Publié par Dreuz Info le 21 décembre 2011
Par Benjamin Goldnadel
 
« Il y a un cas très intéressant, c’est celui de Salah Hamouri, un Français qui est en prison en Israël pour délit d’opinion, simplement parce qu’il a dit qu’il était contre la colonisation et la poursuite de la colonisation, personne n’en parle, personne n’en parle ! »
 
Tels sont les mots, on s’en souvient peut être, de l’acteur François Cluzet lors de son passage sur France 2 en novembre 2009 face à Jean-François Copé.
 
Le comédien-militant venait par ce coup de gueule de faire publiquement sienne ce qui était devenu une des dernières grandes causes des associations et organismes pro-palestiniens : le cas Salah Hamouri.
 
Ainsi, un nouveau symbole du totalitarisme sioniste était né. 
 
Salah Hamouri n’était rien d’autre qu’un pauvre arabe de plus, de mère française de surcroit, croupissant depuis des années dans une geôle israélienne sans la moindre raison valable, sans que personne n’en parle. Il était donc forcément innocent.
 
Effectivement franco-palestinien et bel et bien emprisonné en Israël, il fut en vérité accusé d’appartenir à un mouvement terroriste, le Front de Libération de la Palestine (FPLP), reconnu comme tel notamment par les Etats-Unis et l’Union Européenne, ainsi que, excusez du peu, reconnu coupable d’avoir voulu assassiner le grand rabbin d’Israël, Ovadia Yossef.
 
Sans doute ne sont-ce là que des détails : Salah Hamouri a évidemment bénéficié d’un procès avec l’assistance d’une avocate, et il a décidé de plaider coupable, ce qui heurte quelque peu le juriste qui signe, lorsqu’il découvre dans la presse française, qu’il aurait toujours « clamé son innocence ». 
 
Qu’importe, Francois Cluzet et les autres militants n’étaient pas là pour pinailler, et eux connaissaient la vérité. 
 
Tant qu’on y était, Salah Hamouri fut ainsi considéré comme l’alter ego palestinien de Guilad Shalit. L’affaire prit suffisamment d’ampleur pour que le Président Sarkozy lui-même, plaide dernièrement en sa faveur auprès du sans doute quelque peu sénile rabbin, afin qu’il soit gracié avant la date prévue par sa condamnation. Raison invoquée : « motifs humanitaires ».
 
Le parallèle entre le détenu Salah Hamouri et le jeune homme kidnappé par un commando du Hamas près de Gaza, alors qu’il accomplissait son service militaire obligatoire, séquestré pendant plus de cinq ans, sans recevoir la moindre visite, pas même de la Croix Rouge, dépasse déjà l’entendement, mais le plus beau reste à venir.
 
Le vieux rabbin a fini par accéder aux demandes de ces belles âmes. 
 
C’est d’ailleurs ce mercredi, dans la foulée de la libération de cinq cent cinquante détenus palestiniens, dans ce qui constitue la seconde étape de l’accord d’échange pour obtenir du Hamas la restitution de Shalit (au total mille vingt sept terroristes arabes), que fut gracié Salah Hamouri.
 
Ce que la presse française s’est gardé curieusement de rapporter, et qui aurait pourtant dû être porté à la connaissance du public, sont les tous premiers mots de l’innocent libéré : « Ovadia Yosef mérite la mort ».
 
Sauf à assister à une improbable remise en cause de François Cluzet et de ses amis militants, ce dernier symbole de l’inéquité israélienne devient, par son grotesque désaveu, un emblème de plus de l’iniquité des combats des pro-palestiniens.
 
© Benjamin Goldnadel, avocat au barreau d'Israël, pour Dreuz.info.
 
Benjamin Goldnadel a étudié le droit à la faculté de Nanterre. A 24 ans, après l'obtention de sa Maîtrise, il décide de quitter la France pour Israël et se porte volontaire pour effectuer son service militaire dans une unité combattante de Tsahal. Quelques temps après il obtient le diplôme d'avocat au barreau de Tel Aviv.

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