Publié par Michel Garroté le 22 septembre 2011

Michel Garroté – Ne répondez pas à la question posée dans le titre. Car je sais très bien comment on dit Nom de Dieu en allemand. Bien. Or donc, aujourd’hui, jeudi 22 septembre 2011, le philosophe, théologien (et pape) Benoît XVI arrive en Allemagne. Dans ce contexte "agité", le sociologue catholique italien Massimo Introvigne, citant son confrère catholique allemand Andreas Puttman, se livre à une intéressante analyse de la société allemande, analyse parue sur "La Bussola".

Ainsi, Massimo Introvigne (extraits, retraduits et adaptés par mes soins ; cf. lien vers la source en bas de page) : « Dans quelle Allemagne arrive le Pape ? En suivant son discours diffusé dimanche dernier au cours de l'émission télévisée ‘Wort zum Sonntag’, sur la chaîne publique allemande ARD, on a l'impression que Benoît XVI a lu l'essai paru en 2010, essai du sociologue Andreas Puttman "Gesellschaft ohne Gott. Risiken und Nebenwirkungen der Entchristlichung Deutschlands" (Une société sans Dieu. Risques et effets secondaires de la déchristianisation de l'Allemagne), essai qui rassemble une série de statistiques impitoyables sur l'état du christianisme en Allemagne. Ainsi, 53% des Allemands affirment qu'ils ne croient pas en Dieu. De 1950 à 2010, les protestants sont passés de 43 à 25 millions. Les catholiques sont restés les 25 millions qu’ils étaient en 1950, environ 30% de la population, mais ils ont perdu dans les dernières décennies les bénéfices d'une croissance antérieure qui était due à la démographie. Ceux qui se déclarent catholiques, 8% dans l'ancienne Allemagne de l'Ouest et 17% dans l'ancienne Allemagne de l'Est, sont ceux qui déclarent aller à la messe chaque semaine. 41% de ceux qui se déclarent catholiques ne croient pas que la Terre a été créée par Dieu. Parmi ceux qui se déclarent protestants, le pourcentage s'élève à 52%. Sur d’autres vérités principales de la foi catholique, moins de la moitié de ceux qui se déclarent "catholiques" disent y croire. Seuls dix pour cent des Allemands, précise le sociologue Andreas Puttman, peuvent être considéré comme membres de l’une ou l’autre église chrétienne à plein titre, en ce sens qu’ils en acceptent les principales croyances et pratiques » (Michel Garroté : autrement dit, 50 millions de "chrétiens" allemands ne sont que des alter-chrétiens généralement antichrétiens ; et 8 millions de chrétiens le sont effectivement, mais dans un pays qui compte 80 millions d’habitants, dont 6 millions sont musulmans).

Massimo Introvigne :« L'image qui émerge est celle d'une "société sans Dieu », où même beaucoup de ceux qui se disent encore chrétiens ne partagent presque rien du christianisme traditionnel et ont même des doutes sur l'existence de Dieu. Cependant, on ferait une erreur – et Andreas Puttman ne la fait pas – en pensant qu'en Allemagne, il y a un regain des théories philosophiques athée. Des personnages folkloriques existent là-bas aussi, mais ils ne sont pas responsables de la déchristianisation. Plus que d'un athéisme médité et philosophique, en Allemagne – comme ailleurs – on doit parler d'indifférence envers Dieu. Comme en Grande Bretagne et en France, l'Allemagne est une société postmoderne, où il n'est plus évident que la religion soit quelque chose d'important et où les jeunes doivent, à un certain moment, décider si oui ou non ils croient en Dieu, si oui ou non ils sont chrétiens. Ce choix différencie la modernité actuelle de celle qui précédait la Révolution française, où la grande majorité des gens se considéraient comme croyants sans se poser la question d'une alternative. Maintenant nous voyons quelque chose de différent. Dans la société sans Dieu décrite par Andreas Puttman, on risque de voir disparaître le moment où la jeune personne choisit de croire ou de ne pas croire. Dans de nombreuses familles, personne ne croit, ni ne pratique, de sorte qu'à la prochaine génération, personne non plus ne se posera la question. La religion est devenue tout simplement sans importance » (Michel Garroté : la religion est devenue tout simplement sans importance, sauf pour les musulmans d’Allemagne, des Turcs pour la plupart d’entre eux).

Massimo Introvigne :« Il y a toute une partie de son livre où le sociologue allemand Andreas Puttman relate – comme l’indique le titre de son ouvrage – les "risques et effets secondaires de la déchristianisation". Andreas Puttman propose des données de nature différente. Ces données montrent que les jeunes "sans Dieu", ceux qui ne se posent même pas la question de la religion, sont plus matérialistes, plus disposés à dire qu'il n'y a aucune différence entre le bien et le mal ; ou que le bien est seulement ce qui enrichit soi-même, ou convient à soi-même, des jeunes "sans Dieu" plus cyniques. Et en même temps, des jeunes beaucoup plus malheureux. Être "sans Dieu", explique Andreas Puttman, fait mal. Être "sans Dieu", cela prépare une société avec plus de suicides, plus de médicaments, plus de désespoir et plus de réticence, devenue générale, à porter des enfants. Ceci n'est pas une prédiction. Ceci est une photographie. Une autre affirmation d’Andreas Puttman, est que la société n'est pas arrivée – à tout cela – par hasard. Il y a eu un dessein politique précis, un crescendo d'intolérance et de discrimination contre les chrétiens. Tant et si bien que Andreas Puttman affirme que – à ce rythme – de nouvelles persécutions sanglantes, comme celles perpétrées par les nazis ou les communistes, ne sont pas impossibles. Les signaux que l'on a perçus dans les jours qui ont précédé la visite de Benoît XVI en Allemagne (visite qui débute aujourd’hui jeudi 22 septembre 2011), confirment que l'intolérance antichrétienne n'est certes pas majoritaire, mais qu'elle est puissante, organisée, bien financée, qu'elle arrive jusqu'au Parlement » (Note de Michel Garroté – Parlement où des cryptocommunistes ayant souhaité, cette année encore, "bon anniversaire", au vieux dictateur Castro, vont "boycotter" le discours de Benoît XVI devant les députés allemands, au nom de la liberté d’expression je suppose. D’ailleurs, ces mêmes cryptocommunistes "boycottent" aussi Israël. Quant au risque de persécutions sanglantes évoqué par Andreas Puttman, il n’a rien de surréaliste. En réalité, dans toute l’Europe, les discours christianophobes, israélophobes et judéophobes sont en nette augmentation, notamment, mais pas seulement, sur Internet. Tandis que l’islam d’Europe, lui, bénéficie de toutes les bienveillances et de toutes les complaisances possibles et imaginables).

Massimo Introvigne :« La "recette" que proposent les catholiques allemands "progressistes", qui ne sont pas majoritaires en Allemagne, mais occupent presque tout l'espace dans les médias, cette "recette" est un désastre pour le sociologue Andreas Puttman : femmes prêtresses, prêtres mariés, avortement, divorce et unions homosexuelles. Cette "recette" avait été tentée, à une époque, par certaines communautés protestantes, avec des conséquences catastrophiques. Les seules communautés chrétiennes qui augmentent sont les évangéliques et les pentecôtistes, beaucoup plus conservatrices que les protestants luthériens et calvinistes classiques. La solution que propose Andreas Puttman est de surmonter la "timidité" et le "respect humain" et de dire la vérité sur Dieu, sur Jésus-Christ, sur la foi et même sur la morale, sans crainte des réactions des médias et de certains politiciens. Le succès des évangéliques ainsi que le succès des formes de pastorale catholique très fermes, ces succès montrent que, en s'opposant au relativisme, on se rend impopulaire auprès des pouvoirs forts qui dominent la culture officielle et la presse, mais on se rend populaire parmi les fidèles. Le pape allemand est déjà venu en Allemagne, en 2005 et en 2006, pour proclamer que Dieu existe, que sans Dieu il n'y a pas d'avenir, pas de bonheur et que le relativisme est un mensonge. Aujourd'hui, jeudi 22 septembre 2011, Benoît XVI vient à nouveau. L’on peut être sûr et certain, qu'une fois de plus, Benoît XVI parlera clair et sera critiqué par les censeurs habituels. Mais il n'y a pas d'autre moyen pour proposer, à nouveau, une société qui soit, à la fois,chrétienne et pleinement humaine », conclut Massimo Introvigne (Michel Garroté : ce que personnellement j’appelle "les pastorales de fermeté", chez certains catholiques, ainsi que chez certains évangéliques et chez certains pentecôtistes, "pastorales de fermeté" auxquelles, personnellement, j’ajoute volontiers les "politiques de fermeté" de ceux d’entre les Juifs, qui sont à la fois décomplexés dans leur appartenance au Judaïsme et décomplexés dans leur amitié pour Israël, tout cela est qualifié, par la plupart des médias et par nombre de politiciens, « d’intégrisme » pour les catholiques, de « fondamentalisme » pour les évangéliques et « d’ultrareligieux » pour les Juifs. Alors que ces mêmes médias et politiciens nous assènent des formules surréalistes telle que « islamiste modéré » pour parler des adeptes de la charia et des formules hallucinantes telle que « activiste » pour parler des terroristes assassins du Hamas. Au final, toujours pour ce qui me concerne, la question n’est pas strictement religieuse. Pour ce qui me concerne, la question est de choisir, en termes anthropologiques, entre, d’une part, la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne ; et d’autre part, la société prétendument "laïque", mais qui cumule, d’un côté, l’islamophilie, et, d’un autre côté, la judéophobie et la christianophobie).

Michel Garroté http://dreuz.info/ & Sources citées

http://mediathek.daserste.de/sendungen_a-z/442936_das-wort-zum-sonntag/8231742_papst-benedikt-xvi–spricht-das-wort-zum-sonntag?buchstabe=D

http://www.labussolaquotidiana.it/ita/articoli-il-papa-sfida-la-germania-senza-dio-3105.htm

http://benoit-et-moi.fr/ete2011/0455009f1b06c3101/0455009f68074eb01.html

 

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