Publié par Guy Millière le 28 septembre 2011

J’entends dire depuis quelques jours que Barack Obama a changé, qu’il montre désormais qu’il est un ami d’Israël, et que son discours aux Nations Unies la semaine dernière a été l’illustration de ce changement. Je reçois même des mails allant en ce sens. 
 
Je pense important de dire ici explicitement et catégoriquement : non, Barack Obama n’a pas changé. Il est toujours un ennemi d’Israël. Il a, simplement, besoin, pour le moment, de ne pas s’attirer l’animosité des Juifs américains en se montrant ouvertement partisan de la destruction d’Israël à quatorze mois des élections. Il sait aussi que s’il avait lâché Israël aux Nations Unies, le Congrès, démocrates comme républicains, se serait retourné contre lui, et l’aurait accusé de trahison, comme je l’ai déjà écrit ici. 
 
Binyamin Netanyahu doit remercier Obama de son « amitié ». C’est une façon d’obliger Obama à tenir parole et à ne pas critiquer ou chercher à nouveau à déstabiliser Netanyahu. Et c’est une façon aussi, en politique intérieure israélienne, de ne pas donner d’arguments à l’opposition, toujours prête à accuser Netanyahu de détériorer les liens d’Israël avec les Etats-Unis, spécialité de Tzipi Livni depuis des mois. 
 
Il n’empêche : Obama a fait davantage pour délégitimer Israël que tous ses prédécesseurs réunis, et les résultats sont là. Israël n’a pas été à ce point isolé sur la scène internationale depuis longtemps. Obama, en choisissant de lâcher Moubarak comme il l’a fait, a enclenché un processus qui remet en cause la sécurité d’Israël sur sa frontière Sud et qui risque de réduire à néant le traité de paix avec l’Egypte. Obama et Hillary Clinton n’ont cessé de faire pression sur Israël pour que le blocus de Gaza soit levé et ont entériné sans mot dire la mise sous tutelle du Liban par le Hezbollah. Obama a pratiqué l’apaisement vis-à-vis de l’Iran, ce qui a facilité l’avancée du régime des mollahs vers l’arme nucléaire. Obama a favorisé le basculement de la Turquie vers l’islam radical. 
 
Le discours prononcé aux Nations Unies, par ailleurs, je l’ai déjà noté, et je le souligne ici, parle de négociations à effectuer sur les « nouvelles bases » définies par Obama en mai : à savoir le retour aux « frontières de 1967 » et la partition de Jérusalem. 
 
Ce discours a placé sur le même plan l’Autorité Palestinienne et Israël et évoqué des torts réciproques et des « questions qui divisent », sur le mode du relativisme moral le plus complet. 
 
Ce discours, enfin, et c’est presque le plus grave, a été dans la continuation des discours précédents d’Obama, en légitimant les Nations Unies sans la moindre réserve et en laissant totalement de côté les valeurs qui guident les Etats-Unis. Ce qui équivaut à dire que les Nations Unies, fondamentalement, décident, et que les Etats-Unis ne sont qu’un acteur parmi cent quatre vingt treize autres. Cela place davantage Israël à la merci des Nations Unies et des pressions que divers membres de celles-ci, dont les pays de l’Union Européenne ne manqueront pas d’exercer sur Israël.
 
Si j’ajoutais qu’Obama a comparé le conflit israélo-arabe à celui qui oppose catholiques et protestants en Irlande du Nord, je pourrais transformer ce bref texte en réquisitoire.
 
Si j’ajoutais qu’il a souligné que l’Egypte avait avancé, depuis janvier dernier, vers la reconnaissance des « droits universels » de ses habitants et que, passant sous silence la politique d’endiguement de l’Union Soviétique menée par les Etats-Unis, de Truman à Reagan, il a rendu hommage aux Nations Unies pour avoir permis d’ « éviter une troisième guerre mondiale », le réquisitoire deviendrait accablant. Obama entend effacer le pouvoir et la puissance des Etats-Unis et il persiste, ce qui est catastrophique et sans précédents depuis la fondation des Nations Unies. 
 
Reproduction vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
 
PS: Au moment où j’achevais cet article, j’apprends que l’administration Obama vient d’énoncer une condamnation de la reprise de la construction de logements à Gilo à Jérusalem. Comme l’écrit Jonathan Tobin dans Commentary, « cette attaque contre le droit des Juifs de vivre à Gilo a une signification et peut être le prélude à un accès de violence ».
 
« Pendant la deuxième intifada, Gilo est la partie de la ville qui a été l’objet de tirs constants venus du village arabe de Beit Jala. Gilo a été le laboratoire où les terroristes palestiniens ont cherché à découvrir s’ils pouvaient parvenir à chasser les Juifs de chez eux. Ils ont échoué ».
 
« La seule façon dont des maisons construites à Gilo peuvent se trouver présentées comme un obstacle à la paix est celle reposant sur une vision des choses impliquant que chaque Juif soit chassé de Jérusalem ».
 
« Pire encore : en désignant Gilo comme un endroit où les Juifs ne devraient pas avoir le droit de vivre et de construire, l’administration Obama fait davantage que pratiquer l’apaisement vis-à-vis des Palestiniens. Elle dit que, pour ce qui concerne les Etats-Unis, un endroit où la terreur a frappé et a été vaincu est à prendre ».

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