrir de nouvelles écoles coraniques et promouvoir les valeurs de l'islam, ce qui empêchera selon eux les idées extrémistes de prendre racine. Le respect des règles de l'Islam serait à la discrétion de chacun et les droits des femmes seraient respectés, dit Omrani. Le CNT a annoncé l'organisation d'élections en vue de construire une société démocratique et fondée sur la charia, tout en respectant les autres religions. "Nous voulons un Etat de droit, de prospérité, un Etat où la charia est la source principale de la législation et cela requiert de nombreuses conditions" ».

Mohammed Abbas : « L'assemblée constituante issue des premières élections décidera de la place de la charia dans le corps législatif de la future Libye. Belhadj et Omrani estiment qu'il est trop tôt pour faire émerger un parti politique islamiste. Ils s'attendent à ce que les Frères musulmans insistent davantage sur l'unité nationale après six mois de guerre civile. Un groupe islamiste au moins a des ambitions politiques : le Groupe libyen de combat islamique (GLCI), organisation disparue, qui avait mené une insurrection contre Mouammar Kadhafi dans les années 1990 et dont les dirigeants se sont réfugiés en Afghanistan. Son chef, Abdelakim Belhadj, est à la tête du nouveau conseil militaire de Tripoli. Le groupe a changé de nom et s'appelle maintenant Mouvement pour le changement pacifique. Les renseignements occidentaux n'ont que des informations parcellaires sur l'état du mouvement djihadiste en Libye. Certains membres en exil du GLCI auraient aidé des combattants à se rendre en Irak pour combattre les troupes américaines », conclut Mohammed Abbas.

Michel Garroté

Copyright 2011 Michel Garroté pour www.dreuz.info

Source (dépêche Reuters de Mohammed Abbas reprise en province et censurée à Paris) :

http://www.paris-normandie.fr/article/france-monde/surveillee-par-loccident-la-libye-vante-lislam-modere

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