Publié par Gilles William Goldnadel le 21 novembre 2011

William Goldnadel revient cette semaine sur l'instrumentalisation de la peur, l'accord entre le PS et EELV et l'interview de Siné sur TSF.

J’écrivais dans un précédent bloc-notes que s’imposaient dans l’univers fantasmatique de l’information, des optimismes obligatoires (le printemps arabe, l’immigration) et des pessimismes de commande (les mesures contre le terrorisme, la montée des populismes en Europe).

Dans un ordre d’idées très voisin, il est des événements dont il est interdit de tirer une leçon politique, sauf à instrumentaliser cyniquement "la peur", au rebours d’autres qui imposent des changements d’orientation immédiats. Ainsi, ceux qui, il y a deux décennies, craignaient des modifications démographiques lourdes de conséquences du fait d’une immigration clandestine sans contrôle étaient censés exploiter artificiellement des fantasmes de beaufs xénophobes. On connait la suite multiculturelle.

Plus récemment, Nicolas Sarkozy a été voué aux gémonies pour avoir voulu réagir immédiatement à des crimes en récidive. Il exploitait "la peur de l’insécurité". De même, M. Hamon a sévèrement réprimandé la rencontre européenne destinée à juguler le débarquement massif d’immigrés illégaux à la suite des bouleversements en cours en Afrique du Nord. "Ils jouaient, a-t-il expliqué, sur les peurs".

En revanche, je n’ai lu nulle part que les Verts des deux rives du Rhin auraient instrumentalisé politiquement la peur consécutive à la catastrophe nucléaire survenue sur le littoral japonais. L’Allemagne a été conduite à renoncer à terme à son énergie atomique civile, la France, en cas de changement de majorité, l’imitera partiellement, mais nul n’a osé poser la question de savoir si cette peur là aurait été exploitée sans scrupules ni vergogne.

Institut pour la Justice et récidive en matière pénale

Il en est différemment, je l’ai dit, en matière de criminalité. Ici, défense de tirer les leçons de la vie. Ainsi, le très dynamique Institut pour la Justice (I.P.J.) se bat pour lutter contre la prise en compte insuffisante de la récidive en matière pénale.

Il regrette également le manque d’empathie de certains membres de la famille judiciaire pour les victimes d’agressions ou, ce qui revient au même, leurs difficultés à sévir contre les délinquants violents. Encore que le discours de cette association soit purement technique et se caractérise par sa modération, c’est peu dire qu’il ne rencontre qu’une totale adhésion dans le landerneau médiatique. Il n’empêche, les succès impressionnants qu’I.P.J. remporte inquiètent ou agacent. Deux millions d’internautes sont venus prendre connaissance du témoignage poignant du père policier d’un enfant assassiné et laissé-pour-compte.

C’est dans ce contexte que Rue 89, après avoir bien entendu classé à droite l’association, ce qui n’a pas l’air d’être un compliment, s’interroge sur son indépendance et pourquoi pas sur la transparence de ses finances. Il n’y a évidemment que SOS-Racisme et le MRAP qui soient indépendantes et translucides. Renseignements pris, l’Institut ne bénéficie, lui, d’aucunes subventions.

Retour sur les prétendues écologistes et leur accord avec le PS.

Je ne peux, bien évidemment, souscrire aux déclarations du président du CRIF qui s’est interrogé sur l’éventuelle présence de l’antisémitisme dans l’éviction de députés socialistes parisiens, sacrifiés sur l’autel d’un accord entre les deux partis. D’abord, parce que les évincés eux-mêmes réfutent fermement une hypothèse que l’on doit ne manier  qu’avec une précaution d’homéopathe.

Ensuite, par ce que le Parti socialiste vient de montrer qu’il était est prêt à tout pour arriver au pouvoir. Jusqu’à sacrifier l’indépendance énergétique de la France et le fleuron de son industrie. Alors, des camarades députés parisiens, juifs ou non… Ce qu’il convient, je l’ai tellement dit et écrit pour manquer à présent d’encre et de salive, c’est de contester l’obscénité des alliances avec l’extrême gauche d’un parti qui aspire au sérieux et à la respectabilité et qui, de surcroît, s’arroge le droit de faire la leçon d’alliance à des adversaires plus regardants.

Bombe incendiaire et manifestation pacifique

Mercredi matin, pour mettre en équivalence l’intolérance islamiste envers Charlie hebdo avec l’intégrisme catholique, France Inter a stigmatisé le comportement de protestataires chrétiens à Toulouse devant le spectacle controversé "Golgota picnic".

Le parallélisme entre une bombe incendiaire et une manifestation pacifique échappe à mon entendement géométrique. Quoi qu’il en soit, Frédéric Burgat, le correspondant local de la radio de service public, pour justifier de l’innocuité d’une pièce de théâtre dont j’avoue ne rien savoir, indique que "même dans la très catholique Espagne, il n’y a pas eu de manifestations contre Golgota picnic".

Mouais. N’est-ce pas cet été que des manifestations pas toujours pacifiques, ont été organisées contre la venue du Saint-Père dans la très catholique Espagne ? J’attends toujours des protestations contre cet intégrisme là.

Mais le pire médiatique a eu lieu précédemment. Lundi matin, sur cette excellente chaine TSF dédiée au jazz, Pierre Bouteiller, grande conscience de la gauche médiatique et parisienne avait convié Siné. On ne présente plus Siné. Je l’aime bien. Je l’ai fait condamner deux fois.

Après avoir conféré avec l’intéressé, qui s’y connait, sur la musique américaine, le présentateur progressiste a cru devoir l’interroger sur l’attentat contre son ancien journal Charlie hebdo. Après une rituelle et minimale réprobation de l’attentat, le faux anar a indiqué que l’hebdomadaire s’était livré à une provocation et qu’il l'avait bien cherché.

En suite de quoi, après avoir taxé Charlie d’islamophobe, l’interviewé a suggéré qu’on ne se serait peut-être pas permis une telle insolence avec la religion catholique, et certainement pas avec une autre religion "vous voyez de qui je parle"… Pierre Bouteiller n’a pas demandé de quelle religion l’énigmatique parlait.

Il est des silences pas très jazzy.

Post-scriptum : A propos de l’affaire de l’émission controversée L’œil sur la planète.

A défaut d’avoir encore obtenu une réponse du président de France Télévision, j’ai reçu un courriel de l’un de ses collaborateurs, Charles Enderlin. Celui-ci, ne souhaitant pas que je publie sa prose, je m’y soumets par pure courtoisie.

J’y extrais cependant un renseignement précieux pour la poursuite des investigations sur l’honnêteté du reportage : Charles Enderlin affirme en effet que le document filmé par la prétendue "O.N.G. internationale" qui s’est révélée être une association palestinienne proche du Hamas avait fait l’objet d’une vérification par les réalisateurs de l’émission et que l’on connaissait désormais le lieu et le moment où des soldats israéliens auraient, selon France télévision "tiré à vue" sur de pacifiques agriculteurs palestiniens, ce qui n’apparait pas clairement sur le document.

Fort de cette indication, je demande donc à France Télévision de nous dire comment le document querellé a pu être contrôlé et de bien vouloir fournir les renseignements du lieu et du moment d’un incident commenté aussi péremptoirement par les journalistes du service public.

© Gilles William Goldnadel. L'article originale peut être consulté sur le blog de Gilles William Goldnadel

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