Il y a des petites bonnes nouvelles qui font toujours plaisir. Comme celle-là, dont j’ai pris connaissance la veille de Noël comme un cadeau.
Pour la seconde fois en cinquante ans, l’ONU va réduire son budget et se serrer la ceinture !
Ce n’est pas exactement la solution radicale dont beaucoup rêvent, j’en conviens, mais il faut se mettre à la place de ces diplomates auto suffisants, pour se rendre compte de l’humiliation qu’ils ressentent.
Le budget pour l’année 2012 a été réduit à 5.15 milliards de dollars (oui je sais, le chiffre est affolant, mais n’oubliez pas, nous sommes en plein boom économique), au lieu de 5.45 milliards.
A ces chiffres s’ajoutent les missions de maintien de la paix qui disposent d’un budget de 7 milliards de dollars, et le financement des tribunaux internationaux.
Les Etats-Unis et les pays européens sont à l’origine de cette demande de réduction de budget – on se demande pourquoi. Serait-ce parce qu’ils payent presque tout et reçoivent presque rien ? Les pays sous développés auraient eux « préféré qu’il reste au même niveau ». On se demande aussi pourquoi. Serait-ce parce qu’ils ne payent presque rien et reçoivent beaucoup ? Je suis mauvaise langue.
Ban Ki Moon a déclaré que les négociations sur le budget « sont toujours difficiles. Mais cette année, elles ont été particulièrement compliquées ».
« Partout à travers le monde, les gouvernements et les peuples sont confrontés à des difficultés financières », a-t-il ajouté. Je ne savais pas Moon capable de révéler des scoops.
Le négociateur américain Joseph Torsella a déclaré « C’est la première fois depuis 1998, et seulement la deuxième fois en 50 ans, que le budget de l'ONU est réduit ».(???)
Il a ajouté cette confidence qui fait tout drôle. Le budget « va permettre de renforcer les Nations unies, de les rendre plus efficaces et de faire économiser des millions de dollars aux contribuables américains ».
Ainsi donc les Nations Unies sont peu efficaces. Ainsi donc les Nations Unies, parce qu’elles reçoivent trop d’argent, sont pourries par le luxe et la facilité, et fonctionnent comme un gros corps gras et boursoufflé, flasque et incapable de se bouger.
Ban Ki Moon a reconnu que l'ONU devait se « serrer la ceinture », et l’on imagine ce que cela signifie dans la bouche de diplomates qui n’ont pas forcément l’expérience du monde ou l’on travaille pour gagner de l’argent et générer des revenus. Par exemple, conclut la dépêche, « à son siège de New York, l'organisation sous-traite déjà certains postes », ce qui signifie qu’on peut faire, en dehors des Nations Unies, le même travail pour beaucoup moins cher. Magistral aveu.
Travaillez braves gens, travaillez, les élites ont besoin de votre sueur pour s’offrir champagne et caviar.
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
le pain de l’ONU est + que sec
L’Onu vient de mettre en berne son drapeau ( NY et Genève ) pour honorer la mort du dictateur nord Coréen Kim Jong-Il.
http://au.news.yahoo.com/world/a/-/world/12467713/un-flags-at-half-mast-to-mark-kim-s-funeral/
Au-delà de l’aura (sic) dont on entoure leurs interventions fort médiatisées,
ce fatras de bureaucrates est dépensier et inefficace.
La réduction « cosmétique » de budget aura un impact sur quelques gesticulations externes, mais il ne mettra guère d’ordre dans le magma de leurs innombrables « filiales et ONG déléguées »!
Structures dans lesquelles se dispersent des missions utiles et d’autres relevant de la dispersion des efforts comme les graines de pissenlit illustrées sur l’image du Larousse d’antan : « je sème à tous vents »…
Il faut remonter loin dans l’histoire contemporaine pour y trouver un S.G. un rien à la hauteur!
Ils honorent un dictateur sanguinaire qui a asservi son peuple ! Et ca veut donner des lecons de morale et preserver la paix !
Rassurez-vous, les cocktails au champagne ne diminueront pas en quantité et les économies ne se feront pas sur les postes futiles et de « confort ».
Merci à M.Grumberg pour cet article.
Il est aujourd’hui évident qu’il existe une vraie disproportion entre les budgets des Etats (du moins occidentaux), grandes organisations internationales et la situation économique.
Il y a aussi je le crois un vrai problème de compétence de nos dirigeants, diplomates, bref nos « élites ».
Je ne suis pas populiste, je déteste même cela, je ne critique pas non plus à tort et à travers les symboles de l’autorité et la hiérarchie.
Cependant quand un chef d’entreprise,ou un cadre, commet une erreur il en subit les conséquences (proportionnelles il faut rester juste) ce qui est normal.
Comment se fait-il que nos politiques, diplomates puissent faire mille bêtises par jour sans risquer leur fauteuil?
Comment pourrions-nous avoir une classe politique compétente si il n’y a ni logique de résultat, ni de punition et de récompense selon les succès et les échecs?
C’est une question que je souhaiterai voir aborder pendant les présidentielles.C’est urgent.
« Comment se fait-il que nos politiques, diplomates puissent faire mille bêtises par jour sans risquer leur fauteuil? »
Je dirais aussi : « Comment se fait-il que nos politiques, diplomates puissent faire mille bêtises ? »
C’est tout c…, ceux qui siègent sont ceux qui ont fait, ou leurs prédécesseurs, les règles, bien souples, qui les encadrent!
Et c’est tout pareil au niveau des gouvernants qui nous mènent en bateau, genre Titanic, comme l’écrivait jpg ou mg il y a peu.
Nous-mêmes ferions-nous différemment ? Scier la branche sur laquelle…..
Posons-nous ma question .
C’est un peu comme la mauvaise herbe. Quand on ne la retire pas du circuit elle finit par tout coloniser, chassant la « bonne » herbe au passage.
Cette image même si un peu douteuse me semble relativement appropriée.
résultat nos mauvais diplomates et politiques ont remplacés progressivement les plus compétents.
Apparemment ces gens passés par science-po, l’ENA ou autres écoles pensent que cela leur donne la légitimité suffisante pour gouverner.
Je pense différemment.
Si je ne nie pas l’apport des grandes écoles françaises, que de jeunes diplômés soient injectés directement dans la structure étatique, sans avoir montré quoi que ce soit dans la réalité (la réalité est bien différente de la vie scolaire quoi qu’on en dise) est abherrant.
Un politique quel qu’il soit devrait d’abord faire ses preuves dans le privé, faire sa carrière/fortune.
De cette façon, en plus d’acquérir de l’expérience, ne pas avoir besoin de la politique pour vivre, il serait tout simplement possible de voir qui est bon et qui ne l’est pas.
Seulement la république/oligarchie à la française n’à que faire des idées nouvelles…
Jean-Patrick Grumberg
L’ONU n’est pas une compagnie d’assurances ou une société d’investissement où l’on perçoit des avantages à proportion des sommes qu’on y a investies. C’est une organisation politique. Or, en politique, la règle est l’égalité – entendons bien, en l’occurrence, celle des Etats. Les règles de fonctionnement (et, en particulier, de financement) y ont été établies en 1945, à une époque où les seuls Etats solvables étaient les vainqueurs de la guerre.
Il est donc parfaitement normal et moral que la majorité des Etats puisse voter de façon qui déplaise aux Etats occidentaux, puisque poser le principe contraire reviendrait à introduire le vote censitaire et à réserver le pouvoir aux plus riches (qui, dans le financement de l’ONU, sont aussi les moins nombreux).
Il serait nécessaire, en revanche, de réévaluer fortement la contribution des Etats émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et autres) qui ne paient pas à proportion de leur richesse. Et il serait même normal de réévaluer toutes les contributions périodiquement. [Avec le même principe que précédemment : le fait que la Chine – ou l’Inde – deviendraient les plus gros contributeurs ne leur conférerait absolument aucun privilège ni aucun avantage dans les votes : elles pourraient payer très cher et néanmoins s’en ramasser plein la figure].
Il faudrait aussi revoir la composition des membres permanents du Conseil de sécurité, dont au moins trois (Royaume-Uni, France, Russie) sont des puissances de second ordre et un sur le déclin (Etats-Unis). Il faudrait de même supprimer le droit de veto, antidémocratique.
C’est, pour partie, ce droit de veto qui a permis aux Etats-Unis d’imposer (contre toute règle démocratique) qu’un pays de merde (Taiwan) occupe le siège de la Chine jusqu’en 1972. Ou à la Chine – à qui de façon très opportuniste, se sont ralliés les Etats-Unis – d’imposer, jusqu’à 10 ans après sa chute, le gouvernement génocidaire des Khmers rouges comme seul représentant du Cambodge à l’ONU.
Vous êtes – alias Bellifontain – le parfait spectre mental qu’il nous faut appréhender pour le futur de la planète.
Votre simplisme d’égalité (des Etats), couplé à v/autre constat de non respect d’engagements ouvrent une porte toute grande à ce que s’engouffrent dans le poids des décisions futures des exemples mêmes de la NON-démocratie (à laquelle vous vous référez par ailleurs).
Quoique l’on reproche à vos pays désignés « 2e ordre » (ou de présumé « déclin », où vous ciblez USA) vos postures vous signent ici tel un adhérent à des causes douteuses.
Démocratiques?
Etablissez-nous donc ceux des membres du Conseil de Sécurité qui le sont ou non? Et où ils ont péché à répétition dans l’époque actuelle? Mettez-les en balance avec ces Chine/Russie/émergents d’islam et annoncez-nous l’avènement d’une époque future, sereine et démocrassique?
The Wolff
Que voulez-vous dire avec votre « simplisme d’égalité » ? Que peut-il exister d’autre dans les rapports juridiques entre Etats ?
Qu’y a-t-il de douteux dans le fait de souhaiter que les pays contribuent au budget de l’ONU à proportion de leur richesse, ce qui n’est notoirement pas le cas pour les pays émergents, qui versent des contributions ridicules ?
Je maintiens bien que la Russie, la France et le Royaume-Uni sont, actuellement, des puissances de deuxième ordre. Eu égard, par exemple, à leur poids économique, il n’est pas normal qu’elles soient membres permanents du Conseil de sécurité, de plus avec droit de véto.
Je récuse, en effet, pour tous les pays, y compris pour la Chine, bien évidemment, le statut de membre permanent et l’existence même du droit de véto.
Vous confondez par ailleurs les plans. L’ONU reconnaît des Etats et non des régimes : le vote à l’ONU est indépendant des régimes des Etats. Et il était effectivement antidémocratique que la Chine soit représentée à l’ONU par Taiwan.
@Bellifontain
Les Etats ne sont pas, ne seront pas et n’ont jamais été égaux entre eux.
S’il existe des puissances de premier ordre et de second ordre comme vous le notez fort bien c’est précisément pour cette raison.
Certains Etats sont plus forts que d’autres dans un espace et un temps donné et de fait utilisent cette puissance pour influer sur les Etats plus faibles.
Je suis d’accord avec vous pour la contribution au budget.
Pour le Conseil de Sécurité et le droit de véto je n’ai pas la connaissance pour discuter sur ce sujet.
Pour la démocratie à l’ONU soyons clair; l’ONU est un organe diplomatique qui de par sa nature est l’objet de luttes d’influences (on revient à l’égalité impossible entre Etats).
En diplomatie vouloir instaurer égalité et démocratie est un non-sens. Par définition la diplomatie est une lutte d’influence et de pouvoir.
Ce que vous décrivez là ressemble étrangement à une ONU idéale dans un monde idéal.
C’est irréaliste à mon sens.
Francis
L’égalité entre Etats existe pourtant, au moins depuis Hugo Grotius et les traités de Westphalie.
C’est cette égalité qui fait, entre autres, que les ambassades sont toutes traitées de la même façon, que ce soit celle du Luxembourg ou celle de la Chine. Il est d’ailleurs heureux, pour les pays européens, que cette égalité existe, sinon ils ne pèseraient rien.
Tout l’effort de la civilisation, depuis qu’elle existe, consiste précisément à corriger ce que les rapports de force bruts donneraient, et à accorder plus à ceux qui ont moins [que ce soit en richesse ou en puissance].
Actuellement (mais pour combien de temps encore ?), les pays occidentaux bénéficient toujours d’une suprématie militaire, politique et culturelle. D’ici quelques décennies, ce ne sera plus le cas. A ce moment-là, vous serez bien heureux que des institutions, du droit, des traités accordent un statut à ceux qui, autrement, compteraient pour peu au regard des plus puissants.
Bellifontain
Il se peut que nous ne parlions pas de la même chose en évoquant l’égalité entre Etats.
De mon côté je parle d’une égalité factuelle; le Brésil est aujourd’hui plus puissant que le Paraguay par exemple.
De votre côté vous parlez peut-être d’une égalité diplomatique?
En quelque sorte vous voudriez dire que si certains sont plus puissants que d’autres, il existe un terrain où règne l’égalité, ce qui leur permet de discuter nonobstant l’importance de leur pays respectifs, j’y suis?
Francis
Vous y êtes !
A partir du moment où la réalité juridique (institutionnelle) la plus tangible sur la planète est celle des Etats, on est bien évidemment confronté à leur inégalité de fait (en population, superficie, ressources, richesses, situation géographique, etc.).
Si on admet la réalité des Etats et la réalité de leur inégalité de fait, la seule règle valable pour leurs relations est celle de leur égalité de droit. Seule l’égalité de droit permet d’instaurer des relations stables avec des règles claires.
[Toutes proportions gardées, c’est comme le code de la route : il n’existe pas un code pour les conducteurs de 2CV et un pour les conducteurs de Ferrari. Tous sont soumis aux mêmes règles].
Les critiques que l’on formule à l’encontre de l’ONU aujourd’hui me semblent décalquées de celles qu’on formulait à l’encontre de la « Diète perpétuelle » de 1663 (c’est-à-dire le Parlement allemand d’après les Traités de Westphalie).
On disait que c’était le foutoir, qu’on ne pouvait y prendre de décision, que les grands Etats (Prusse, Autriche, Bavière) y étaient paralysés par les petits, que l’Allemagne morcelée était impuissante par rapport à la France unie, etc. Or, ces traités ont été un chef-d’oeuvre et c’est quand l’Allemagne a commencé à s’en dégager que, pour elle, les malheurs ont commencé.
Disons qu’il y a le pour et le contre.
D’un côté un terrain neutre permettant à des pays éloignés géographiquement, culturellement, historiquement, de discuter est nécessaire.
Mais aujourd’hui l’ONU est devenue une tribune au service de ceux qui défendent un idéal contraire au concept même de cette organisation (entente entre Etats, paix, une certaine idée de la liberté).
Ses nombreuse branches outrepassent aussi régulièrement leur fonction tout en travaillant mal.
Aujourd’hui le fait est que l’ONU pourrait être confisquée par des régimes non-démocratiques et retournée contre ses créateurs, les démocratie.
Ce ne serait pas la première fois dans l’Histoire.
De plus comme de nombreuses institutions l’ONU a eu une franche tendance à se fossiliser.
Comme la Diète en son temps si elle connaît une désaffection c’est en partie dû à son décalage d’avec la réalité et son incapacité à agir assez rapidement.
N’oubliez pas non plus que si la guerre de trente ans fut un cataclysme abominable sur un plan humain c’est elle qui a fait naître l’Europe Moderne.
Francis
Vous posez une question fondamentale, que je n’ai jamais entendu formuler ailleurs : pourquoi voulez-vous que le concept d’égalité ne soit plus « intouchable » ? Et comment voulez-vous le faire « évoluer » ? Qu’est-ce qui vous gêne, dans ce concept ?
Cela dit, en France, nous n’avons pas – loin s’en faut ! – tous les mêmes moyens, malgré ce qui est proclamé par les principes de la République. Le peuplement des grandes écoles surreprésente les enfants des catégories socio-culturelles les plus favorisées. Les enfants d’ouvriers ou d’employés y sont en sous-nombre par rapport à leur population. Et c’est encore pire aux Etats-Unis.
L’égalité est, bien entendu, un concept qui ne peut être que juridique. Encore que je ne conçois nullement ce qui justifie l’inégalité d’un point de vue social.
Globalement, les humains ont des besoins à peu près semblables : leurs besoins en liquides, calories, oxygène évoluent dans un très faible rapport. Et, par ailleurs, lorsqu’on examine l’écart interdécile (c’est-à-dire en excluant les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres), l’écart est, au mieux, de 1 à 4 – ce qui est déjà considérable. Pourquoi vouloir qu’il soit davantage ?
Supposons, par exemple, que je parle couramment 8 langues étrangères : pourquoi devrais-je être récompensé de cela par un salaire plus important ? Le fait que je maîtrise ces idiomes ne constitue-t-il pas, à soi seul, une satisfaction qui exclut toute autre récompense ?
Dans le cas de la Chine et de la Mongolie, pourquoi vous placez-vous, spontanément, du côté de la Chine et non de celui de la Mongolie ? Pourquoi n’envisagez-vous pas la frustration des diplomates mongols de ne pas être traités sur un pied d’égalité avec les diplomates chinois ? Pourquoi les Chinois, qui sont déjà plus peuplés, plus riches, plus puissants, auraient-ils droit à davantage de prérogatives, d’honneurs, de privilèges ?
Ce qui est dangereux, c’est, précisément, l’inégalité : si les plus forts (ou les plus riches) ne sont pas systématiquement rabotés, contraints, bridés, leur pente naturelle les conduira nécessairement à nuire aux plus faibles. Comme le disait le R.P. Lacordaire : « Entre le puissant et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».
Francis
Lorsque vous dites que l’ONU devrait défendre « une certaine idée de la liberté », vous posez une bonne question, car en quoi cette « certaine » devrait-elle être la norme ? En quoi, d’ailleurs, les pays qui l’ont créée, étaient-ils qualifiés moralement pour définir ses normes ?
Et pourquoi, d’ailleurs, s’en tenir à la seule « liberté » ? Pourquoi pas aussi, l’égalité ? Pourquoi pas les droits en général, aussi bien ceux des individus que des collectivités ?
L’URSS sortait des purges staliniennes et avait procédé à d’énormes représailles sur les populationa allemandes vaincues. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient procédé à des bombardements terroristes sur Dresde, et les Etats-Unis aux bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki. Quant à la France, c’était une puissance coloniale, qui venait juste de procéder à la répression de Sétif et Guelma, le 8 mai 1945.
Pensez aussi que, durant longtemps, l’ONU n’a été que le paravent des Etats-Unis, qui l’utilisaient pour couvrir leur politique étrangère : était-elle alors moins confisquée ?
On ne peut pas non plus lui faire grief de son inefficacité dès lors que les grandes puissances ne s’y soumettent que si elles le veulent bien et qu’on ne lui a pas donné de moyens vraiment contraignants pour faire valoir ses décisions.
Maintenant la question est : si vous n’en voulez plus, par quoi la remplacez-vous ? Par rien ? Par le retour aux accords bilatéraux, qui ne sont que la traduction de la force brute ? Car en quoi, par exemple, un accord bilatéral entre les Etats-Unis et le Guatemala peut-il être équilibré ?
Sur la guerre de Trente ans, vous dites exactement ce que j’ai dit : les traités de Westphalie ont été un chef d’oeuvre. Maintenant, les ravages de cette guerre ont été revus à la baisse depuis plusieurs décennies.
Je crois comprendre ce que vous voulez dire. Il est compliqué de vous répondre en un petit paragraphe tant le problème que vous soulevez est complexe (relativisme, liberté,égalité).
Je sais qu’en France depuis la révolution le concept d’égalité est intouchable. Il n’a donc pu être discuté et n’a pu évoluer.
Nous ne sommes pas tous égaux, c’est un fait. Certains sont plus rapides que d’autres, certains plus forts, d’autres plus discrets ect… ce la se reproduit sur le plan de l’esprit; certains ont plus de mémoires, d’autres plus d’intuition, d’autres sont plus agiles d’esprit ect…
Nous avons tous nos qualités et nos défauts. Selon la société dans laquelle nous évoluons elle nous mettent plus ou moins en lumière par rapport à notre voisin. Certains lorsqu’ils accumulent les qualités se placent alors un ton au-dessus de tous. On en croise de temps en temps dans l’Histoire.
Pour en arriver là nous bénéficions tous d’une égalité mais bien différente de celle dont vous me parlez.
Nous avons tous quasiment les même moyens (en France) pour développer nos qualités ET nos défauts (éducation, livres, internet, société démocratique et ouverte sur le monde ect…).
Certains à partir de ses moyens vont devenir « plus forts » que d’autres grâce à leur travail, leurs qualités intrinsèques.
A ce moment là, la liberté rentre en scène car jamais ces personnes ne pourront dominer ceux ayant des qualités différentes moins misent en valeur dans nos sociétés ou tout simplement ceux qui auront moins de qualités.
Tous nous conservons notre libre-arbitre, nos travaillons avec des personnes brillantes, recevons des ordres parfois mais cela s’arrête là. Elles n’entrent pas dans nos vies pour la régenter.
Pour les Etats ce n’est pas la même chose. Certains ont plus de ressources naturels, sont plus grands, plus peuplés et ce depuis le début de leur Histoire.
Que les Etats puissent discuter entre eux, en terrain neutre, d’accord.
Mais imaginer qu’on pourrait mettre en place une égalité entre eux c’est un non-sens. Il n’y a pas d’égalité possible entre Etats. Toute relation inter-étatique est un jeu de puissance.
C’est la nature même de tout Etat de vouloir être plus puissant que son voisin.
Vous imaginez la Chine et la Mongolie sur un pied d’égalité? Quelle frustration pur les chinois, ça finirait en guerre.
Si vous êtes déterminé à nier cette réalité libre à vous mais c’est proprement irréaliste voire très dangereux.
Vis-à-vis de l’ONU je reste sur ma position il y a du pour et pas mal de contre.
La SDN actuelle est inutile et même nuisible. La bonne nouvelle serait que ce parasite ne détourne plus un kopec le plus tôt possible!
Les Nations Unies (ce grand machin comme disait de Gaulle) est en voie de disparition déjà partiellement phagocité par les 57 membres de l’OCI qui font de plus en plus entendre leur voix qui n’est guère démocratique comme leur demande réitérée d’inscrire dans nos constitution la condamnation du blasphème .
En fait, la question qui se pose est la suivante » est-ce que l’Organisationd des Nations Unies dans sa forme actuelle a encore une légitimité ?
Si j’en juge par son inéficacité et surtout par les scandales causés par les casques bleus de certains pays je répondrais NON.
Une organisation internationale qui permet à des dictateurs de venir déverser leur venin et insultes à la tribune (Iran, Vénézuéla pour ne citer que ces deux là) a perdu sa légitimité.
Les américains feraient mieux de réduire leur budget envers l’ONU de 50% voire plus,comme ils ont fait pour l’UNESCO.Enfin je suppose que c’est fait finalement envers l’UNESCO.
@Bellifontain
Je pense que nous voyons les chose différemment.
Je pense que les gens doivent être récompensés selon la qualité de leur travail. Pour fournir un bon travail il faut des qualités. Si vous êtes dans une société fermée votre maîtrise des langues ne sera pas reconnue. Si vous vivez dans une société ouverte vous pourrez utiliser cette qualité pour fournir un travail de grande qualité.
Votre façon de voir est très séduisante sur le papier.
Toutefois elle s’avère irréalisable ou alors avec un prix à payer extrêmement lourd. L’égalité (la société sans classe) était le but ultime du marxisme. Je ne vous rappellerai pas la suite.
Le (néo)libéralisme ne prétend pas atteindre la perfection il me semble. Il laisse juste à chacun la possibilité de faire ses choix, d’en récolter les fruits (bons ou mauvais), de faire valoir ses qualités et ses défauts, et surtout de poursuivre son rêve.
Contrairement à l’idéologie socialiste, le néo-libéralisme a fait ses preuves. Des gens partis de rien ont réalisés des choses extraordinaires.
L’égalité en tant que telle est de la même façon un concept séduisant en théorie mais tout à fait destructeur quand on veut l’appliquer littéralement.
Qu’on essaye de donner à chacun les moyens de sa réussite d’accord, que notre société soit ouverte et non verrouillée aussi, mais pas plus. Nous devons rester acteurs et responsables de nos vies.
Pour reprendre votre exemple sur la Mongolie. Si la Mongolie frustre la Chine étant donné la disproportion des forces ce serait dangereux. Au contraire jamais une Mongolie frustrée n’attaquera son voisin chinois.
La volonté toute compréhensible de vouloir voir le Monde sous des concepts de justice et d’égalité a amené les reculades face à Hitler, permis l’émergence de l’islamisme et j’en passe.
Le Monde est une réalité vous savez. Et la réalité ça ne se rêve pas.
Francis
Récompenser les gens selon la qualité de leur travail ne veut pas dire leur accorder des rémunérations délirantes. Actuellement, plus de 90 % des Français travaillent avec une rémunération de moins de 5000 euros par mois (et je dois même être large), et nombreux sont ceux qui, pour cette somme, se donnent sans compter.
Imaginez trois bons élèves de lycée il y a une quarantaine d’années. Supposons que le premier soit devenu professeur de faculté : en fin de carrière, au dernier échelon, il touchera entre 4500 et 5000 euros par mois. Le deuxième devient vice-président du Conseil d’Etat (plus haut poste de la fonction publique). Il termine à 18 000 euros par mois. Le troisième termine PDG de l’Oréal. Il est rémunéré à près de 1 million par mois. A quoi rime une telle somme ?
Cette somme ne rime à rien car, plus la rémunération s’élève, plus la part de consommation décroît. Autrement dit, les riches ne dépensent qu’une très faible partie de leurs gains pour subsister. Tout le reste n’est que du superflu.
Mais il y a plus : l’essentiel des sommes des très riches est placé dans des valeurs mobilières ou des obligations. Or, l’importance des sommes en jeu fait que ces gens pèsent sur l’économie, donc sur la vie de chacun, alors que personne ne leur en a donné le pouvoir par la seule voie légitime, qui est le suffrage universel. Ce pouvoir de fait dont ils disposent est donc illégitime. De même qu’il est illégitime qu’avec leur argent (ce qui, du reste, n’existe pas en France) certains puissent se payer – comme en Italie – des kilomètres entiers de littoral et priver leurs compatriotes de l’accès à la mer.
Ce que vous décrivez sous le nom de marxisme n’a que peu à voir avec la réalité du marxisme. Mais il existe de très bons exemples de socialisme ayant réussi, par exemple celui du Land de Vienne, de 1919 à 1934, qui fut dirigé par les ancêtres du SPÖ.
Cela marcha si bien, d’ailleurs, que la droite autrichienne dut l’écraser à coups de canon. Et il faut croire que les Viennois n’en ont pas gardé de mauvais souvenirs puisque, de 1945 à nos jours, la municipalité est restée sans interruption SPÖ. Et je pourrais évoquer les exemples de l’Autriche entière ou de l’Allemagne, ou de la Scandinavie, durant de très longues périodes.
Lorsque vous évoquez l’exemple des pays de l’Est, c’est comme si vous évoquiez le transport aérien tant qu’on en resta au ballon libre : c’était jusqu’alors un échec. Ou comme la droite française pouvait évoquer la Révolution jusqu’aux années 1870 : pour elle, c’était une utopie sanglante qui avait culminé dans la Terreur. Or, la Révolution n’a pas été achevée, dans ses idéaux de 1793, au moins avant les premières décennies du XXe siècle, avec l’école laïque, la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat et l’impôt sur le revenu. Qui passaient pour des utopies mais qui furent autant de succès.
Pourquoi la Mongolie frustrerait-elle la Chine ? Parce que, par exemple, cette Mongolie refuserait à la Chine l’accès à des ressources naturelles que réclamerait la Chine ou parce qu’elle estimerait que la Chine ne la rémunèrerait pas assez pour cela ? Mais en quoi la Chine devrait-elle avoir satisfaction ? En quoi la puissance, à elle seule, légitimerait-elle un droit ?
Quant au néolibéralisme, je serais plus prudent que vous sur ses succès : tous les Etats qui ont réussi économiquement, depuis l’Angleterre au XIXe siècle jusqu’à la Chine aujourd’hui, en passant par l’Allemagne, le Japon, les Etats-Unis, Taïwan ou la Corée du Sud ont tous eu, à l’origine de leur succès, un très fort protectionnisme et une très forte implication de l’Etat.
Quant aux fonds de pension, souvent présentés comme un des éléments du néolibéralisme, c’est à la fois une entourloupe intellectuelle (car la retraite, qu’elle qu’elle soit ne peut être QUE par répartition) et un désastre dans les pays qui l’ont introduit. Par exemple dans les pays d’Amérique latine.
Francis
Je crois que, pour l’attitude face à Hitler, vous simplifiez un peu. N’oubliez pas que c’est la droite française (avec les conservateurs britanniques alors au pouvoir) qui, dès juillet 1936, s’est opposée bec et ongles à l’intervention en faveur de la République espagnole. Alors que Hitler, lui, soutenait sans vergogne les Nationalistes.
Si, en juillet 1936, la République française avait jeté toutes ses forces au service de la République espagnole, Franco aurait été écrasé. Et cela aurait donné à réfléchir à Hitler…
Vous voulez donc plus d’Etat, plus de régulation, moins de liberté?
Francis
La liberté dont vous parlez n’est que la liberté économique, qui est à la liberté ce que la musique militaire (disait, je crois Clemenceau) est à la musique…
La liberté, c’est voyager où on veut, s’exprimer comme on veut, voter pour qui l’on veut, professer la religion qu’on veut (ou ne pas en professer), se marier comme on veut (et pourquoi pas avec quelqu’un du même sexe). Cette liberté ne concerne que l’individu.
Quant à l’intervention de l’Etat, détrompez-vous, elle est aussi pesante dans les pays où l’économie est « libre ». Le Royaume-Uni de Margaret Thatcher, par exemple, a instauré une montagne de réglementations, d’interdictions, de contrôles et de paperasses… mais pas à l’égard des mêmes !
La liberté qui a été encadrée et brimée, alors, a été celle des salariés et des syndicats : l’Angleterre de Thatcher a instauré un régime autoritaire en faveur des patrons. Souvenez-vous du mot de Lacordaire…
J’ai bien peur que vous soyez dans un rêve. L’Histoire à prouvé que ce type de projet se termine mal, très mal.
Je pense que vous ne saisissez pas la nature du néo-libéralisme. Je parle en mon nom, c’est-à-dire en tant que jeune homme avec peu d’expérience.
Le n-l donne un cadre au individus, un minimum de règles et d’autorité pour que la paix sociale soit garantie. L’Etat remplit ce rôle.
Il offre aussi à chacun les moyens pour s’en sortir grâce à ses efforts. je vous le concède certains doivent en faire plus que d’autres, c’est ainsi.
Mis-à-part cela il n’y a aucune intervention dans la vie des citoyens sinon celle des citoyens elle-même. L’initiative, la responsabilité…
L’Homme en tant qu’individu est au centre de ce système, il lui permet de s’épanouir en tant que maître de sa propre vie.
Le néo-libéralisme n’est pas un système.
C’est l’expression de la Nature même, de la nature humaine en particulier, l’expression de la réalité.
Il n’est pas parfait et ne veut/peut pas l’être, il est la reconnaissance de l’individu en tant qu’entité indépendante et libre.
Bref le néo-libéralisme est à mon sens l’aboutissement de la pensée occidentale.
Le socialisme lui est un système.
L’Etat contrôle des pans entiers de la vie de ses citoyens leur retirant des choix qui leur reviennent.Pire l’Homme aimant être dominé il s’enfonce peu à peu de plus en plus dans les vie des citoyens. Ceux-ci l’accueillent de bonne volonté car tout Homme normalement constitué échange sa liberté (ce qui fait que nous sommes acteurs de notre vie) contre la protection, le confort et un minimum d’échange à fournir.
A la fin ce système finit par considérer sa survie comme primordiale à celle même de ses citoyens et les phagocytes pour survivre.
Ce système veut apporter à ses citoyens justice, égalité… puis devant son échec se contente d’exister.
Pourquoi échoue t-il? Parce qu’égalité et justice (et bon nombre de concepts de ce type) sont des idéaux. Qu’ils peuvent être approchés mais pas réalisés.
Au contraire le néo-libéralisme ne promet rien. Mais par sa nature même il garantit la liberté, le droit d’expression, le droit d’accéder à la richesse avec des efforts et de la chance et nombre de choses encore.
Pourquoi? Parce que le libéralisme c’est la liberté, qu’il applique non pas l’égalité idéale mais une plus simple; la protection de la liberté individuelle, de la volonté propre de chaque être humain.
Francis
Je pense qu’effectivement vous ne voyez le néo-libéralisme qu’à travers son expression théorique et non dans ses manifestations concrètes.
Concrètement (si l’on veut bien considérer les expériences Thatcher, Reagan, Bush, Aznar, Berlusconi, Pinochet… comme des essais vers le néo-libéralisme – certes, ses tenants diront toujours qu’il n’y en avait pas assez), le néo-libéralisme s’est traduit par d’énormes inégalités et une aggravation de la vie des plus pauvres.
Et, contrairement à ce que vous pensez, le néo-libéralisme est bien un système de pensée, très structuré et très rigide (on le voit par exemple avec le monétarisme – un des volets du néolibéralisme – des dirigeants allemands ou des tenants de la BCE, qui mène l’Europe au désastre en refusant à cette BCE le droit de se substituer entièrement aux acteurs privés pour prêter aux Etats).
Analysé d’un point de vue opposé, le néolibéralisme apparaît au contraire comme un système très cohérent, systématique, bouclé dans toutes ses composantes, et qui se présente comme le système idéologique justifiant la domination des plus riches.
Aucune domination, depuis très longtemps, ne peut se contenter de la seule force brute : pour durer, il lui faut raconter des histoires aux gens, leur présenter un scénario dans lequel cette domination est justifiée. C’est ce qu’on appelle proprement l’idéologie.
Cette idéologie varie selon les époques : jadis, c’était la théologie (dont les desservants étaient les clercs) et qui expliquait que les rois étaient les représentants de Dieu sur terre et qu’il fallait donc leur obéir.
Aujourd’hui, la théologie a été remplacée par l’économie qui (avec des « preuves » tout aussi fantaisistes, « explique », par l’intermédiaire de ses clercs, les économistes néo-libéraux, que les investisseurs financiers, boursicoteurs, riches de toute espèce, ne font que représenter les Marchés, nouveau nom de Dieu…
Vous vous acharnez à vouloir voir le néo-libéralisme comme un système.
Que Mme.Thatcher ait effectivement réglementé c’est un fait. Il s’agissait de créer le cadre (plutôt de créer les conditions d’apparition pour ce cadre) dont je vous parlez.
Si M.Blair a ensuite pu mener sa politique « sociale » c’est grâce à ce cadre mis en place et à l’assainissement de l’économie durant les années 1980.
Je pense encore une fois que vous rêvez une société qui n’a jamais existé et n’existera jamais.
Comme vous je regrette la pauvreté, je sais que certains sont pauvres et ne le mérite pas, que certains sont riches et ne le mérite pas non plus. J’admets que si il était possible de lier à la fois liberté, égalité je me laisserai sans doute tenter de croire à une telle chose.
Mais ce sont deux principes qui s’opposent.
Pour que l’égalité « parfaite » existe il faut une telle intervention de l’Etat (ou d’une entité semblable) intervienne à un point tel dans votre vie qu’elle devient une partie de vous. C’est le totalitarisme en germe.
Une société sans vague, sans couleur, sans dynamisme ni inventivité. Une société mourante.
La liberté c’est donner à chacun le pouvoir d’être acteur de sa vie. Quoi qu’il arrive vous savez que c’est vous et vous seul (en très grande partie du moins) qui êtes responsable de vos succès et échecs à travers vos choix.
Deuxièmement, vous me donnez des exemples pour justifier les échecs du néo-libéralisme qui sont erronés.
Le néo-libéralisme ne peut-être imposé pour commencer. Comme la démocratie une société y arrive à force d’évolution sociale, philosophique et culturelle lorsque les Hommes qui la compose en arrive à placer l’individu au centre de la-dite société.
C’est donc le contraire de la religion dont vous parlez; plus d’omni-Etat.
Il est donc normal que des tyrans comme Pinochet aient échoués. leurs sociétés n’étaient pas prêtes.
Les réglementations dont vous parlez, mises en place il est vrai par plusieurs dirigeants depuis une trentaine d’année, n’étaient pas le néo-libéralisme mais les tentatives de changements imposés à leur société pour permettre l’apparition de celui-ci.
Ils ont presque tous échoué. On ne force pas une société, c’est comme stopper un astéroïde en pleine course, sans faire d’énormes dégâts.
Que faut-il pour qu’apparaisse le néo-libéralisme?
Une société démocratique et donc ouverte (on en revient au cadre). Ainsi chacun peut y évoluer comme un poisson dans l’eau tant qu’il s’en donne les moyens et ne sort pas du cadre.
Une société avec une éducation libre,gratuite le plus tard possible, et de qualité.
C’est ainsi que les gens sont capables de faire preuve d’initiative, d’intelligence, de responsabilité vis-à-vis de leurs actes. Cela les forme aussi au défi mystérieux qu’est la liberté.
Une société décomplexée vis-à-vis de l’argent.
Pour que les phrases; « les riches gagnent plus que les pauvres, et beaucoup trop d’ailleurs » (qui sont votre dada) disparaissent au profit de » il est tout à fait possible à chacun (et donc aux pauvres) de s’élever au-dessus de sa condition première et de devenir riche (ou autre selon nos rêves) », c’est quand même nettement plus optimiste.
Une société avec des valeurs morales, le bien commun, partagées par tous (ou la plupart).
De cette façon l’Etat n’a pas à intervenir en permanence pour faire la police de la pensée, ou la police tout court. De plus cela protège relativement des écarts de certains qui pourraient être tentés d’utiliser leur liberté pour dominer celle des autres.
Vous allez me dire, « là c’est un système idéal vous ne valez pas mieux qu’un socialiste dogmatique ». C’est faux.
Vous remarquerez que les sociétés démocratiques occidentales quand on les laisse évoluer sans intervenir présentent rapidement les aspects que je viens d’évoquer.
Nos sociétés grâce à leur Histoire ont forgé le composant essentiel de cette tendance naturelle à la liberté au niveau individuel; le libre-arbitre, contraire du fatalisme du « tout est écrit ».
Nous ne croyons pas en arrivant sur cette terre que notre vie est déjà réglée dans ses moindres détails. Nos pensons pouvoir en être acteur ET DONC nous sommes TOUS, pour la plupart (de culture occidentale) libéral.
Le néo-libéralisme c’est l’expression de ceci. C’est le truc qui vous permet d’être acteur de votre vie tout en évitant qu’une liberté individuelle prenne le pas sur les autres.
C’est l’aboutissement naturel des sociétés qui tout en croyant au libre-arbitre ne craignent pas la liberté.
Vous allez encore me dire que c’est là un idéal, que ça ne marche pas. C’est faux.
Un pays, une grande démocratie est libérale depuis toujours.
Les Etats-Unis ce pays âgé de moins de 300 ans a su grâce à ce système bâtir une civilisation à nul autre pareille.
Non seulement elle est brillante économiquement mais sa culture, sa technologie, sa pensée sont en permanence à la pointe.
De plus les pauvres aux Etats-Unis vivent malgré tout dans un certain confort (je dis bien « certain » ne me faites pas dire ce que je ne dis pas) et surtout ont l’opportunité de s’élever au-dessus de leur condition grâce à leurs efforts.
Il y a une liste impressionnante de riches partis de rien là-bas, beaucoup plus grande qu’ailleurs.
Les pauvres aux Etats-Unis étaient sans doute plus riches que la « classe moyenne » soviétique lors de la chute de l’URSS (qui par définition possédait peu ou rien).
Il existe deux autres pays chers à mon coeur qui montrent un tel succès. Israël et le Canada, sociétés néo-libérales, présentent un taux de développement plus élevé que nombre de pays européens. Leur économie est florissante, leur culture également.
Preuve de leur succès ses pays connaissent une immigration non seulement depuis les pays pauvres mais aussi depuis les pays riches.
Vous me direz « certes ça a marché un temps mais la crise économique a tout balayé ».
La crise a effectivement touché ses pays. Toutefois grâce à l’incroyable souplesse et ouverture qui caractérise leur société, ils commencent déjà à redécoller alors que nos sommes, en Europe, encore en plein dedans. Leur classe moyenne conserve un pouvoir d’achat tout à fait décent,c lasse moyenne qui de plus ne tend pas à disparaître comme en France.
Enfin vous sortirez l’argument maître » le néo-libéralisme a provoqué la crise, et les Etats-Unis sont sur le déclin »
D’abord les crises économiques sont des événements normaux qui arrive lorsqu’un seuil technologique ou démographique est atteint. Les crises n’ont pas attendu le néo-libéralisme (demandez donc à Philippe Auguste).
Ensuite si oui on peut constater un déclin des Etats-Unis c’est parce qu’une autre puissance fait son apparition.
Cette puissance est extrêmement fragile et bénéficie pour le moment de la force inertielle de son succès économique basé sur l’exploitation de sa population.
Je ne suis pas devin mais il faut attendre une dizaine d’année avant de parler de grande puissance chinoise à mon sens.
De plus les Etats-Unis connaissent en ce moment un débat interne à leur société qui remet en cause certaines valeurs. Cette société est donc moins solidaire qu’auparavant, se cherche même devant l’émergence de la Chine et la crise.
Cependant une nouvelle fois je suis prêt à parier que dans une décennie, la société américaine aura retrouvé son plein dynamisme, son inventivité, sa créativité, grâce à l’ouverture et la souplesse qui sont les siennes.
Je ne pense pas que cela vous convaincra. J’ai été moi aussi à une période socialiste par éducation et il m’a fallu voyager pour voir à quel point ça ne traduit pas la réalité.
Mais à choisir entre une maman poule protectrice mais castratrice et intrusive, et une maman qui me laisse faire mes propres expériences ,sans m’aider à faire sauter la maison ni assommer mes frères et soeurs, pour ensuite me laisser voler de mes propres ailes, je prends la seconde.
Francis,
Même si vous avez beaucoup voyagé, votre vision du néo-libéralisme est encore bien à l’eau de rose, et celle du socialisme bien caricaturale.
Je connais les légendes qui courent sur les pauvres, aux Etats-Unis, bien mieux lotis que nombre de gens de la classe moyenne d’autres pays. Le problème, c’est que c’est faux : en matière de santé, de retraite ou de filet social, nombre de pauvres – et même de classes moyennes – aux Etats-Unis vivent bien plus mal que les plus pauvres de chez nous. Lisez, par exemple, « Mad in USA », de Michel Desmurget, aux éditions Max Milo, vous serez édifié.
Tout en consacrant 15 % de leur PIB à la santé (contre 11 % pour la France), les Etats-Unis laissent néanmoins sur le côté 48 millions de leurs concitoyens (sans compter tous ceux qui sont au-dessus de la marge). Et ne me parlez pas de Medicare et de Medicaid, je sais ce que c’est : du pipi de chat…
En ce qui concerne la société « utopique » que vous évoquez à mon propos, sachez qu’elle a existé et continue d’exister dans les pays d’inspiration social-démocrate. Avant la guerre de 14, les splendeurs de la cour austro-hongroise étaient gagées par la misère noire des ouvriers viennois. Après la guerre, la municipalité austro-marxiste, en taxant lourdement les grandes familles aristocratiques. Ce qui a permis à des milliers de familles de vivre décemment pour la première fois de leur vie.
[Tout en laissant aux riches largement de quoi subsister : s’il faut 200 pour vivre décemment, que quelqu’un gagne 10000 et que vous lui preniez 7000, il lui reste encore 3000, soit 15 fois le niveau moyen : qu’il a-t-il de scandaleux à cela ?]. La preuve que cela marchait bien, c’est que la droite autrichienne l’a écrasé au canon…
Et ça continue : Vienne a toujours une municipalité SPÖ et possède le quart du parc immobilier, ce qui lui permet d’offrir des conditions de vie décentes à des prix très inférieurs à ceux des autres capitales européennes. Tout en continuant à être une ville où s’entassent les riches.
Je n’ai jamais ressenti de totalitarisme dans la société française : j’ai voyagé où j’ai voulu, j’ai voté pour qui je voulais et je me suis abstenu, j’ai pratiqué la religion que je voulais, je me suis installé où je le souhaitais. J’ai eu (et j’ai encore) des revenus du même ordre de grandeur que ceux qui travaillaient – et travaillent encore avec moi. Et pourtant, notre vie n’est ni terne, ni incolore, ni sans inventivité, ni sans dynamisme.
Aucun de nous n’a ni les mêmes loisirs, ni les mêmes goûts, ni les mêmes opinions ni les mêmes centres d’intérêt : chacun, à un moment ou à un autre de sa vie, s’est lancé dans une activité qui le passionne. Cessez de croire que (passé un certain niveau de revenu) le bonheur est fonction du fric !
Pour Israël, vous vous faites aussi des illusions : d’abord, la portion arabe de la population israélienne vit à un niveau bien plus bas que la portion juive. [Je connais l’objection : elle vit mieux que la population des pays arabes. Mais on s’en moque, car c’est la même argutie que celle qui était employée par les partisans de l’apartheid. Que les Noirs d’Afrique du Sud vivaient mieux que ceux de l’Angola. Eux s’en fichaient royalement, car, par rapport à la population blanche, seule comparaison valable, ils vivaient comme des hilotes.
Par ailleurs, même la population juive des classes moyennes a été laminée par la politique néo-libérale des derniers gouvernements. [Et ce n’est pas le délirant budget de la défense qui risque d’y changer quoi que ce soit].
Pour la Chine, n’oubliez pas non plus qu’elle a, du point de vue militaire, défié avec succès les Etats-Unis depuis plusieurs années, sans que ceux-ci trouvent le moyen de riposter…
Nous pourrions discuter encore des heures l’un et l’autre sans pour autant avancer sur la question.
Nous somme tout deux convaincus de notre vision des choses. je pense que la mienne est meilleure et surtout s’appuie sur des faits. Vous devez penser la même chose.
La différence c’est que j’ai moi été élevé dans des valeurs socialistes avant d’en revenir. Peut-être cela vous fera t-il réfléchir je ne sais pas.
En tout cas je vous remercie pour la courtoisie de la discussion c’est toujours agréable et vous souhaite une bonne année 2012
Francis
Pour ma part, j’ai été élevé dans un milieu très à droite, et je continue toujours à vivre dans ce milieu de droite (je suis environné de gens qui lisent Le Figaro et Valeurs actuelles. Que je lis assidûment, et je fréquente beaucoup les sites de droite. Je connais donc, de l’intérieur, tous les arguments et toutes les façons de penser.
Ce dont je m’aperçois, c’est que les éléments sur lesquels vous vous appuyez sont beaucoup plus généraux que les miens. C’est pour cela que je préfèrerais (et que je préfère) discuter sur des sujets précis, comme les retraites ou les impôts ou la distribution des revenus.
Je crois aussi que, sur certaines questions, vous déduisez des inférences erronées.
Personnellement, je ne suis pas pour l’égalité complète, mais j’estime que les écarts de revenus devraient être limités. Un écart de 1 à 12 à partir d’une base de 1500 euros me semblerait très confortable. Le tout étant évidemment complété par une limitation des patrimoines.
Cela n’empièterait absolument pas sur la liberté de chacun, je peux vous le garantir, et ne toucherait que la liberté économique, qui n’est la liberté d’exploiter ses salariés (voire ses clients) à son gré. Sovenez-vous du mot de Lacordaire…
Je regrette de ne pas avoir à proximité une personne telle que vous avec qui discuter de vive voix. Je vous remercie de vos bons voeux et vous retourne les miens.
Peut-être un jour nous rencontrerons nous qui sait? Ce serait un plaisir, une occasion de confronter et faire travailler nos idées.
Juste une petite question, presque absurde j’en conviens, où vous placeriez vous sur la scène politique française actuellement?
Francis
Je ne suis pas inscrit à un parti politique (ni à un syndicat) et ne l’ai d’ailleurs jamais été.
Néanmoins, si je vous disais où, idéologiquement, je me situe, vous vous signeriez trois fois, en me brandissant à la fois un crucifix et une gousse d’ail.
Même dans mon milieu, je passe pour extrémiste, c’est dire…
De nouveau, bonne année 2012 – qui risque de ne pas être facile pour quiconque en France, d’ailleurs. Si vous êtes croyant, priez le Ciel que la guerre n’éclate pas ! Avec le perfectionnement des armements, elle serait terrible.
Les deux précédentes guerres n’ont pas été des coups de tonnerre dans un ciel serein. Celle de 14 est venue après la seconde crise marocaine et les deux guerres balkaniques. Celle de 39 a suivi de peu de mois la fin de la guerre civile espagnole.
Pour des raisons sans doute inverses des vôtres, je ne suis pas satisfait de la société actuelle. Mais, même pour réaliser mes idéaux, je ne souhaite surtout pas qu’on en passe par une guerre. Celle-ci aboutit en effet toujours à des résultats toujours inattendus, et pas toujours heureux, y compris pour les vainqueurs.
ps: on ne développe pas une société en la tirant vers le bas (c’est pour l’égalité dans la pauvreté économique, intellectuelle et morale).