Publié par Jean-Patrick Grumberg le 18 novembre 2011
A Gauche ou à droite, vous voterez pour un nanti. Celui-ci a une villa à St Tropez, cet autre un appartement dans le 7e, et le troisième une résidence secondaire – en fait une magnifique bâtisse, dans le Luberon.
 
La question se pose : comment des politiciens qui arrivent au pouvoir, en France, avec des situations relativement modestes, font-ils pour le quitter millionnaires ?
 
Comment accumulent-ils ces richesses à un rythme bien plus rapide que les plus brillants capitalistes (qu'ils critiquent et raillent, à gauche comme à droite) ?
 
La réponse, en un mot, est qu’ils ont, d’une manière ou d’une autre, accès à l’argent de nos impôts.
 
Les moyens pour les hommes politiques de s’enrichir ne manquent pas : cadeaux divers et en actions d’entreprises en échange de gros contrats de marché public, en échange de lois favorables, comme par exemple les lois qui imposent de s’assurer, et qui font la richesse des compagnies d’assurance. On peut encore citer les encouragements à se vacciner contre des maladies imaginaires, à classer et déclasser certains médicaments, modifiants artificiellement, au bénéfice de certains, les conditions de la concurrence entre laboratoires. On pensera à des règlementations qui protègent certaines entreprises et pas d’autres, ou tout simplement la transmission d’informations d’état, au bon moment et aux bonnes personnes, et dont la connaissance permet, à certaines grands groupes bancaires aux noms agricoles ou parisiens, en bourse, de faire de faramineux profits. La liste est longue et l’imagination n’a pas de limites.
 
La corruption, l’utilisation des fonds publics et du patrimoine national n’est pas le fait de la gauche ou de la droite, ou de quelques brebis galeuses – non. C’est un système, un mode de vie, un mode de fonctionnement, dont les politiciens se servent pour leurs intérêts personnels.
 
Et si mes quelques exemples englobent des aspects relativement légaux, vous entendez très peu parler des cas de corruption et de complicité à divers échelons de l’autorité de l’Etat, dont le trafic de drogue, la pédophilie, le trafic humain destiné à la prostitution, ont besoin pour exister.
 
Quelles sont les solutions ? Des lois qui obligent à une réelle transparence. 
 
C’est ainsi que je dénonçais, dans un article publié sur Dreuz il y a deux jours (1), le procédé peu démocratique et très opaque selon lequel les députés et sénateurs se voient remboursés, forfaitairement et sans contrôle, leurs frais.
 
Et j’apprends que Contribuables associés (2), par le plus grand des hasards, travaillait sur ce dossier, et a obtenu une avancée décisive. Après plus d’un an de combat acharné (et je les crois volontiers), sur la transparence des indemnités des frais des parlementaires, ils ont réussi à faire inscrire leur proposition de loi, qui demande le contrôle et la vérification des notes de frais des députés et sénateurs, qui sera déposée le 16 novembre 2011.
 
Cette proposition a été déposée par deux députés, et un des deux noms ne vous sera pas étranger, puisqu’il s’agit de Lionnel Luca, le même qui a proposé que les députés se montrent solidaires des français en rognant 10% de ces mêmes indemnités, et a décidé, devant le refus violent de l’ensemble des élus, de se l’appliquer à lui-même. L’autre signataire est Daniel Spagnou, député des Alpes-de-Haute-Provence. Je me demande comment des députés, qui ont refusé de faire un léger sacrifice de 10% sans avoir provoqué beaucoup de réactions dans les médias, vont accepter de se plier à cette règle de transparence.
 
Et ceci ne résoudra pas nos problèmes de corruption. Tous nos hommes politiques devraient être soumis à une totale transparence : toute transaction immobilière devrait être portée à la connaissance du public, ainsi que les conditions de son financement. Toute opération boursière au dessus de 5000 euros devrait être publique, et le patrimoine de nos élus, tous nos élus, devrait être public, disponible sur internet, et l’historique conservé.
 
Pour cela, il nous faudra attendre un Tea Party Français… autant dire que l’eau coulera encore longtemps sous les ponts de la Seine.
 
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous : 
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
 
(1) http://www.dreuz.info/2011/11/
(2) http://www.vtarse.info/view.html?id=86435&ref=h4b6df65b90

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