Publié par Guy Millière le 16 décembre 2011
Je vais revenir bientôt sur la situation d’ensemble dans le monde musulman, mais le départ complet des troupes américaines d’Irak, que vient d’annoncer Barack Obama, transforme une victoire acquise sous l’administration Bush en une défaite aux conséquences potentiellement cataclysmiques. 
 
L’Irak va passer sous domination iranienne : c’est d’ailleurs quasiment fait, car Nouri al Maliki, voyant la tournure des événements, a pris les devants et a commencé à faire tous les gestes nécessaires. Le voir participer à une conférence de presse en compagnie de Barack Obama à la Maison Blanche a eu quelque chose de nauséabond. Avoir entendu Barack Obama se féliciter a eu quelque chose de plus nauséabond encore. 
 
Tous les soldats de la coalition tombés en Irak sont morts pour rien. Tous les blessés ont été blessés pour rien. Tout l’argent dépensé l’a été en pure perte. Mais il y a plus grave. De multiples données concordantes indiquent qu’al Qaida est en train de reprendre pied en Irak, ce qui n’a rien d’étonnant dès lors que le principal financier d’al Qaida ces dernières années a été la République islamique d’Iran. La population sunnite va sans aucun doute subir les contrecoups de ce qui se dessine, la population kurde aussi. 
 
Il existe par ailleurs un camp de la résistance iranienne en Irak, à Ashraf. Ce camp abrite surtout des membres des Moudjahidins du Peuple. Et si ce mouvement a été autrefois radical, il fait aujourd’hui partie intégrante du Conseil national de la résistance iranien et bénéficie du soutien du mouvement conservateur américain, et a contribué au soulèvement anti-khomeyniste qui a culminé au printemps 2009, lors de la réélection truquée de Mahmoud Ahmadinejad. 
 
Les gens d’Ashraf sont sans armes. Ils se sont placés sous la protection de l’armée américaine à la chute de Saddam Hussein. Cette protection va disparaître à la fin du mois de décembre. Les Gardes Révolutionnaires iraniens, la faction la plus dure et la plus fanatique du régime, ont reçu la directive de procéder à un massacre. Non seulement le gouvernement Maliki fermera les yeux, mais il contribuera à ce massacre. 
 
Barack Obama est complice. L’Union Européenne aussi, bien entendu. Les gens d’Ashraf demandent une protection humanitaire, ou la possibilité d’être accueillis en tant que réfugiés politiques dans le monde occidental. Une réunion a eu lieu à Paris, samedi 10 décembre, à laquelle ont participé des hommes porteurs d’éthique, tels André Glucksmann. 
 
Si un massacre a lieu à Ashraf, ce sera un massacre très annoncé et très prévisible. Je sais que de multiples attentats ont tué en Irak ces dernières années. Je sais que les Chrétiens ont été et sont toujours persécutés sans que quiconque s’émeuve. Je sais que si un massacre a lieu, ce ne sera qu’un massacre de plus. 
 
Je sais que plus de quatre mille Américains sont morts en Irak, et aussi des hommes et des femmes de quarante pays. 
 
Je sais que le bilan de Barack Obama en matière de violations des droits de l’homme et d’abandons de populations, au pire est accablant. 
 
Mais avoir entendu Obama se féliciter a eu quelque chose de très nauséabond. L’avoir vu au côté de Nouri al Maliki, surtout. Sans se gêner le moins du monde (mais pourquoi se gênerait-il ?), Nouri al Maliki s’est rendu à Washington en compagnie de Hadi Farhan al Amiri, ministre des transports du gouvernement irakien, ancien commandant des Gardes Révolutionnaires iraniens. Cela vous donne-t-il une idée de ce qui se passe en Irak ?
 
N’imaginez surtout pas que Barack Obama ne sait pas. Voyez plutôt ce qui est : Barack Obama est complice, oui. 
 
Les grandes consciences européennes diront que Barack Obama agit bien. Ce sont des grandes consciences aveugles et à géométrie très variable et à valeurs éthiques très fluctuantes.
 
Les grands analystes de la grande presse diront que tout cela, c’est de la faute de Bush. 
 
Ils sont aussi prévisibles qu’un vieillard atteint de la maladie d’Alzheimer et s’obstinant à mettre sur un vieux phonographe un disque rayé et hors d’usage.
 
Tant que des gens penseront être informés en lisant les grands analystes de la grande presse, nous continuerons à avancer vers le naufrage. Et nous continuerons à avoir les dirigeants politiques que, sans doute, nous méritons. 
 
Pendant que Barack Obama recevait Nouri al Maliki, Nicolas Sarkozy en France recevait son ami Mahmoud Abbas, en l’embrassant avec chaleur sur les marches de l’Elysée. Le drapeau palestinien venait de se dresser au dessus de l’Unesco, dans le ciel de Paris, et le rapprochement entre l’Autorité Palestinienne et le Hamas avait franchi des pas décisifs. Deux raisons de faire la fête, n’est-ce pas ?
 
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
 
PS. Si j’avais voulu accabler Barack Obama, j’aurais noté qu’il a laissé un drone américain tomber aux mains de l’armée iranienne et a renoncé à le détruire : ce qui permettra à l’armée iranienne d’en étudier tous les secrets électroniques. Comme il est très poli, Barack Obama a demandé poliment à Ahmadinejad de lui rendre le drone. Ahmadinejad n’a pas répondu poliment. Etonnant, non ?

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading