Publié par Ivan Rioufol le 16 septembre 2011
Le journalisme d'investigation disait avoir trouvé dans Clearstream son "Watergate à la française", avec Dominique de Villepin comme manipulateur-en-chef. La montagne a accouché d'une souris. Ce mercredi matin, la cour d'appel de Paris à confirmé la relaxe de l'ancien premier ministre, qui a dénoncé une nouvelle fois un "acharnement" "Je veux croire que cette décision contribuera à rendre notre vieux pays moins vulnérable  à la rumeur et à la calomnie…Rappelons que cette affaire a été initiée en 2005 /2006 à la veille de l'élection présidentielle de 2007. Comme j'aimerais que cela puisse servir de leçon pour la présidentielle de 2012", a-t-il déclaré, en faisant allusion aux accusations portées contre lui et Jacques Chirac par l'avocat Robert Bourgi, qui se présente comme un "repenti". Les deux affaires ne sont pourtant pas du même ordre.
 
Pour ma part, je n'ai jamais cru à cette affaire Clearstream (lire par exemple: Clearstream, une histoire de fous). Villepin a raison de pointer le rôle de la rumeur et de la calomnie, qui ont été parmi les ressorts de ce faux scandale médiatique. Mais le monde politique lui-même s'est également prêté aux menteries et aux manipulations, sur fond de règlements de compte et d'inimitiés. Comme le remarque la Cour : "D'autres autorités de l'Etat détenaient en juillet 2004 des informations permettant de conclure à la fausseté des listings et n'ont pas agi pour empêcher que la calomnie continue". En fait, le grossier bidonnage de ces listings aurait pu être décelé avant que la presse ne les publie. Villepin lui-même, selon la Cour, aurait su la fausseté de l'affaire dès le 14 octobre 2004.
 
L'affaire Bourgi, elle, est d'une autre gravité et semble trouver sa motivation dans la seule décision d'un homme enfin décidé à dévoiler les corruptions dont il a été un des acteurs principaux. Je ne crois pas en l'explication d'un contre-feu allumé par l'entourage de Nicolas Sarkozy, dont Bourgi serait proche. Ce scandale d'Etat n'épargne pas le président, à qui l'on peut reprocher son silence devant des pratiques qu'il connaissait et dont il a pu bénéficier. De surcroit, la faiblesse politique de Villepin n'en faisait plus un concurrent sérieux pour 2012. Le feuilleton Clearstream était construit sur du faux et de l'intox. Mais les révélations d'un financement occulte de certain hommes politiques, dont Villepin, mériteraient cette fois la mobilisation des enquêteurs.
 
© Ivan Rioufol
L’article original peut être consulté sur le blog d’Ivan Rioufol

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