Publié par Abbé Alain René Arbez le 14 novembre 2011

Asia Bibi, chrétienne pakistanaise emprisonnée et torturée

Abbé Alain René Arbez – Les médias sont très prompts à qualifier le pape Benoît XVI de conservateur attardé et de combattant des causes perdues. C’est avec cet angle de vue minimaliste que l’écho journalistique donné à la rencontre d’Assise du 27 octobre 2011 a mis délibérément l’accent sur les apparences exotiques de la manifestation : des shamans amérindiens, des prêtres shinto, des moines tibétains, des dignitaires musulmans, des représentants d’autres confessions, photographiés aux côtés du pape dans l’étrangeté de leurs tenues spécifiques et multicolores. Un cadrage ciblé comme pour souligner artificiellement la palette multiculturelle à laquelle tant de nos politiciens contemporains font démagogiquement allégeance à défaut de convictions personnelles, seules capables d’engendrer des dialogues authentiques.

Car la démarche voulue à Assise par l’Eglise catholique n’était pas une manifestation folklorique de mélanges interreligieux sous le signe de la confusion, comme s’il avait été question de dire : unissons les forces de toutes les boutiques religieuses du monde pour faire face ensemble aux risques de leur déclin dans la modernité!

Bien au contraire, l’option organisatrice de cette rencontre de 176 traditions non chrétiennes était de faire relayer à plusieurs voix une déclaration d’intention tout à fait humaniste, un engagement porteur d’avenir pacifié. Car il s’agissait de déclarer solennellement dans ce lieu symbolique d’Assise que toute spiritualité, toute religion prétendant élever l’esprit humain doit écarter radicalement tout usage de la contrainte et de la violence. (Profession de foi, on l’imagine, plus facile pour des bonzes bouddhistes non-violents que pour des ayatollahs coraniquement liés au devoir de djihad).

Mais que le pape Benoît ait réussi à faire exister en 2011 cette manifestation plurireligieuse et pluriculturelle autour de l’idée-force exigeante du respect de l’autre et de la paix interconfessionnelle est en soi un événement remarquable. Différemment de Jean Paul II, ce pape a un charisme de rassemblement autour de projets fédérateurs dont l’actualité illustre l’urgence.

Qu’il ait voulu y associer les non croyants, athées et agnostiques attachés à l’humanisme en leur donnant librement la parole n’est pas non plus insignifiant. Et cela démontre une ouverture d’esprit du Saint Père que la plupart des commentateurs préfèrent ignorer car elle ne correspond pas aux clichés vendeurs.

A vrai dire, Benoît XVI – qui est un grand intellectuel connaisseur des cultures religieuses et laïques de notre temps ainsi qu’un grand théologien enraciné dans la tradition biblique – a poursuivi dans la ligne de son discours de Ratisbonne suivi de celui des Bernardins. Il y avait brillamment développé en deux temps et avec clarté son appel à refuser tout lien entre religion et violence.

De ce fait, une organisation religieuse, quelle qu’elle soit, qui imposerait sa présence à des populations par la violence n’a droit à aucune crédibilité. Une divinité qui exigerait de tuer en son nom n’est qu’une idole malfaisante qui ne mérite aucune reconnaissance publique.

Par là même, le pape exprime la ferme volonté du christianisme de s’écarter définitivement des dérives païennes qu’il a lui-même connues à certaines époques où régnait la confusion entre temporel et spirituel et où l’Eglise était instrumentalisée par des clans avides de pouvoir. (Mais remarquons au passage que ces sombres déviances du monde chrétien étaient contraires à ses textes fondateurs).

La rencontre d’Assise a donc eu le mérite d’être un humble pèlerinage de la paix. A la fin de la cérémonie, le pape Benoît XVI, entouré du Patriarche orthodoxe Bartholomeos et du Grand Rabbin David Rosen, a modestement rassemblé en quelques phrases le sens unanime des interventions des représentants des grandes traditions religieuses et humanistes, à savoir que des voies d’humanité communes de vivre-ensemble sont possibles et que la foi judéo-chrétienne s’engage solennellement à y contribuer en restant un vecteur de paix dans le monde complexe qui est le nôtre.

© Abbé Alain René Arbez pour Dreuz.info

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