Publié par Guy Millière le 17 octobre 2011

Je me suis fixé pour règle de ne pas critiquer le gouvernement israélien et de ne jamais me joindre à la cohorte de ceux qui le font. Je me teindrai ici à cette règle. Je dois dire néanmoins que, si la perspective de la libération de Gilad Shalit me réjouit, les conditions de cette libération m’emplissent d’anxiété et d’inquiétude. Libérer plus de mille assassins va sauver une vie : mais combien de vies risquent d’être perdues si l’on pense que ces assassins ne rêvent que d’une seule chose : récidiver et verser à nouveau du sang juif. 
 
Libérer plus de mille terroristes assassins va être considéré par le Hamas et les autres mouvements islamistes comme une grande victoire, qu’ils ne manqueront pas de fêter. Cela sera considéré par eux, aussi, comme la preuve que le terrorisme et la prise d’otage fonctionnent et peuvent s’avérer être des activités fructueuses. 
 
Cela sera considéré par eux, enfin, comme un encouragement à davantage d’activités terroristes : un terroriste assassin arrêté par l’armée ou la police israélienne saura que son séjour en prison peut se trouver écourté. Il peut en résulter non pas seulement davantage d’actes terroristes, mais davantage de prises d’otage susceptible de servir de monnaie d’échange.
 
La vie de Gilad Shalit est sauvée, mais tous les Israéliens, tous les Juifs de par le monde, tous les amis d’Israël sont un peu davantage en danger. 
 
Il fut un temps, je pense, où Israël aurait agi autrement. Caroline Glick, dans le Jerusalem Post, dans un article titré « Un pacte signé avec du sang juif », évoque ce temps tout comme elle énonce, en termes plus vifs que moi, la même anxiété et la même inquiétude, qu’elle accompagne, elle, de certitudes : il y a aura des conséquences. Je la cite : « C’est une certitude statistique que la libération de 1027 terroristes pour Shalit conduira au meurtre d’un nombre inconnu d’Israéliens ». 
 
Plus loin dans son article, Caroline Glick cite un auteur dont j’ai lu les livres, Binyamin Netanyahu : « Relâcher des terroristes ne fait qu’encourager les terroristes en leur donnant le sentiment que même lorsqu’ils sont arrêtés leur punition sera brève. Pire, en conduisant des terroristes à penser qu’il sera répondu à leurs demandes, relâcher des terroristes encourage précisément le chantage terroriste que nous sommes censés combattre ». J’approuve ces mots et le raisonnement qu’ils énoncent.
 
D’autres possibilités existaient : le gouvernement israélien aurait pu déclarer depuis longtemps que la prise d’otage était un acte de guerre, et exiger la libération de Gilad Shalit sous peine de représailles très nettes, et sous peine de faire subir aux dirigeants du Hamas le sort que, de toute façon, ils méritent. Israël aurait pu aussi soumettre Gaza à un véritable blocus jusqu’à la libération de Gilad Shalit. Ces idées ne sont pas les miennes : elles ont été énoncées sur différents sites conservateurs américains et sur divers sites de défenseurs d’Israël.
 
Un chroniqueur pourtant très modéré en général, Michael Totten, qui écrit pour le magazine Commentary et pour Pajamas Media, a suggéré l’application par Israël de la peine de mort pour les terroristes assassins. 
 
Je le cite maintenant : « Je déteste la peine de mort, et je l’ai toujours détestée, je ne dis dès lors pas ce que je dis à la légère : il est largement temps que les opposants à la peine de mort envisagent la nécessité de faire une exception pour les terroristes. A la différence des pires assassins, les terroristes restent dangereux après qu’ils aient été condamnés à la prison à vie, car des innocents hors de la prison sont souvent kidnappés par les groupes terroristes auxquels ils appartiennent, pour obtenir la libération de ceux de leurs membres qui sont emprisonnés. Israël n’a pas tort de faire tout son possible pour que ses citoyens échappent aux mains de l’ennemi. C’est ce qu’une société éthique doit faire. Mais libérer des terroristes est un prix bien trop élevé, ce prix serait abaissé considérablement si les terroristes arrêtés ne pouvaient plus attendre de leurs camarades de kidnapper des innocents pour obtenir leur libération ». 
 
A ceux qui invoquent la tradition juive pour justifier la transaction, Caroline Glick répond : « Ce genre d’accord n’est pas du tout conforme à la tradition juive, mais se situe en pleine contradiction avec celle-ci. Le judaïsme a toujours rejeté le sacrifice humain ». Et elle ajoute que relâcher des assassins terroristes en sachant qu’ils vont à nouveau tuer est sacrifier la vie de ceux qu’ils vont tuer. 
 
Il semble que, de toute façon, la libération de Gilad Shalit se soit faite en échange de quelque chose. Caroline Glick évoque la volonté des dirigeants du Hamas de quitter Damas et de s’installer au Caire et de pouvoir le faire sans risquer d’être abattus par l’armée israélienne.
 
D’autres évoquent des pressions américaines : les Etats-Unis voulant que le Hamas rentre dans le giron des Frères musulmans, dont ils sont une excroissance, rompent avec l’Iran et retrouvent leurs compagnons Frères musulmans en Egypte. Des pressions américaines allant en ce sens ne sont pas invraisemblables, au vu de ce qu’est l’administration Obama. 
 
Le gouvernement israélien, à mes yeux, n’avait rien à échanger, et, le cas échéant, pas à donner de sauf-conduit aux dirigeants du Hamas, qui devraient être morts depuis longtemps. 
 
Le gouvernement israélien n’a rien à céder à l’administration Obama : celle-ci est en perdition et ne peut pas prendre la moindre décision négative envers Israël dès lors que la Chambre des représentants est dominée par les Républicains. Le Sénat basculera dans le camp républicain l’automne prochain. Obama, logiquement, ne devrait pas être réélu.
 
Je pense qu’Israël doit sortir au plus vite de la position défensive qui est la sienne et qui, depuis Oslo, consiste à jouer sur le terrain de ses ennemis. En jouant sur le terrain de ses ennemis, on ne peut jamais gagner.
 
J’ajouterai, pour finir, que la France, dont Gilad Shalit est le citoyen, aurait pu faire infiniment plus pour obtenir sa libération. Mais, étant donné ce que devient la France, il n’y avait, bien sur, rien à attendre de ce côté-là. Comme le notait avec joie un journaliste du Figaro récemment : depuis le « printemps arabe », la France brise enfin le tabou. Sa diplomatie parle avec les mouvements islamistes. On ne peut espérer bien s’entendre avec les mouvements islamistes et défendre efficacement des citoyens français pris en otage par des mouvements islamistes, surtout si les citoyens en question sont juifs et ont aussi la nationalité israélienne.
 
Reproduction vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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